En guise de présentation je vais vous conter mon parcours migratoire:
Le rêveur
Je suis né à la fin des années 80 dans une petite ville Française, de province comme dirait les Parisiens. Une ville qui fut le lieu de la première grande bataille de tanks de l’histoire, et qui de ce fait est probablement plus célèbre dans le monde anglo-saxon qu’elle ne l’est dans son propre pays. Si ce n’est pour une spécialité locale : la bêtise de Cambrai.
Au centre d’un monde rural, Cambrai fait partie de ces hameaux dont il ne subsiste d’une gloire passée qu’un centre se voulant bourgeois. C’est précisément là que j’ai grandi, dans une maison centenaire entre le théâtre et le lycée.
Avide de TV, d’autant plus que mes parents en restreignaient l’accès, je fus, enfant, spectateur d’une Amérique triomphante qui s’exportait mieux que jamais. Fasciné par cette image, j’eus tôt fait de me désintéresser du vieil hexagone. Pour ma défense il n’y avait pas que la TV, la BD Calvin&Hobbes, découverte à sept ans, a joué aussi un grand rôle dans mon développement.
Une autre image, celle du 11 septembre 2001, marqua mon adolescence et fit, de mes amis et moi-même, des pro-américains en herbe. Par réaction facile à l’anti-américanisme (car anti-Bushisme) d’alors, mais aussi par pure curiosité, par désir d’affronter le vrai au delà du petit écran. [C’est avec une certaine émotion que j’imagine aujourd’hui de jeunes français rêvant d’Amérique emprunter le même chemin à l’ère Trump.]
Mes loisirs, Nos loisirs, car je ne pouvais être seul dans cette aventure, pourraient se résumer à une tentative naïve de conciliation de notre environnement Français avec l’idée que nous nous faisions de la vie Nord-Américaine.
Mais, dans cette province natale meurtrie qu’est le Nord, l’American way of Life, devenu notre norme, était perçu au mieux comme une curiosité au pire comme un péril. En effet combien de Diners, de Golfs, d’équipes de Baseball, de Football à Lille, Cambrai ou Saint-Quentin ? Starter sur le dos, le Gym, le McDo étaient devenus par défaut nos tristes points de repères.
Le touriste
J’avais toujours su que je ferai, comme mon oncle l’avait fait 25 ans auparavant, un tour des États-Unis. Curieusement, cette certitude suffisait à étancher ma soif de voyage. Aussi mon premier séjour de l’autre côté allait surgir du néant.
Alors que je venais juste de mettre un terme à une énième activité « Américaine », en l’occurrence le Paintball, et était en quête de la suivante, un ami eu cette idée aussi simple que géniale : et si nous allions à New-York ?
Trois mois plus tard, août 2007, nous foulions, deux semaines durant, The land of the free et profitions de chaque pouces carrés de sa surface. Ce premier contact fut déterminant car il nous fit prendre conscience de l’accessibilité du Nouveau-Monde.
Aidés par un dollar faible, d’autres voyages, autant pédagogiques que divertissants, suivirent. Ces aventures avaient pour thèmes différents Teen Movies dont nous mettions à l’épreuve le réalisme, ralliant à notre cause de nouvelles âmes.
Cette phase touristique de trois années culmina avec le grand tour, été 2010, pour voir enfin nos images d’enfance et vivre l’expérience Américaine par excellence: le road-trip.
L’émigrant
La découverte accomplie, les États-Unis apparaissaient comme destination migratoire évidente. Aussi c’est par pragmatisme que, nos études achevées, nous arrivâmes, mes amis et moi, tour à tour au Canada.
Bénéficiant des différents accords France/Québec, nous les avons écumés: Recrutement à l’étranger, Stage, PVT, Jeune-Pro, PEQ et j’en passe. C’est d’ailleurs la découverte de ces programmes qui me révéla le Québec, dont j’ignorais presque l’existence, aveuglé par le rayonnement de son voisin du sud.
Immigrer.com et autres blogs d’expats m’ont fournis à cet égard de précieuse informations et déjà j’imaginais qu’un jour ce serait à mon tour de transmettre mon expérience.
Nous arrivâmes donc à Montréal: un couple d’infirmiers, les éclaireurs, en 2010. Puis ma conjointe et moi-même, scientifiques, en 2012. Enfin, un couple d’opticiens, fermant la marche, en 2013.
À ce jour, aucun de nous n’éprouve l’envie de repartir d’où nous venons. Si une nostalgie peut s’installer, elle est vite dissipée par les nouvelles en provenance de la mère partie, une visite à la famille ou à l’oncle Sam.
Mais pourquoi n’être pas allé vivre aux États-Unis alors ?
Pour une raison qui pris de l’importance avec l’âge: l’emploi. En effet nous avons eu la chance de trouver des emplois qui son très certainement mieux que ce que nous aurions eu en France ou que ce que nous pourrions avoir aux États-Unis en terme de rapport entre sécurité de l’emploi, avantages sociaux, salaires et environnement de travail.
Dés le début cette raison pesa lourd dans la balance et finit par nous convaincre. Non sans mal, car les États ont ce pouvoir d’attraction incomparable. D’autant qu’avoir eu l’opportunité de vivre quelques mois à New-York en 2011 ne m’a pas aidé, car Montréal n’a pas l’énergie de Manhattan et [peut être en conséquence] les expatriés à Montréal n’ont pas l’excitation de leurs homologues new-yorkais. Mais Montréal est une ville à qui il faut donner sa chance, une ville, qui plus est, en pleine transformation.
Comme j’avais appris, étudiant, à aimer Lille, j’apprends depuis cinq ans à aimer Montréal… mais ça je vous en parlerai une prochaine fois.
Merci de m’avoir lu.
Leave a comment