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mercredi , 30 octobre 2024
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Petite chronique de rentrée… Ben…

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Petite chronique de rentrée….

Ben oui, ça y est…. Une nouvelle année scolaire vient de commencer, et les autobus ont repris leurs tournées infernales. Je les observe à la fois avec envie et nostalgie. D’abord, j’aurais donné cher pour que l’autobus scolaire de mon enfance soit aussi joli. Pensez-donc ! Jaune !! Et puis ils représentent l’insouciance de la jeunesse, les potins de gamines, les devoirs à faire, les lignes à copier, les premiers amours, les genoux écorchés, le cartable trop lourd….
D’un autre côté, je me rappelle que je n’ai jamais vraiment aimé l’école. J’ai toujours voulu griller les étapes, être plus vieille que ma grand-mère. Alors je n’avais qu’une hâte, celle de quitter les bancs de bois pour aller gagner ma vie, et être libre (pour moi, cela allait de paire).
Mais à présent, et même si je suis heureuse de mon sort, j’échangerai bien parfois mon relevé de compte en banque contre un bulletin scolaire…. en moins flippant.
Mais il faut s’y faire. Dorénavant, mon rôle se cantonne à celui de la grande sœur dans ma famille adoptive québécoise.
– Mais non Claude-Anne, ça va pas le bleu du pantalon, avec le bleu de la ceinture et le bleu de la chemise…. T’as pas d’autres couleurs ?
– Bon, là, c’est mieux. Mais c’est vraiment obligé la couche de maquillage ? Alexandre ne va pas te reconnaître….
(moue boudeuse à l’annonce du prénom sensé rester secret)

Rassurez-vous, je ne vous ferai pas une chronique sur la vie scolaire au Québec, vu que ma compétence en la matière se résume pour le moment à payer chaque année les taxes du même nom, même si je n’ai pas encore d’enfant. Après ces considérations toutes personnelles, je vous laisserai donc tranquille avec cette question.

Je voudrais maintenant revenir sur un sujet qui, à mon avis, est assez révélateur de l’immigration en région. Si vous êtes des lecteurs assidus de mes chroniques, vous savez que j’ai déménagé le 1er juillet. J’habite maintenant dans un village qui compte environ 3 000 habitants, et qui se situe à 15 kilomètres au nord de Mont-Laurier. Et bien figurez-vous que lorsque je suis allée me présenter à nouveaux mes voisins, tout le monde me connaissait déjà…. Mon voisin d’en face a même dit en me voyant : « Ah ! C’est toi ! ». En deux jours, tout le village était au courant qu’une française avait acheté la maison de Patrice Sirard, qui l’avait hérité de son père, qui lui-même l’avait acheté à la famille Corbeil, chez qui la patronne de la caisse populaire allait garder les enfants quand elle était petite. Au vu de ces références incontestables, tout le monde est donc aux petits soins pour moi…. Ma vie n’a plus de secret pour personne. On connaît mon nom, des inconnus me disent bonjour dans les magasins avec un grand sourire, on sait à quelle heure je sors et avec qui, mes voisins s’inquiètent lorsque j’oublie de sortir mes poubelles le jour J et le font à ma place.
Ayant habité toute ma vie dans un petit village (je mets à part mes 6 ans de vie parisienne….), tout cela m’est familier, et ne me dérange pas outre mesure. De toute façon, vu que je n’ai rien à cacher, je ne vois pas pourquoi je m’en formaliserais.
Mais soyez prévenus ! Si vous êtes habitués aux grandes villes et que vous appréciez leur anonymat, abstenez-vous de venir vivre en région, ou alors choisissez une ville d’au moins 100 000 habitants ! Même à Mont-Laurier, qui compte environ 8 000 habitants, on salue parfois dans la rue « la petite française, nouvelle journaliste de l’Echo de la Lièvre ».

Permettez-moi maintenant de faire un petit retour sur l’été qui s’achève, incroyablement beau et chaud. Oui, Sophie, je sais ce que c’est qu’un climat continental ! Mais malgré tout, on peut parfois se demander comment un pays si froid l’hiver peut être si chaud l’été. Des températures de plus de 30°, un taux d’humidité qui vous envoie sous la douche deux fois par jour, un soleil qui tape comme jamais…. Je comprends maintenant pourquoi la piscine privée n’est plus forcément un luxe, ou pourquoi tant de maisons sont construites au bord des lacs.
Niveau boulot, le mois de juillet ne m’a laissé aucun répit. J’ai eu des clients à la pelle, alors que je n’avais fait quasiment aucune publicité. Il faut dire que la moitié des québécois prennent leurs vacances pendant les deux semaines de la construction, qui se situent vers la fin du mois.
En revanche, le mois d’août a été particulièrement calme, limite inquiétant…. Les gens d’ici m’ont trouvé une explication toute simple : quand il fait trop froid, les gens ne sortent pas, et quand il fait trop chaud, ils ne sortent pas non plus. Intéressant…. Le québécois serait donc une espèce pantouflarde, sauf lorsque les conditions météorologiques sont parfaites. Ca ne va pas arranger mes affaires. Je prévois donc une opération publicitaire coup de poing pour la rentrée, en espérant une reprise de mes activités équestres avec l’arrivée des couleurs.

Seul avantage de ce mois d’août passé à ne rien faire ou presque, j’ai pu profiter au maximum de la présence de mon copain, qui avait décidé de traverser l’atlantique pour venir voir sa p’tite Bouh. Evidemment, ici, il s’est fait repérer en deux secondes. Notre histoire a fait le tour du village, et on a du lui demander au moins 5 ou 6 fois s’il comptait un jour venir vivre ici. Quelle pression !
Son séjour est passé en un éclair, et c’est le cœur en berne que je l’ai ramené à l’aéroport la semaine dernière. Je me console comme je peux en me remémorant les raisons qui m’ont fait venir ici, et en pensant au mois de novembre, lorsque pour la deuxième fois en moins d’un an, je reprendrai le chemin de la France pour un petit séjour. Sur le chemin du retour, pendant que je rumine ma solitude, voilà que ma voiture me lâche. Paf ! Comme ça, en plein milieu de nulle part, à 8 heures du soir, à 80 kilomètres de chez moi. Et là, c’est marrant, mais je n’arrive plus à me souvenir pourquoi j’ai voulu venir au Québec…. Je hulule un appel aux chevreuils et aux écureuils, qui me répondent qu’ils n’ont pas passé leur brevet de mécanicien. Alors je sors ma lampe de poche, j’ouvre le capot, et je constate impuissante que ça fume de partout….
Un chevreuil plus compatissant que les autres me fait remarquer que pas très loin de l’endroit où je me trouve, il y a une maison (la seule à 5 kilomètres à la ronde me dit-il), et qu’elle est éclairée. Sans hésitation, je me dirige vers la lumière de l’espoir. Les gens sont très gentils (A y est ! Je me rappelle ! Pourquoi le Québec….). Le monsieur plonge son nez dans le moteur, et au bout de 5 minutes, le verdict tombe : plus de liquide de refroidissement, fuite quelque part, moteur peut-être serré, voiture sans doute pétée. Je dois donc remorquer mon tas de boue sur 80 kilomètres.
Le premier moment de découragement passé, je me rappelle tout à coup que lorsque j’avais acheté ma voiture chez Encans H Grégoire, j’avais pris une garantie complémentaire avec Easy Care, assortie d’un service de dépannage 24h.
Confiante, je compose le numéro d’Easy Care : 1 800 AU SECOURS ! Etonnement, me voici en ligne avec un états-uniens, qui ne parle pas un mot de français. Bon. On parle anglais. Il ne peut rien faire pour moi. Je lui demande de me transférer à leur succursale québécoise, vu que c’est plutôt par là-bas que je me trouve. Un moment d’attente, et me voici en ligne avec une nunuche (encore anglophone), qui me dit ne rien connaître d’Easy Care, et que dans ce cas, elle ne peut absolument rien faire pour moi. Intéressant….
Les gentils québécois que j’ai dérangé me disent de laisser tomber, et qu’on va appeler Tintin qui habite par iccitte, que c’t un bon gars, et qu’il doit être rentré de son anniversaire de mariage à c’te heure.
30 minutes plus tard, me voici en compagnie de « Tintin », traînant ma Kia, ruminant non plus ma solitude, mais le coût d’une telle opération. Je fulmine contre les Kia, je fulmine contre Easy Care et je fulmine contre Tintin, qui aurait pu me faire un prix, vu qu’il est le mari de la sœur de la femme du voisin à Mario (Et voici la preuve que tout le monde se connaît, dans un rayon d’au moins 80 kilomètres).
Au moment où j’écris cette chronique, je suis plus sereine. Tintin a été très sympa avec moi finalement, ma Kia n’est pas complètement cassée, la réparation ne me coûtera pas trop cher, et j’ai réussi à obtenir l’accord d’un remboursement du remorquage par Easy Care, après un long combat de trois jours (encore en anglais, inadmissible lorsqu’on presse la touche 2 pour se faire « aider » en français).
Bon. Je vous fais pas un dessin sur pourquoi je vous raconte tout ça : n’allez pas chez H Grégoire, n’achetez pas un Kia, et ne faites pas affaire avec Easy Care. C’est pas pour rien que tout le monde a un GMC ou une Mazda avec un autocollant CAA au cul.

Pour achever cette petite chronique, laissez-moi revenir sur le sujet de la vie culturelle en région. Je vous avais dit que j’étais restée stupéfaite de la qualité et de la diversité des évènements culturels dans des villes qui ne dépassent pas quelques centaines d’habitants. Pour enfoncer le clou un peu plus, il y a actuellement à Mont-Laurier (bon, là, oui, je l’avoue, la ville compte à peu près 8 000 habitants) un festival international de théâtre. Allons bon, allez-vous me dire…. Que peut bien avoir d’international un festival de théâtre qui a lieu dans une ville perdue dans l’griiin nord. Au mieux, il y a une troupe française venue voir ses cousins du Québec, et peut-être une troupe Etats-unienne, vu qu’ils ne sont pas bien loin.

Et bien détrompez-vous ! Cette année, 15 pays sont présents. La France, bien sûr, mais aussi la Belgique, l’Italie, la Mongolie, l’Allemagne, le Sénégal, la Colombie, le Mexique, la Roumanie, la Pologne, l’Ukraine, et j’en oublie. En une semaine, il y a 23 représentations, réparties sur 3 grandes salles de la ville. Au niveau du style, cela va de la comédie au drame, en passant par la comédie musicale, la farce comique ou le spectacle de danse. Classique ou moderne, encore une fois, il y en a pour tous les goûts. En tant que journaliste, j’ai assisté pour le moment à deux pièces. Je peux vous assurer que c’était carrément époustouflant ! Les costumes, les accessoires, les décors, le jeu des acteurs, tout est de très grande qualité. La Mongolie, qui a réussi à attirer 450 personnes, a complètement subjugué les spectateurs, qui ont fini la soirée debout sur leurs sièges en applaudissant à tout rompre.

Mais ce que j’apprécie le plus, c’est que ce genre d’évènement reste à la portée de toutes les bourses. Le prix le plus élevé (celui que tu payes quand tu n’as pas encore 10 enfants, que tu n’es plus aux études mais pas encore dans une chaise roulante….), plafonne à 10$…
Alors la culture pour tous…. C’est peut-être aussi en région que ça se passe ?

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