Je reviens sur ce forum 5 ans après l’avoir abandonné. Entre temps, je me suis marié. Le projet canadien ne s’est jamais fait. À l’époque, j’avais déjà quelques doutes : est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? Les démarches, très fastidieuses… la météo, le système de santé, le fait de savoir si l’économie canadienne allait se maintenir ou non, la crainte aussi d’être à jamais « le français », même une fois la citoyenneté acquise.
Mais cela n’a pas arrêté notre soif de découverte. Nous sommes partis en Estonie, en service volontaire européen. Nous voulions découvrir quelque chose d’à part, de radicalement différent.
Nous avons pris une très bonne décision
Puis désireux de poursuivre cette expérience, nous avons trouvé un emploi en Irlande, sur la côte ouest. Nous y avons vécu de belles années. Et nous sommes rentrés. J’ai adoré l’Irlande, mais au fil des années ce que je redoutais avec le Canada s’est produit sur l’ile : une lassitude, le sentiment qu’au-delà du moment où « tout est beau tout est rose » on voit aussi la réalité en face, on cesse d’idéaliser, de projeter des choses un peu délirantes, excessives, la météo un peu difficile, l’éloignement de certains proches même si dans ce cas précis il était corrigible en 2 heures de vol. J’ai adoré, j’y ai gardé de belles amitiés, des rencontres, la nostalgie profonde de certains lieux. Mais je crois que nous avons pris une très bonne décision. Je pense aussi avec le recul, je le pressentais d’ailleurs quand je songeais au Canada, que je ne souhaitais au fond que « quitter » des problèmes qui m’ont suivi. C’est, je l’avais lu, un écueil fréquent. Fuir une famille envahissante, vouloir s’extraire d’une région ennuyeuse…
Le Canada n’a rien de plus à offrir que la France
Finalement, nous avions donc simplement pris la décision de rentrer, mais pas dans notre Bourgogne d’origine… nous vivons en Haute-Savoie, entre montagnes et lacs. Elle bosse en Suisse, avec le (très) bon salaire qui sont ceux proposés dans la Confédération. Je bosse en Haute-Savoie, dans mon secteur. Nous avons trouvé là un équilibre de vie, un grand confort aussi via l’aspect frontalier (comme des dizaines de milliers de français). L’élection de Macron me redonne un peu espoir pour la suite. On verra. Je n’ai pas de regrets. J’avais peur à 30 balais de me retrouver comme beaucoup de mes amis, le bec dans l’eau, à avoir claqué tout notre argent pour rien. J’ai vécu l’aventure. Je pense aujourd’hui que le Canada n’a rien de plus à offrir que la France… en tout cas, qu’il n’est pas fait pour MOI. C’est très personnel, et donc hautement subjectif !
Si c’était à refaire, je ne changerai pas grand chose. L’avantage de l’UE c’est que l’on peut vivre l’expatriation sans démarches très fastidieuses et coûteuses, en pouvant revenir assez simplement (pas d’investissement majeur au préalable). Je comprends totalement ceux qui l’ont fait. Mais j’ai aussi des connaissances qui sont revenues… jusqu’à 35 ans plus tard, pour une dame que mes parents connaissent (elle vivait dans le Nevada). Seul regret : on a qu’une vie pour tout vivre, tout découvrir… !!!
Si vous avez envie de partir, PARTEZ ABSOLUMENT
J’oubliais l’essentiel : si vous avez envie de partir, PARTEZ ABSOLUMENT. C’est ce que j’en retire. Car les expériences, même « avortées, sont géniales, nous font grandir, avancer, nous donnent des souvenirs, nous permettent de mieux nous connaître, de nous débrouiller dans des situations improbables, de voir aussi qu’un autre monde « existe » au-delà de celui qui nous a vu naître avec ses codes, sa façon de penser, etc. Je n’ai jamais autant compris la France que via nos deux expatriations passées, qui nous ont permis de poser un regard plus apaisé, plus serein, sur les avantages et inconvénients de ce pays, si je puis le dire ainsi.
Mais surtout : partez. Cette découverte ne peut être QUE personnelle, intime. Il y aura des moments de grandes difficultés et des moments de grandes joies. Où que vous partiez nul ne vous attendra mais… ça vaut le coup d’essayer, de se créer ces moments d’éternité que procurent la découverte, c’est un sentiment grisant que de se réinventer.
Bonne continuation à toutes et à tous.
D’après le texte original publié dans le forum.
Je me suis permis de partager cet article sur ma page FB les carnets de voyage des Baron. En effet, je trouve que ce que vous écrivez est très intéressant pour des personnes en quête d’infos pour « partir ». Nous avons passé 13 ans au Québec pour suivre enfants et petits-enfants, mais nous sommes en train de revenir en France, le « paradis où les gens se croient en enfer » selon un journaliste dont je ne me souviens plus du nom (mais c’est tout à fait vrai à mon avis). Merci de cette exposition des faits très intelligente, ne pas se faire d’illusions et laisser ses besoins s’exprimer, c’est tout à fait réaliste. Je souhaite que de nombreuses personnes vous lisent. Bonne chance pour la suite.
Bonjour,
Je commenterai votre phrase « le paradis où les gens se croient en enfer ». Juste phrase. En effet la France est un des pays les plus aboutis du monde, mais pourquoi les gens pensent quand même que c’est l’enfer? La France a ses défauts (qui n’en a pas). Le pays idéal n’existe pas. Mais qu’est ce qui poussent les Français à penser ca? Je pense le savoir: La médiocrité de nos dirigeants.
Le Canada est un pays apaisé. Contrairement à la France ou la colère est présente. Probablement ce chômage à 10% en est la cause. Ce discours de plus en plus présent des politiciens qui sème la haine. Mais bien sûr que la France est un pays ou beaucoup de gens rêvent d’y habiter. La technologie, la médecine, le système social, l’éducation, le vin, la nourriture…etc. Peut être certains ont juste envie de vivre dans un environnement apaisé? Peut être que ca va changer avec l’équipe Macaron, ou les députés pour la plupart sont des gens nouveaux, peut être qu’ils vont s’inspirer des politiciens canadiens ou l’Amour et le Progrès guide le pays et se débarrasser de la médiocrité et la haine au fond de l’océan….
ou peut être que le CAnada a toujours fermé les yeux sur ses problèmes? Le fait d’être un immense pays avec peu de gens permet de fermer les yeux sur les problèmes des autres, ceux qui ne sont pas collés à nous… mais il va bien falloir que le Canada se mette en face de ses démons et des maux qu’il a fait et qui le hantent maintenant…
Bonjour,
Texte très intéressant ! Nous, nous avons tenté l’expérience Canadienne. Elle ne fut pas « mauvaise » (si on met de côté le volume d’argent dépensé), mais en tout cas elle nous a permis d’avoir un regard extérieur sur la France, tout en ayant un même regard objectif sur le Canada, et c’est bien content que nous sommes rentrés en France il y a 2 ans.
Vous n’êtes pas partit au Canada d’accord, mais ce site s’appelle immigrer.com donc ça marche aussi ^^