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mercredi , 30 octobre 2024
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Mes enfants au Québec, quatre ans après!

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Plusieurs parents immigrants diront que c’est pour leur progéniture qu’ils acceptent de courber l’échine, de redémarrer leur carrière à zéro, de supporter les préjugés et de vivre en étrangers …même quand ils obtiennent la citoyenneté canadienne. Comme un certain nombre d’immigrants qui ont choisi de faire le grand saut après l’âge de 40 ans, j’avais pris la décision de quitter mon pays d’origine en pensant avant tout à l’intérêt des mes enfants. Sans eux, je ne serais peut être pas ici aujourd’hui. Au pire, la consolation étant, espérais-je, que mes enfants vont s’épanouir dans leur nouveau pays. Mais tout le monde ne voit pas les choses de la même façon!

Un jour, j’avais rencontré un Algérien installé à Québec depuis une dizaine d’années. La quarantaine bien entamée, il venait à peine d’avoir un emploi conforme à sa qualification: un PHD de l’université Laval. Il avait galéré pendant longtemps avant de se voir offrir l’emploi tant espéré et…mérité. Il pouvait enfin envisager son avenir ici sous de meilleurs auspices. Il faut croire que non. Il était en train de préparer son retour dans sa ville natale dans le sud algérien. « Ce n’est pas un pays où tu vas élever quand même ta fille ». Il en avait deux, comme moi. Elles sont nées au Québec. Au contraire, c’est justement un bel endroit pour élever des filles et des enfants en général, lui avais-je répondu. Les hommes et les femmes ont les mêmes droits au Québec. Ici, on n’apprend pas aux filles que leur place naturelle est au foyer. Ni que c’est nécessairement leur maman qui doit leur préparer à manger, s’occuper des tâches ménagères…Qu’est ce qu’il faut souhaiter à ses enfants, garçons ou filles? Qu’ils aillent le plus loin possible dans leurs études, qu’ils exercent plus tard un métier qu’ils auront choisi, qu’ils soient en bonne santé, qu’ils soient heureux dans leur vie… Un certain nombre de pays au monde n’offrent pas encore aux femmes les mêmes possibilités d’épanouissent qu’aux hommes. Ce n’est pas le cas du Québec, heureusement.
Plus de quatre ans après notre arrivée au Québec, je suis plutôt content du cheminement de mes enfants. Pour eux, pas question d’envisager un retour en Algérie…sauf en vacances: leur Sud à eux. Même s’ils ne vont pas renier leurs origines, leur pays c’est ici maintenant. Je sens mes deux adolescentes épanouies. Même si elles peuvent mieux faire, elles sont bonnes à l’école. Ma grande, de 16 ans, s’apprête à franchir un cap en allant dès septembre au Cégep. Ça ne me rajeunit pas, je sais. Comme la plupart des jeunes de son âge, elle travaille en fin de semaine: une dizaine d’heures en moyenne. Au début, j’étais contre. Ma conviction était que les enfants de 14 ou de 15 ans n’ont pas à travailler, qu’ils devraient plutôt se concentrer sur leurs études. La société de consommation à outrance incite les enfants et les jeunes à travailler pour pouvoir se payer toute sorte de gadgets, des voyages et même plus tard leurs études. De là à les voir décrocher de l’école, il n’y qu’un pas que beaucoup de jeunes franchissent, malheureusement. J’ai dû lâcher prise quand j’ai constaté que sa « job » n’avait pas eu d’impact négatif sur ses études.

Je n’ai pas que des filles, j’ai aussi deux garçons. Tous deux au primaire encore. Ils découvrent cette année le Hockey, ont l’occasion de se faire de nouveaux amis et de se sentir comme les enfants d’ici. Le plus jeune a 9 ans. Il y a quatre ans, sa prof avait « décidé » qu’il était hyperactif – comme beaucoup d’enfants au Québec – et qu’il devait prendre du Ritalin. C’est d’elle que j’ai appris l’existence de ce médicament. L’enseignante était très jeune et inexpérimentée. Même si le médecin qui avait examiné mon fils n’était pas très convaincu de la nécessité de ce « traitement », on avait fait un essai de deux mois mais ça n’avait rien changé au « comportement » de mon fils. Cette année, il a changé d’école – pour la deuxième fois – et comme par miracle, tout va pour le mieux. Sa prof actuelle s’est même dite étonnée qu’on parle de problème de comportement dans le cas de mon fils. Allez savoir! Certains parents dénoncent un manque de tolérance vis à vis des enfants – des garçons notamment – qui n’auraient plus le droit d’être actifs, de bouger. C’est mon père qui me disait que c’est quand un enfant est calme, qu’il faut se poser des questions. D’autres mettent en cause, le fait que les enseignants n’ont plus le droit, comme avant, d’imposer leur autorité en classe et auraient tendance à se débarrasser de la gestion des élèves « agitateurs » et en « manque » de concentration.

Plus que les adultes, les enfants ont aussi besoin de se faire des amis. Ma fille ainée a souffert durant la première année de notre arrivée. Elle avait intégré, fin octobre, une classe où il n’y avait aucun autre enfant immigrant. Elle se sentait rejetée, mise en quarantaine. Dieu merci, ces difficultés ne sont pour elle qu’un vague souvenir. Le changement d’école y est sans doute pour beaucoup mais ses efforts d’aller vers ses camarades de classe aussi. Son école actuelle, compte plus d’un tiers d’élèves issus de l’immigration. C’est un autre environnement et avec le temps, elle est devenue une autre fille. Elle a aussi grandi. À sa dernière fête d’anniversaire, elle avait invité une dizaine d’ami(e)s. Si mes enfants ont maintenant aussi des ami(e)s québécois de souche, leurs premiers copains/copines sont tous des enfants de couples mixtes ou immigrants. Les jeunes s’adaptent plus vite que les adultes. C’est connu. Que ce soit les enfants d’immigrants ou ceux d’ici. À condition que les parents soient aussi ouverts. C’est un prof d’Éthique qui me disait la semaine dernière qu’il sentait bien que ma fille a été élevée dans un milieu « laïque », en voyant sa curiosité lorsqu’un Rabin et un moine bouddhiste avaient été invités, en classe, à parler de leurs religions. Ma fille serait tout aussi curieuse face à un curé, un Imam ou un athée.

Oui mes enfants sont heureux ici au Québec. Cependant, cela ne signifie pas que c’est toujours rose. Il y a parfois quelqu’un ou quelque chose qui vient leur rappeler qu’ils ne sont pas tout à fait d’ici. Surtout quand les adultes s’en mêlent…sans doute par ignorance. Des mises en gardes du style « Fais attention mon fils, ma fille. Ces gens là ne sont pas comme nous. Va plutôt jouer avec Marc-André, Maude… », il y en a malheureusement encore. Elles font sans doute écho à d’autres mises en garde ou carrément d’interdictions à peine voilées mais tout aussi minoritaires: « Ne fréquente pas ces filles. Elles ne sont pas bien élevées » ou encore « Ne parle pas aux garçons, ma fille. Ton père ne sera pas content ». Avec le temps, ça s’arrangera sans doute. Ce qui tient de l’ordre de préjugés disparaitra ou s’amenuisera. Il ne suffira alors que de se reconnaitre dans les valeurs de la société québécoise pour que la diversité, la mixité et l’harmonie de plus en plus grande chez les enfants touche aussi les adultes.

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Écrit par
Rayan

C’est à l’âge de 42 ans que Rabah alias Rayan arrive au Québec en octobre 2006 en provenance d’Algérie. Il s’installe avec sa famille dans la ville de Québec puis par la suite à Laval, au nord de Montréal. Rayan travaille dans l’enseignement et écrit depuis 2008 sur le site immigrer.com.

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