Déjà 4 ans que nous avons réalisé notre rêve… Incroyable comme le temps passe vite quand on se sent bien. Que vous dire pour vous expliquer à quel point j’aime le Québec et à quel point je n’ai aucun regrets malgré ce que j’ai vécu récemment?
Tout d’abord, nous nous sommes installés en 2012 avec mon mari et notre fille de 2 ans. Différents emplois pour moi car malgré mon master 2 en droit, je ne trouvais pas d’emploi, j’avais donc décidé de repartir à zéro, et c’est ce que j’ai fait. Aujourd’hui, je travaille dans un bureau de notaires, j’apprécie beaucoup les gens avec qui je travaille, ce qui est primordial pour moi. Pas de jalousie, pas de regards en coin, pas de jugement et une confiance réciproque à toutes épreuves.
La vie ne m’a pas épargnée récemment mais il est pour moi inconcevable de rentrer en France. J’y ai pensé une fois ou deux quand mon mari, l’homme de ma vie, a commencé à avoir des maux de ventres et que les médecins, les excellents spécialistes qui le soignaient, ne semblaient pas trouver son mal. Puis la situation a très vite empiré. Et s’il est vrai que la bobologie est au Québec difficile à traiter, quand vous avez quelque chose de grave, tout le système se met en place pour vous.
En l’occurrence, on nous annonce à la mi-mai, soit après 4 mois de spéculations, 3 spécialistes circonspects et des examens répétitifs, que mon homme a un cancer de l’estomac incurable et qu’on peut espérer 2 ans grand maximum. Notre deuxième fille venait d’avoir 9 mois. Alors après avoir pleuré plusieurs heures dans la chambre à essayer de comprendre ce qui nous arrivait, nous avons pris la décision de profiter au maximum du temps qui allait nous rester et d’être reconnaissants à la vie de nous prévenir avec un peu d’avance de ce qui allait arriver inévitablement. Mais même si mon homme acceptait quand même bien le pronostic de 2 ans, j’ai été longtemps dans le déni et de lui répondre » Impossible, avec tout l’amour que tu vas recevoir, tu vas exploser les statistiques, 2 ans, c’est trop peu, ce n’est pas possible, les filles ont trop besoin de toi et je ne suis pas capable de vivre sans toi ». Car même si on me dit toujours que j’ai l’air beaucoup plus jeune que mon âge, nous formions un couple uni depuis 17 ans, nous avions vécu des deuils, des déceptions, des surprises, une immigration, une maison à nous, une naissance en France puis au Québec et bien d’autres choses.
Commence donc la prise en charge du cancer, du maudit cancer avec lequel on avait décidé de se battre. Les rdv de chimio, l’infirmière pivot qui fait le relai avec la nutritionniste, la psy, le médecin de famille, le pharmacien et les spécialistes. Tout ceci sans débourser le moindre dollar, car oui, tout est pris en charge. Puis ne voyant rien évoluer et après une perte de poids de plus de 40 kg, l’un des spécialistes nous annonce attristé que c’est foudroyant et que la chimio n’a absolument pas l’effet escompté.
Vient une période de turbulences émotionnelles intense, entre peur, colère, tristesse et désarroi total. Mais quand le voisin vous propose de tondre la pelouse, que la gardienne ne veut plus être payée et va chercher votre deuxième fille à l’école pour que vous puissiez rester plus tard à l’hôpital, que votre patron vous propose de ne plus travailler mais en étant rémunérée quand même, que vos amis se relaient pour vous préparer des petits plats et s’occupent des réparations de votre auto, et que votre notaire se déplace à l’hôpital en urgence pour que vous ayez le temps de signer un testament et un mandat en cas d’inaptitude, ça aide beaucoup. J’étais bouleversée de tant de bonnes intentions de gens que je connaissait parfois à peine mais qui voulaient m’aider de leur mieux, Car c’est ça le Québec! de l’entraide, de la compassion, de la confiance et de l’amitié..
Il est donc parti un mois à peine après avoir commencé la chimio.
Alors après avoir choisi le cercueil, après que la maison funéraire se soit occupé des demandes de prestations, après avoir pu célébré la cérémonie le jour de mon choix malgré le congé férié, après avoir annoncé à ma fille que les médecins n’avaient pas réussi à soigner son papa, j’ai commencé la paperasse, soit assurance vie sur le prêt hypothécaire, sur son auto, comptes bancaires, abonnements, carte de crédit et autres…mise en vente de la maison, et offre d’achat signée après 3 jours, achat d’une nouvelle maison proches de toutes les commodités, car seule avec 2 enfants, la campagne ne me convenait plus et ce avant même d’avoir signé la vente de la première vente. Six semaines après mon hypothèque était entièrement soldée par l’assureur, ensuite son employeur m’appelle pour me dire qu’il m’envoie des formulaires d’assurance collective à remplir pour les filles et moi, et 2 semaines plus tard, un autre chèque arrive, là, je m’écroule. C’est trop, je n’ai jamais été intéressée par l’argent et j’ai l’impression d’en gagner sur la mort de l’homme de ma vie et c’est insupportable. Et puis, j’ai décidé de voir ça comme une protection que l’on prend lorsqu’on signe un contrat. Si j’étais décédée, les choses auraient été les mêmes. En recevant cet argent, je me dis maintenant que c’est sa manière de faire ce qu’il a fait toute sa vie, soit protéger sa famille. L’argent est placé, j’ai moi-même demandé à ce que je puisse pas le retirer avant plusieurs années, j’ai cependant fait une petite folie en partant 3 jours à New-York, l’une des nombreuses villes que nous avions prévu de visiter ensemble Car si la vie m’a donné une leçon, c’est certainement de ne pas remettre à plus tard ce qui nous tient vraiment à coeur.
Le Québec m’a beaucoup donné, beaucoup appris, beaucoup aidé et je sais maintenant que ma place est ici.
Merci de m’avoir lue…
Autres billets de Christina
- 6 ans au Québec – 10 janvier 2018
- Mon expérience du licenciement – 11 juin 2014
- Bilan 2 ans après – 18 mars 2014
Bonjour Madame,
Mes félicitations.
Belle expérience de vie.
Fidèle à votre choix pour la simplicité.
Avec toute ma GRATITUDE.
Merci le QUÉBEC.
BONNE CONTINUATION.
Sincères condoléances; Bonne continuité pour une meilleure vie au Québec avec vos enfants.
Toutes mes condoléances. Très belle leçon de vie. Cette histoire vient conforter tout le bien que je pensais de ce pays que j’aime bien le Canada.
Bonjour, toutes mes sincères condoléances à toute votre famille. Mais je vous admire pour votre courage, votre persévérance et surtout votre force. Moi aussi je me prépare pour une nouvelle vie au québec et votre témoignage me donne encore plus de force pour surmonter toutes les épreuves qui se dresse devant mon projet. Je compte bien réussir à me construire une nouvelle vie avec ma petite fille et ce au québec. Merci pour tous.
Bonjour Christina. Je suis très touchée par votre témoignage. Pour avoir vécu le départ de mon mari aussi et avoir du faire face avec mes 3 enfants, mais en France. 2 ans très difficiles avant de pouvoir souffler financièrement et un procès à une compagnie d’assurance. J’ai été entourée par des gens magnifiques en France mais la société est elle très difficile. Vous avez raison de poster un si beau message sur la société québécoise que j’adore pour y avoir étudié et avoir des amis incroyables.
Je vous souhaite beaucoup de bonheur avec vos filles
Très beau témoignage Christina !
Beaucoup de bonheur à vous…
Toutes mes condoléances et tout mon soutien…car je reconnais mon histoire à quelques petits détails près et que je vis en France. Voilà bientôt 11 ans que mon mari est décédé me laissant avec notre fille qui venait d’avoir 2 ans. Vos enfants vous obligeront à aller de l’avant ; à ne jamais baisser les bras même dans les moments difficiles. Votre mari vous donne tout le courage nécessaire et sa protection d’où il est. C’est certain. Comme je dis toujours : accepter son destin permet de mieux vivre. Courage à vous.
Toute mes condoléances Christina… Ce message m’a ému, j’aimerai vous apporter tout le soutien nécessaire si je le pouvais …
Je vous souhaite tout le courage et la force nécessaire pour surmonter ces épreuves de la vie et pour vous occuper de vos deux filles avec sagesse et joie de vivre malgré tout…
Maxime
Votre message est vraiment magnifique…Quelle belle image vous donnez de la solidarité québécoise, c’est touchant !
Bon courage à vous et à vos petites filles…
Les larmes aux yeux de lire votre texte. Merci pour votre témoignage poignant et belle nouvelle route à construire!
Mes sympathies , sa me touche tellement , merci d’avoir partager?
Bonjour
Je suis tombé sur votre site en cherchant des informations sur l installation au Québec .
Je souhaitais vous presenter Mes condoléances tout d abord et vous souhaitez bien du courage .
Votre récit m à mis les larmes aux yeux .
Force à vous
…quelle tristesse…mais quelle grandeur!
…la Vie est comme un livre, on ouvre la page, et on dévore l’histoire…le mot FIN arrive parfois trop vite, car l’histoire était trop belle…et on referme le bouquin avec regret…mais la Vie continue…
Mais quelle magnifique leçon de courage vous nous avez donné au travers de ce récit…vous forcez l’admiration..
Mes quelques mots se noieront dans le flot d’hommages que vous avez reçu…et que vous recevrez…mais j’avais à cœur de vous les dire!…
Sans se connaitre, vous resterez, à jamais, gravée quelque part au fond de mon cœur!
Vivez pour les Enfants, vivez pour Vous…je suis sûr que du haut de son nuage, assis les pieds dans le vide, il vous regarde et veille sur toute sa petite famille…et vous dit:
« Vis ta Vie, la tienne ne s’arrête pas là…encore tellement de choses devant! »
Charlebois dit tout dans sa chanson « ne pleure pas si tu m’aimes »…
Show must go on…
Votre histoire m’a beaucoup touchée.
Toutes mes condoléances, et je vous envoie pleins de force à vous et vos filles.
Tellement triste et beau à la fois …
Je vous envoie beaucoup d’amour et de force
Les enfants nous portent dans ces moments difficiles et sont le prolongement de leur papa et de vous
La vie continue et ces cadeaux du ciel sont sa protection ; il soutient d’où il est …