Parrainage, de l’ombre de mon époux à la quête de MOI - Immigrer.com
jeudi , 21 novembre 2024
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Parrainage, de l’ombre de mon époux à la quête de MOI

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Immigrer par parrainage…
De l’ombre de mon époux à la quête de MOI,
Femme intégrée, épanouie et autonome

Selon le site du gouvernement du Canada, parrainer une épouse (mon cas) c’est lui permettre d’immigrer au Canada. Et pour ce faire, vous devez prouver que vous pouvez répondre à ses besoins essentiels comme la nourriture, les vêtements et le logement. Soutenir financièrement le membre de votre famille (toujours moi) et enfin vous assurer que votre épouse (moi) n’aura pas besoin de l’aide financière du gouvernement.

La femme qu’elle soit immigrante ou non est une personne pour qui la sécurité dans tout le sens du mot est primordiale. Immigrer est une action qui crée en vous une insécurité palpable; nouveau monde, nouveaux défis …malgré la présence efficace et le respect des règles citées dans mon introduction par mon époux, l’action d’immigrer pour moi a été comme me mettre sous l’aile protectrice de mon mari québécois et lui faire entièrement confiance. L’insécurité liée au processus baisse d’un cran voire devient quasi inexistante. Cela parce que mon époux me rassure et assure. En effet les besoins de bases sont comblés et ce qui est merveilleux, il n’en fait pas une problématique potentielle à court, moyen et même long terme. Son soucis primordiale est mon intégration humaine en premier lieu. Connaître du nouveau monde, me faire de nouveaux amis, bref faire de mon nouveau pays, son pays à lui, un lieu ou bien me sentir. Et ce fut le cas, j’ai aimé bien vite ma nouvelle vie et ma nouvelle ville, Trois-Rivières.

De petites marches dans le carré du quartier m’ont fait apprécier le calme et le respect des quatre stop par la grande majorité des automobilistes. Notre premier appartement à moins de 400 mètres de l’université sur la rue De courval me permettait de rencontrer plusieurs personnes de couleurs comme moi. C’est tout de même rassurant de voir que je n’étais pas toute seule perdue dans l’isolement complet loin de ma terre natale. De surcroit, la petite épicerie africaine sur le coin de rue m’a mis un petit baume au coeur: wow il y’a de la banane plantain! Oh wow je retrouve un peu de tout… Je ne suis pas difficile en bouffe mais retrouver juste des ingrédients de chez moi m’a fait un bien beau bonheur.

Cette marche dans l’ombre protectrice de mon époux était sécurisante mais très vite la question qu’est-ce que je fais dans mon nouveau pays est vite revenue à la charge. Je fréquentais la maison des familles oui un lieu très intéressant ou je rencontrais avec plaisir de nouvelles mamans comme moi, mères de un à 4 enfants en général et nos discussions dénommées « entre-mères » me permettaient de découvrir tranquillement la société québécoise en dehors de mon ménage.

La première fois que j’ai entendu une de mes collègues dire, « je l’ai fait coucher au sous-sol » en parlant de son mari, j’ai souris intérieurement et je me suis dit en dedans, tu es à la bonne place pour découvrir réellement ta nouvelle société de vie. Les femmes, les enfants sont les meilleurs ambassadeurs du rythme d’une société. Les expressions québécoises, les recettes culinaires, les hobbies des femmes etc…je me suis mise silencieuse, (je veux dire à l’écoute), souriante et serviable à l’école de ma nouvelle société. Je me suis fait de très bonnes amies, qui m’ont offert à souper avec leur maisonnée, on a initié des sorties entre filles, des activités de fin de semaines avec nos enfants…

Commença alors ma quête du MOI. Quelle sera ma première action d’intégration socio-professionnelle? Vais-je retourner aux études? Vais-je travailler?
Maman alors d’un premier enfant, ou le mettrai-je quand ce sera le temps?
Je veux allaiter mon garçon pendant au moins 12 mois voir 18 comme ce fut le cas finalement. Pendant ce temps, l’évaluation comparative de mes études et activités professionnelles hors Québec faites, je savais un petit peu ce qui pouvait s’offrir à moi comme carrière. Bien que mon intention était de repartir en affaires comme je l’étais chez moi. Mais la formule que je développais en Côte d’Ivoire avait-elle des chances de marcher ici? Le doute m’envahit et je n’y croyais pas assez. Je me mets donc à écrire sur un blog créé par mon conjoint et moi-même et dédié aux couples mixtes interculturels comme nous, comment cheminer pour demeurer en amour malgré les différences de tous ordres. Déjà que c’est difficile en couple simplement qu’en est-il lorsque la culture, l’éducation et tout ce que vous savez est très différent. Le blog et les échanges avec mes lecteurs et lectrices de par le monde entier m’absorbent et me font passer l’hiver sans trop de choc.
Je retourne donc à l’université, non en informatique de gestion mais en communication écrite, me procurant ainsi des outils intéressants pour ma passion pour les communications écrites.

Parallèlement, je fais du bénévolat dans une résidence pour personnes âgées en récréalogie, c’est-à-dire que j’aidais à leur moment de loisirs les résidents par des activités et jeux divers. Le responsable de ce service, une personne fort sympathique m’a toute suite montré le sens des responsabilités ici et l’amour d’un choix de carrière; cet homme aimait son travail et c’était fascinant. Une expérience fort enrichissante, qui m’a permis de découvrir un autre groupe de la société, les personnes âgées; discussions enrichissantes, découverte sur l’histoire, la religion, les familles Québécoises…bref une autre page enrichie par mon écoute, ma disponibilité et ma serviabilité.
Chaque emploi que j’ai exercé par la suite avaient pour objectif de découvrir au mieux cette société avant de définitivement choisir ma carrière, celle en arrière de ma tête, reprendre mon « business » et surtout mon autonomie comme chez moi.
J’ai côtoyé la pauvreté affective de certaines personnes âgées dans une autre résidence, au delà de donner les soins de santé et faire un salaire, je me suis imprégnée de la proximité avec les personnes et leur famille. Tu sais quand la mamie te confie qu’elle souhaiterait tellement recevoir la visite de ces enfants et petits enfants qu’elle n’a pas revue depuis un sacré bout de temps…ou encore ce gentil petit vieux qui la première fois te dit: « Tabernacle, je ne me ferais pas toucher par une Noire, alors que tu veux juste lui prendre ses signes vitaux ou encore mieux lui donner des soins d’hygiènes. » J’ai connu ça aussi mais je n’ai pas appelé ça du racisme, j’ai appelé ça l’homme de la génération qui ne connait pas les bienfaits de l’immigration. Puisque quelques mois plus tard, le petit vieux devenait un de mes meilleurs « amis-patients » avant de mourir croyez-le ou non il me légua par ses enfants deux magnifiques oeuvre d’art de grande valeur. Mais que j’ai refusé par éthique professionnelle de bons et loyaux services sans attendre une paie autre que mon salaire.

Un tour dans un café Morgan, une autre expérience Québécoise comme l’employeur potentiel aime les voir dans notre curriculum vitae. Hé oui, là ce fut la gestion des clients de l’humeur la plus agréable du matin à l’humeur la plus grognante et fatiguée du soir en passant par le Québécois le plus québécois par son accent inaudible à mes oreilles et ses sacres faisant office de virgule dans chaque phrase parlée. Au café, j’ai appris la découverte et la manipulation de la simple monnaie locale, l’utilisation des cartes de débit-crédit une pratique pas si évidente qu’on pourrait le croire.

Cette quête du MOI s’est retrouvé ensuite dans le milieu scolaire avec les jeunes par la danse, et oui j’enseigne des ateliers de découvertes culturelles à travers la danse d’expression africaine et autres ateliers découverte à des jeunes dans les écoles et à des adultes dans les centres de loisirs. La danse symbole de ma culture et richesse de laquelle je me suis imprégnée et ai développé à mes temps libres au pays a pris le dessus et le plaisir de l’offrir aux autres est devenu partie prenante de mes activités. J’aime danser et j’aime à le dire, c’est l’activité grâce à laquelle je n’ai pas encore été en réelle thérapie car elle me renouvelle et me permet de m’exprimer, depuis mes émotions les plus troubles aux plus lumineuses et joyeuses. Voilà que se dessinait le premier volet de mon projet d’une éventuelle Case africaine au Québec.

Allais-je reprendre « Elvire-Decor et Services culturelles » ou allais-je lui redonner un autre visage, une autre formule entrepreuneuriale adaptée à ma terre d’accueil.
Je me renseigne auprès de personnes averties du milieu entrepreneurial trifluvien; centre local de l’emploi, innovation et développement économique… et on me parle du cours Lancement d’une entreprise qui me permettrait de mieux réfléchir sur mon modèle d’affaires et surtout être accompagnée dans le processus d’écriture de mon plan d’affaires et de la création de mon entreprise. Je profite donc de mon congé de maternité de mon deuxième enfant pour réfléchir davantage à mon projet. Je me mets à l’écrire et mieux encore à faire une étude de marché concrète auprès de mes amis et connaissances; les cours sont offerts dans des salles privées que je loue, les confections sont faites en cadeau pour les fêtes d’amis, les accessoires déco sont proposés à des connaissances qui organisent des événements etc…
Je veux alors ouvrir « une case africaine au Québec » pour centraliser tout cela; ce serait un lieu de découverte de l’Afrique à travers plusieurs activités regroupées sous trois volets: le loisir, la découverte et la culture. On pourrait donc danser, apprendre des instruments populaires africains comme les percussions, on pourrait découvrir la mode afro-exotique par les vêtements et autres accessoires connexes, faire connaître les façons de célébrer en Afrique par des spectacles, fêtes etc…et je résumais tout cela par la devise: un réel voyage en Afrique en demeurant en sol québécois. Et l’entreprise devra s’appeler Casafriq: La Case africaine du Québec.

Ce fut le début de ma quête réelle de MOI. La sortie de l’ombre de mon époux; j’allais mordre la poussière, me frotter à des réussites et à des échecs, me faire accepter ou refuser par des tiers, ne pas me faire comprendre ou simplement ne pas comprendre certaines attitudes de mon entourage immédiat ou lointain. Et le nul n’est prophète chez soit allait prendre tout son sens; certains Africains en effet, partenaires potentiels dans la réalisation de ce projet me disent pour certains: « Je ne suis pas venus au Canada pour danser »lorsque je les invite à intégrer ma troupe de danse ou encore la meilleure: « Moi travailler pour une compatriote afro, pas question! ». Je m’abstiendrai de détails d’abandon de proches face à la difficultés et à la dureté du travail car je ne vous le cacherai pas, démarrer une entreprise du style de Casafriq ici en région dans un des quartiers les moins nantis, c’est rude et exigeant, c’est difficile! « Mon masochisme » pour mon projet a éloigné de moi des amies pour mon manque de temps à leur consacrer, des proches parce que ma rigueur personnelle a été perçue comme de l’autoritarisme pour lequel elles n’avaient que faire dans un pays de liberté et de libre expression comme le Canada. Bref, laissons faire ces détails qui finalement contribuent à me faire grandir humainement et comme dirait l’autre: « Merci à vous tous qui avez refusé de m’aider, grâce à vous j’ai appris à le faire par moi-même et ça m’a apporté un plus! »

Je suis une immigrante et j’ai beau avoir un époux québécois pure laine, mon intégration socio-professionnelle je dois la faire par moi-même. Il pourra me dire chérie, tu es brillante, tu es capable etc…ça prend tout cela pour recharger certes les batteries du coeur et du corps. Mais dans mon esprit, dans mon cheminement, j’ai compris que je devais me réveiller et mener des actions concrètes pour réaliser mes rêves. Je suis encore au début de ce processus et je me considère encore à l’école de la vie entrepreneuriale ici en région. Je me donne des alliés aux convictions inébranlables comme moi, je me fais accompagner de personnes qui ont les mêmes valeurs que moi et en qui j’ai confiance, j’observe, je suis ouverte aux autres, je ne me prends pas pour une autre. Je suis moi, pour me faire entendre, je n’ai pas besoin de le faire coucher au sous-sol, j’ai assez d’assurance pour savoir que mes choix définiront toujours mon lendemain…alors je les mûris. La leçon la plus évidente qui guide mes pas ici au Québec, c’est l’A.C.T.I.O.N!
Rien ne me sera acquis avec uniquement des idées, ou couchée dans le sofa à me limer les ongles et attendre un miracle de facilité.
Merci la vie, merci l’immigration, tout un processus empreint de montagnes russes d’émotions, de difficultés et d’une envie de retourner certaines fois chez soi; mais Dieu, que tout cela fait grandir et découvrir la vie, l’humilité, la découverte de l’Amour vrai.

Si j’ai un conseil à donner aux parrains, époux ou épouse qui contribuez à faire venir votre douce moitié chez vous, n’essayer pas de le/la retenir sous votre ail. Laissez-la explorer de par elle-même les opportunités. Laissez-la prendre des risques. Vous pouvez lui mettre de l’air dans les voiles avec votre amour, votre soutien, votre présence mais n’essayez aucunement d’avoir votre « chose » au mieux votre « bien » près de vous. C’est une personne libre comme vous qui réagira de la même façon que vous, si vous lui caressez la joue ou si vous lui donnez une gifle. Ce n’est surtout pas un enfant pour faire ses choix à sa place, faites-lui confiance et laissez son audace guider son intégration. Et en tout temps soyez simplement là!
Et vous le/la parrainée, c’est bien beau être sous l’aile rassurante du parrain mais bâtis ton chemin, lève-toi et pars t’informer, rencontre des personnes, fais des téléphones, prends l’autobus, marche, partage tes projets aux autres, découvre et ne crois jamais que ton rêve est trop ambitieux ou trop grand, justement faut-il rêver touchez la lune et lorsque tu la manques tu pourras peut-être attraper une étoile. Et puis tu sais quoi, en Amérique du Nord, le bon moment c’est maintenant! Même avec un nouveau-né attaché dans ton écharpe.

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Écrit par
Elvire

Originaire d'Abidjan en Côte d'Ivoire, Elvire a débarqué au Québec en 2007 par les voies du parrainage (regroupement familial). Cette immigrante d'Afrique de l'ouest s'est mariée à un Québécois de souche et vit dans la région de la Mauricie, dans la ville de Trois-Rivières avec ces trois enfants. Femme d'action, elle nous parle de parrainage, de l'Afrique au Québec et aussi d'entrepreneuriat.

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