De isseo17
Notre immigration, Acte 1 et 2 (Immigrer avec 5 enfants)
Acte 1
L’argument:
Comment passe-t-on d’une vie bien organisée dans un pays somme toute assez sympa, au chao d’une immigration outre Atlantique?
Le décor :
Une petite vie tranquille en France. Enfin, tranquille……Le boulot de Dom nous amène à déménager tous les 4-5 ans les premières années, puis tous les 2-3 ans depuis quelques temps. Cadre de production en entreprise agro-industrielle, le début de sa carrière est fulgurant. Nous voici installés dans une vie sympa. Le salaire augment régulièrement. Notre niveau de vie aussi…..La famille s’agrandie à la grande joie de tous. Bref, tout roule…..
Les personnages :
Marie-Laure et Dominique. Jeune couple de 36 et 38 ans qu’on pourrait trouver dynamique. Tous deux ingénieurs : lui en production, elle en marketing. Puis, elle devient « ingénieur en organisation et en bonheur domestique » (merci Nicolas pour cette expression que j’adore),d’autre pourrait dire « popottiére à plein temps! », à l’arrivée des jumeaux. Suivent encore deux filles et un garçon. Voilà campés les sept protagonistes.
Les costumes : Ils vont du maillot et de la serviette de bain, à la tuque et au mitaines!
Le sujet vous intéresse. Passons à l’histoire :
Imaginez une sournoise dégradation du décor idyllique du début . Dom est de plus en plus stressé dans ses jobs. Plus de responsabilités, moins de moyens, des « peaux de bananes » permanentes, des coupes sombres dans les effectifs et les budgets et la spirale de la perte de confiance en soi et en l’avenir. Difficile de se vendre quand le principal reproche de votre dernier patron est « Vous êtes trop humain! Pas assez killer! » On a beau prendre ça pour un compliment, on se dit que le monde tourne à l’envers.
Alors ressort la vieille idée de départ à l’étranger : et si on faisait un break? Si on profitait de ce temps d’incertitude pour réaliser un vieux rêve : la découverte…..L’Aventure!
Oui, mais voilà : Marie-Laure, elle, elle se sent très bien en France. C’est son pays, elle y a ses amies, sa familles, ses occupations et surtout, surtout, il y a Royan : Sa ville, Sa mer, Sa plage, ses chichi et ses sucettes chaudes…..Bien sûr le stress de Dominique lui pèse, bien sûr les horaires infernaux nuisent à la famille, bien sûr l’avenir qu’on pensait si clair se brouille…..Mais laisser tout ça pour…..quoi? Oui, l’attrait de l’aventure, la fierté de pouvoir dire : « je l’ai fait! », l’ouverture d’esprit des enfants…..Mais quand même!
Dom est de plus en plus accro à son idée : C’est LA solution. Ça devient vital!
Ouhlàlà !pense Marie-Laure, pendant qu’il est dans ses dossiers, dans ses documents, dans ses réunions, il pense moins au stress quotidien. Et puis un jour, on lui proposera un super boulot et il aura passé un bon moment à rêver….
Et un jour vient : le job est là. Le salaire n’est pas mirobolant, mais les conditions sont bonnes. Un énième déménagement, mais bon, on n’est plus à ça prêt!Et là, fini de rêver….Marie-Laure s’aperçoit que ce qui ne devait être qu’un projet lointain est devenu réel….et urgent. La décision est à prendre là, maintenant, tout de suite! On a l’argent, on à les papiers, on a la maison où atterrir (merci Monika et Pascal!). Dom a même déjà des entretiens d’embauches là-bas. Et puis pour lui le choix n’est plus à faire. ….Et Marie-Laure l’aime …. En plus, à force de convaincre famille et amis que « C’est tellement excitant, tellement plus sûr pour l’avenir financier, mieux pour les enfants….. »(elle n’allait quand même pas laisser dire que son homme étai complètement fou….?surtout par ses beaux parents!Non mais!) qu’elle a presque fini par se convaincre elle-même.
Alors, Banco pour le grand saut!
Choix du déménageur, mise en carton (ça ils savent faire!), billets d’avions, dernières formalité administratives, dernière organisation pour le départ. ….Pas assez de stress? on rajoute un voyage en Bosnie, remis depuis trop longtemps, juste la semaine avant le départ!
Tout va bien, tout va vite, tout coule, tout bouge….! Les enfants sont contents : ils vont prendre l’avion après une semaine de fête à droite à gauche. Ça ressemble fort à de l’euphorie familiale!
Quelques larmes, des gorges serrées, et nous voici dans l’avion, après 5 heures d’attente à Roissy (et oui! Il fallait bien une anicroche quelque part! Sinon, où serait l’aventure..?).
J’en ai fini avec l’acte 1!
Si cette histoire vous intéresse, si cette aventure vous met en appétit, je vous donne rendez-vous pour l’acte 2 dans un prochain post! Même endroit…..
Merci à tous ceux qui nous ont suivi jusque là et à bientôt!
Amicalement
isseo17
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Pour tous ceux qui ont lu l’acte 1, Isseo vous présente:
Acte 2
Les personnages restent les mêmes, mais le décor à changer : Nous sommes dans un pays où la campagne se conjugue en rouge, orange, jaune et autre chatoiement des érables d’octobre.
La maison que nous envahissons est à 1h de Montréal. Les enfants ne sont pas prêt d’oublier que le Monsieur qui leur ouvre la porte est un géant barbu, tout droit sorti d’un livre de conte. Il faut dire qu’il est 21h30 heure locale, mais 4h00 du matin pour leurs horloges internes! Marie-Laure se souvient avec une gratitude tout aussi inoubliable des lits faits et des crêpes du petit déjeuner!
Les premiers jours voient alterner les visites des bureaux administratifs et le magasinage des voitures.
Voici un point sur les personnages :
Les enfants;
Ils nous suivent partout : faut-il ou non les inscrire à l’école alors que nous n’allons peut-être rester dans la région que quelques jours? Dom a des entretiens d’embauche à Montréal, Rigaud….et envoie des CV dans la Province entière? Que faire?
Ils essuient tous les sièges de toutes les salles d’attente possibles, profitent au maximum des repas chez Mac Do et Pizza hut, mais commencent sérieusement à tourner en rond.
Les parents :
Ils sont aux premiers abords surpris par les mœurs commerciaux. Ils se heurtent aux manques d’information et même à la « roublardise » de certain vendeurs de voiture (non Québécois, je vous rassurent!).
Marie-Laure est désorientée par les supermarchés où les rayons de céréales sont immenses, mais les rayons yaourts assez succincts! Rien ne la tente et elle a un peu de mal à prendre ses marques. Chaque passage à la caisse donne lieu à des scènes d’incompréhension mutuelle ( qu’est-ce qu’elles vous posent des questions les caissières d’ici!) Ses enfants font un peu la tête devant les nouveautés. Je ne vous dit pas l’humeur!!
Dominique court de rendez-vous en rendez-vous. Il rentre content des contacts pris, mais rien de concret ne se dessine .Quand il ne court pas, il est sur son ordinateur, à rédiger des lettres et des CV à la Québécoise et à les envoyer tout azimut! Il est serein et confiant.
L’attente s’installe!
Au bout de quelques jours, il devient évident que nous ne pouvons pas garder les enfants éternellement. Les écoles sont à deux pas et nous n’avons aucune difficulté pour les inscrire en primaire. Pour le secondaire c’est un peu plus long. L’accueil est formidable de part et d’autre. Les enfants ont l’impression de sortirent d’une bulle! Ils ont enfin des contacts extérieurs et le vocabulaire québécois fait son apparition à la maison!
Dans la même idée d’enfin s’installer, nous louons la maison. Nos meubles sont arrivés et tous retrouvent lits et petites affaires avec plaisir! Nous posons nos valises!
L’attente continue!
Toujours rien du coté Job. Pour au moins deux postes on y a cru très fort, mais : »Vous être trop qualifié. Vous allez vous ennuyer! »
Les boules à l’estomac commencent à se faire sentir, mais ni Marie-Laure, ni Dominique ne veulent faire peser leur inquiétudes aux autres. L’ambiance de la famille reste donc sereine, Dom en profite pour faire visiter les coins qu’il a particulièrement aimés et Marie-Laure peut continuer à décrire le pays avec enthousiasme à la famille restée en France.
Les jours passent.
Noël arrive et avec lui, Mamie! Pour les enfants et pour les parents, c’est la preuve que finalement on n’est pas si loin. Les liens ne sont pas coupés!
C’est la détente. Il est connu que la période des fêtes n’est pas propice à la recherche d’emploi. Fini pour un temps l’attente des mails et des coup de fils. Relax
Marie-Laure se dépatouille pour trouver un repas de fête que tout le monde aime et les promenades reprennent de plus belle : Montréal, Québec, Magog, Sherbrooke, North Hathley….
Mamie repart. Les estomacs se recontractent : il serait temps que les choses bougent! L’argent qui sort sans rentrer, ça va un moment, mais….
Et tout à coup! Tout ce débloque : un entretien pour un poste, qui s’enchaîne sur un autre…..En 24 heures Dom est embauché pour un travail dans ses compétences et pour un salaire qui devrait nous permettre de vivre bien, et surtout, dans la région. OUF !!! On reste là! Fin de l’attente en trois mois moins une semaine!
Dans la foulée, nous achetons une deuxième voiture et nous préparons à acheter une maison.
Tour des banques qui nous ouvrent les bras qu’elles nous avaient fermés il y a 4 mois.
Notre état d’esprit actuel ?
Nous avons clairement l’impression d’avoir gagné un pari un peu fou!
Dom cherchait un boulot stable dans une ambiance confiante et sereine? C’est ce qu’il semble avoir trouvé. Beaucoup d’heures, mais un climat de confiance qui facilite la prise de responsabilité et une reconnaissance du travail bien fait!
Marie-Laure voulait vivre une découverte? On ne peut pas mieux! Facilement intégrée dans la paroisse, elle a déjà beaucoup de contact avec des Québécoises. Son cas suscite des interrogations de bon aloi et lui permet d’engager de sympathiques conversations. Elle voulait une grande maison et enfin de la PLACE. Et là, elle est servie!
Les enfants ne voulaient rien. Ils suivaient leurs curieux parents. Mais les inévitables « C’était mieux en France! J’avais de bons copains! Pourquoi on est partis? » laissent la place aux « C’est le Fun en classe! C’est pas pire le patin!Elle est grande la maison! C’est super les scouts! Ouais!!!Y a encore de la neige! Génial la luge! ». Je pense que c’est de bon augure!
De toute façon, ce qui a renforcé l’enthousiasme familial, c’est l’arrivée de Welcome, notre chiot Terre-Neuve. Nous n’avons jamais cédé en France, faute de place, faute de stabilité aussi.
Welcome devient donc le symbole parfait de notre immigration. Comme les marins terre nova du siècle dernier, il est le lien qui relie la France et le Canada!
Fin (provisoire) de cette aventure!
Tous les acteurs de cette tranche de vie vous remercient de votre attention et souhaitent à tous, immigrants et futurs immigrant beaucoup de bonheur dans leur propre histoire.
Avec toutes mes amitiés
Marie-Laure
isseo17
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