Comme il convient, je vais commencer par de « courtes » présentations (je dis « courtes » entre guillemets, parce que je me connais, je ne sais pas faire « court »). Je n’ai jamais été à l’aise avec l’exercice mais il est nécessaire. J’ai mis plusieurs années à me décider à écrire sur le site, mais il me semblait après tout ce temps que ça allait de soi. Quand je préparais mon immigration et encore plus quand je venais d’arriver, les conseils de ceux qui avaient vécu la même chose que moi ont été une source de réconfort et une précieuse mine d’informations. Il me semble donc naturel d’essayer à mon tour de contribuer.
Revenons donc dans le passé, 6 ans en arrière.
D’un père musicien, j’ai toujours pas mal bougé. C’est sans doute pour ça que dès que j’ai eu l’âge de le faire j’ai continué à aimer vivre dans les cartons, découvrir de nouveaux lieux, de nouvelles personnes, de nouveaux contextes. Cuisinier, musicien, éducateur spécialisé, enseignant, dessinateur, des tonnes de petits boulots à droite à gauche, je me suis cherché longtemps sans vraiment me trouver. Oh, je ne peux pas dire que je n’aimais pas ma vie en France, loin de là, mais il me manquait un petit quelque chose. L’impression de ne pas être totalement à ma place, du mal à me projeter à long terme, le sentiment que quoi qu’il arrive je n’atteindrai pas mon plein potentiel.
Et puis il était plus que temps d’enfin finir ce voyage entrepris par tous les hommes de la famille. Mon grand-père était parti de sa petite île de Chypre à 19 ans, clandestinement, sur un cargo qui partait vers les États-Unis. N’ayant connu que sa vie de gardien de chèvres, il rêvait de ce pays lointain porteur de tant d’espoirs. Finalement il s’est tout fait voler et a été débarqué sans un sou en poche dans le sud de la France. Direction l’Espagne où il trouva l’amour, avant de s’établir enfin au Maroc. C’est là qu’est né mon père qui, à son tour embarqua tout jeune sur un bateau pour se retrouver batteur dans un groupe de rock, à Liverpool. Il rêvait lui aussi d’Amérique mais, là encore, il trouva l’amour avant, à Pennylane. Et comme son père avant lui sa route changea, direction Amsterdam, puis Torremolinos où je suis né. Quelques nuits blanches à jouer avec son groupe et un accident plus tard, le rêve était passé, brisé avec ses jambes. L’Amérique ne voulait pas des hommes de ma famille J Du côté de ma mère ils s’en s’ont davantage approchés. Son grand-père, peintre dissident quitta son Italie natale pour fuir Mussolini et se retrouva au Brésil avant de prendre la direction de la France. Leur point commun, pas un n’a vécu toute sa vie et n’est mort dans le continent qui l’a vu naître. Je n’avais donc pas le choix, les gènes m’obligeaient à partir ^_^.
Me voici donc en 2006, désireux de m’envoler vers l’Amérique du Nord. J’hésite entre Canada et États-Unis, j’avoue que le plan original était de passer quelques années au Québec pour pouvoir ensuite aller m’installer à New York. Je ne suis finalement jamais reparti.
J’arrive donc le 1er mars 2007 à Montréal, plein d’espoirs en cette nouvelle vie, sans savoir ce que j’allais y faire mais persuadé que l’aventure ne peut qu’être belle. Aujourd’hui, je suis directeur du département artistique d’un studio de jeux vidéo et d’animation de Québec et je continue ma carrière d’auteur BD, commencée il y a 12 ans en Europe. J’ai envie de partager avec vous mes expériences, bavarder, témoigner, débattre, lire vos ressentis et continuer à participer à notre belle communauté. J’ai surtout envie que vous sachiez que oui, c’est possible d’être heureux ici, de se sentir bien et tout à fait à sa place.
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