De toute façon, je ne bois plus que de la IPA !
Salut !
Je m’étais juré de revenir assez souvent sur ce forum…pis y’a une histoire de temps qui passe.
4 ans ! Cela va faire 4 ans au mois d’août 2019 que nous sommes arrivés avec mon épouse et nos deux enfants (à l’époque mon fils avait 5 ans et ma fille 1 an).
J’ai toujours pensé qu’il y avait un caractère égoïste à se raconter ainsi, mais après tout j’me suis dit pourquoi pas si ça peut faire du bien à certain(e)s de me lire, pis si moi ça peut me faire du bien comme un vieil exutoire qui soulage…
On quittait la France en août 2015, comme RP, sans emploi à la clé, juste nos économies.
Mon épouse, infirmière en France, espérait trouver une job rapidement…elle espérait…
Chanceux que je suis et sans que je le sache, le bassin pour le métier de peintre s’est ouvert uniquement le 19 août 2015, nous arrivions le 20 août. Un couple d’amis qui vivent ici depuis 2001 et qui allaient nous accueillir…lui m’a fait l’énorme surprise de me prévenir la veille « je sais que tu voulais essayer de rentrer dans la construction au Québec, je t’ai inscris car le bassin ouvrait ce jour, tu commences avec moi deux semaines après votre arrivée »….
Vous comprendrez l’enthousiasme que je ressentais….nous arrivions donc avec au moins un salaire d’assuré (pis tous les avantages de la construction, carte médic, avantages sociaux, conciliation travail-famille, salaire, bla bla bla)…Je ne sais toujours comment le remercier…Maintenant je ne travaille plus pour mon ami, je suis dans la même compagnie depuis deux ans, avec une bonne équipe, un boss à l’écoute et compréhensif, qui fait des party de malade pour les congés de Noël (j’ai réussi à perdre mon portefeuille aux danseuses, une âme bienveillante me l’a retrouvé dans la slush et m’a contacté le lendemain pour me le rapporter)…Bref, je suis épanoui professionnellement.
Interlude « nos enfants » : c’est l’fun de les voir déambuler dans notre belle ruelle verte, les amis qu’ils se sont fait, les voir triper l’hiver dans la neige. Ils se sentent bien ici. La conciliation travail-famille y est pour beaucoup.
On vit le temps des pommes avec plaisir, comme un rituel annonciateur de l’arrivée des couleurs, qui voudra dire balade au Mont St Hilaire et qui taquinent les babines de nos enfants avec l’approche de l’Halloween et ses confiseries (on arrive toujours pas à écouler le stock arrivé à Pâques)…puis on glisse doucement vers l’hiver, location de patins à la poubelle du ski (put$%@ faut qu’on les rapporte ahahah), tout ça pour enfin arriver à l’euphorie des beaux jours, du porc effiloché qui cuit pendant 6h sur le bbq, des cordes à linge qui dansent au dessus de nos têtes. On oublie la rigueur de l’hiver, le temps de quelques IPA en terrasse, des glissades d’eau à St Sauveur, de la Ronde, du camping en Mauricie
Nous aussi on a beaucoup de fun, de nouveaux amis avec qui on partage des belles soirées bbq dans la ruelle, avec qui on se loue un chalet l’hiver dans les Laurentides (si si, le spa par moins vingt degrés, un verre de vin à la main…bref, j’arrête là, ce qui se passe au chalet reste au chalet lol), de belles nouvelles amitiés, qui n’ont pas remplacé nos amis de France, mais qui nous font du bien et participent à notre épanouissement social !
Mon épouse, l’amour de ma vie, s’est acharné à être infirmière…des envois de cv, sans réponse pour le fameux stage de 75 jours…Pis un jour, je vais faire une job de peinture chez ??? le directeur de l’ordre des infirmières auxiliaires…s’en suit des échanges, des discussions, des conseil…et voilà ma blonde qui embarque, non pas par dépit, mais par détermination, dans une formation de mise à point pour infirmière auxiliaire…
Pis comme par enchantement en cette belle année 2019, après n’avoir rien lâché durant 3 ans 1/2 et alors qu’elle vient de valider son diplôme d’infirmière auxiliaire, elle obtient un contact pour un poste d’infirmière clinicienne, en plein dans la spécialité qu’elle faisait en France. Elle a maintenant, un poste avec des horaires de jours (8h-16h) ne travaille pas la fin de semaine, sauf lorsqu’elle est de garde, mais comme on reste à 30 minutes de son hôpital, on doit juste rester chez nous ce weekend là !
On est maintenant rendus avec deux très bons salaires et on peut voir plus loin, avec l’envie débordante d’acheter notre premier bien immobilier.
On a eu nos points noirs aussi…Février 2017, la mère de mon épouse se fait diagnostiquer un cancer des poumons (elle qui n’a jamais fumé de sa vie), on est confrontés avec l’impuissance de la distance, un sentiment d’injustice, ma blonde tiraillé à savoir si elle rentre voir sa mère alors qu’elle est en formation et on allait prendre des billets pour rentrer en France pus tard…On laisse les choses avancer, en gardant espoir, malmené entre les up & down de la maladie de ma belle-mère que j’aime tellement…
Pis un samedi matin je reçois un coup de téléphone de ma soeur aînée, normalement on s’appelle sur whatsapp, mais là c’est le télephone qui sonne à 7h un samedi matin, ma première pensée est « qu’est-il arrivé à qui dans ma famille? »…j’écoute ce que ma soeur me dit, je lui dis que je la rappelle dans quelques minutes pis je retourne dans le lit, en disant à ma blonde « je dois faire un cauchemar, on va se rendormir… » …je me relève pour rappeler ma soeur et je lui demande « mais ça va papa? il va comment »…et dans un léger silence qui déchire cette matinée du 21 octobre 2017, ma soeur me répète ce que je n’aurais jamais voulu entendre « c’est papa, il a fait une crise cardiaque, c’est fini Corentin. tu peux t’arranger avec ton travail pour venir en France?… » (vous excuserez mes quelques larmes en écrivant ça…). La vie m’a arraché mes origines.
Un mois avant, mon grand-père paternel décédait de sa belle mort à 101 ans…et je me souviens de mon père qui me disait en rigolant « bon bah le prochain sur la liste c’est moi »
On a eu nos points noirs aussi…L’état de ma belle-mère ne s’arrange pas, mi décembre 2017, ma blonde est sur le point de rentrer…pis on lui annonce un jeudi 21 décembre 2017 que sa mère va un peu mieux, qu’elle va passer quelques jours à l’hôpital et rentrer chez elle auprès de son mari, du coup on ne s’énerve pas, on garde nos billets pour février 2018 et nos deux semaines de vacances en France…vendredi 22 décembre 2017, on nous annonce que la nuit passée, l’état de ma belle-mère s’est détériorée et qu’on est sur la pente descendante…irréversible…
On passe plusieurs coups de téléphone durant la journée…j’ai le temps de demander à une de mes belles-soeurs de poser le téléphone près de l’oreille de la mère de mon épouse pour lui murmurer tendrement que je continuerai à prendre soin de sa fille et de ses petits-enfants, tout comme elle, elle a pu le faire pendant plus de 40 années de mariage.
Je sors malgré tout à la party de job de Noël, ma blonde ne filait pas super bien, j’avais du mal à partir, mais elle m’a poussé à y aller…vers minuit sur le chemin du retour, un appel de ma blonde et juste avant de décrocher je gueule dans l’auto « putain non !!!!!! »
Ma blonde en larmes me demande si j’arrive bientôt, sa mère vient de quitter ce monde, c’était un 23 décembre en France, une veille de Noël…
Ma blonde quitte Montréal en urgence le samedi 23 décembre…J’allais passer Noël avec les enfants…mais les vrais amis savent être là, quand je craque vers 21h, j’appelle un ami de la ruelle qui réveillonnait en famille pour lui dire « Sam, j’ai besoin d’une épaule »…il arrive avec sa bière, les pieds dans la neige, pas le temps de le faire rentrer que je braille dans ses bras sur la terrasse…
Une fin d’année 2017 pourri, les galères de ma blonde à trouver une job et maintenant récompensée…rien ne nous a arrêté, ni démotivé, ni abattu dans ce projet que j’appellerai un désir fou de tout quitter, pour un ailleurs…
Toi l’maudit français qui veut venir s’installer icitte, sois bien indulgent de la chance que tu auras, sois modeste car personne ne t’attend ici, LE QUEBEC a son histoire « jeune » mais son histoire personnelle, apprend & écoute, laisse tes préjugés de français dans l’hexagone, vient surtout pas chialer sur le prix du vin et du fromage, criss tu boufferas d’la poutine avec ta pinte de boréale sur la promenade Masson, pis après t’apprendras à faire l’épicerie et tu verras qu’on bouffe très bien dans cette belle province…tu verras qu’il y a des québécois chialeux à chaque coin de rue, tout comme les nids de poules d’ailleurs, mais t’sais t’es un râleur prétentieux et on te le fera bien remarquer, j’parle en connaissance de cause, je suis dans la construction et je me suis fait plus d’amis que d’ennemis…j’pense que c’est d’même parce que j’suis pas arrivé en terrain conquis….laisse-toi apprivoisé, charmé, déçu, enjoué, mais laisse-toi aller sans arrière pensée…
J’me souviens de cette phrase de mon père m’avait dit avant que nous ne quittions la France en août 2015 « le plus dur n’est pas pour celui qui quitte, mais pour celui qui reste »….hey vieux pirate (mon père était un voileux, on prenait la mer régulièrement sur son bateau, amateurs de rhum….anyway c’était pour expliquer le sens donné à ce pirate…)….donc je disais « hey vieux pirate, toi ce loup d’mer qui m’a fait tellement rêver, je te renvoie ce quelques mots…le plus dur n’est pas pour celui qui quitte, mais pour celui qui reste… »
Bon courage à toutes celles et ceux qui vont arriver, espèrent y arriver, ne sont pas encore arrivés mais continue d’y rêver, à toutes celles et ceux qui vont un jour y rêver…
Merci pour ce beau récit, j’ai eu énormément d’émotions! Mais je garde espoir de pouvoir y accéder un jour! Mon compagnon est dans la décoration et moi même dans la gestion d’entreprise et ressources humaines mais nous ne parvenons pas depuis plus d’un an, à introduire une demande recevable, donc nous gardons espoir et qui sait?? Merci en tout cas pour cet encouragement et ce récit..
Beau récit, une histoire qui ressemble à la mienne avec des pics et des creux à distance difficilement gérables par moment.Bien dit par le Papa, le plus dur c’est d’y rester!!!, bonne aventure.
Merci pour ce très beau témoignage qui m’a serré le coeur, fait sourire et réfléchir… Nous sommes arrivées ici à Montréal en août 2018, un vieux rêve de 20 ans… Sauf qu’il y a 20 ans je n’avais pas une grande fille de 5 ans et des jumeaux de 2 ans lol!! C’est une chance d’être ici, de pouvoir découvrir ce pays et sa culture, ça prend beaucoup des hauts et parfois des bas mais surtout ça prend une aventure familiale et des souvenirs uniques en masse. Très belle continuation à vous!
Magnifique. Merci pour ce texte qui ne transforme pas la réalité en conte de fées mais démontre que si nous partons pour les bonnes raisons et que nous nous accrochons, nous aurons peut être la chance de pouvoir vivre heureux comme un québécois 🙂
Un plaisir à lire votre histoire. Et oui le plus dur c’est pour celui qui reste, et c’est pour ça qu’on hésite tous à partir. Je vous souhaite plein de bonheur
Très belle histoire émouvante (mes larmes ont coulé) – bonne continuation à toute votre famille – nous on espère prendre la retraite avec reprise des études pour venir s’installer à Québec – on souhaite que notre projet se réalise car nos enfants y sont – belle réussite à vous tous –
Beau récit de ta vie ici mais je ne comprend pas pourquoi tu te sens l’obligation de sacrer dans tes derniers paragraphes. Rien de pire que les français qui essaient de parler avec l’accent québécois. Puis à Montréal de toute façon c’est pas le Québec, faut aller dans les campagnes pour parler comme ça. Bravo à toi quand même pour ta persévérance ???
j’ai lu ton bilan et j’avais les yeux plein d’eau je suis au Quebec depuis 1966 comme quelques amis venus dans ce beau pays nous avons bave mais nous avons réussie avec l’aide de nos amis québécois cela a été difficile de laisser la famille mais maintenant c’est notre chez nous bonne chance mon gars a toi et ta famille un ancien
Merci pour cet ecrit! Nous espérons pouvoir rédiger un jour un aussi beau texte…tout est dans les bras d arrima pour nous en ce moment. Cela donne envie et peur à la fois mais comme on dit il vaut bien prendre le risque d etre déçu que d etre déçu de ne pas avoir osé. Longue vie à votre famille.
woww , c’est exactement ce que je ressens. Cela fait bientôt 8 ans que je vie ici
Waouh ! merci pour votre texte. Vous m’avez bien fait pleuré. Mais quelle formidable aventure ! Continuez 🙂 Une belle leçon de vie.
Waouw, et bravo pour votre récit, votre réussite, votre humilité, car j’adore ce que vous dites sur les « français » qui arrivent au Québec avec peut être l’idée d’un terrain conquis…(je suis belge mais j’aime la France) et dans ma tête j’adorerais venir au Québec mais je ne suis pas suivi par ma femme…nous verrons à l’avenir. Bon courage même si 2017 est derrière vous, je sais que ça devait être bien difficile (je vis ça pour le moment)…comme on dit « c’est la vie » et la mort en fait partie.
Je vous envoie des ondes positives et vous souhaite de tout coeur d’être heureux avec vos proches et amis.
Alexandre Lejeune (Xhendelesse, Belgique)
Merci pour ce partage émouvant. Je suis à Québec depuis 5 ans et je ne peux qu’appuyer ton récit de vie pour sa justesse. Tout est bien résumé : le déchirement familiale entremêlé à l’euphorie de ta nouvelle vie. Je soulignerai tes derniers paragraphes, car ils sont réellement là clé d’une intégration réussie !
Très émouvant…
Nous y avons rêvé, puis espéré… et bientôt on pourra dire nous y sommes arrivé ??
Wow merci de ton retour, j zn ai versé mes larmes .bravo a vous dans le moment difficile vous avez rien lâché.
Nous a va faire 2 ans dans 3 jours que nous sommes arrivés et tous les jours je remercie d etre ici
Pour ma part, Je suis heureuse d’être retournér en France après six ans d’horreur au Québec. J’ai détesté cette soi-disant belle province je trouve que les gens sont racistes ne sont pas très érudits. J’ai détesté la nourriture au Québec je trouve que les Laurentides sont inintéressantes, je n’ai pas aimé la mentalité nord-américaine et je suis contente d’avoir retrouvé la France et les Français qui ne sont pas si horribles qu’on le prétend.On nous vend le Québec comme un rêve,un endroit où l’herbe est plus verte que en France sans parler des problèmes que la province rencontre, par exemple le manque de médecins, la pauvreté de l’éducation, le niveau de français catastrophique ; il y a un climat continental très rude que ce soit en hiver comme en été.J’ai été affligée de constater à quel point les Québécois sont racistes surtout racistes antifrançais ; j’ai trouvé aussi que les Québécois râlaient beaucoup plus que les Français ; quand on est français, on a pas le droit de critiquer quoi que ce soit, on a pas le droit d’émettre un avis que ce soit négatif ou positif sur le Québec et des Québécois. Je ne souhaite à personne d’aller vivre dans cette province j’ai trouvé les gens du nouveau Brunswick beaucoup plus intéressants et beaucoup plus gentils et ouverts que les Québécois ; je ne peux pas conseiller le Québec à mes compatriotes français.
Vous avez entièrement raison. Je salue votre message. Vous avez bien resumé l’etat des lieux de la province. C’est un beau piège.
Bravo quel exploit ! C est pas tout le monde dans cette situation, beaucoup ont laissé des plumes ,des larmes, beaucoup d argent et des séparations immigrer c est un peu mourir et perdre beaucoup de sa culture .Il faut être jeune je suis venu il y a25 ans c été dur .Canal plus faisait de la pub comme eldorado le Quebec et a notre arrivée avec beaucoup d argent on c est fait avoir et on a tout perdu ! Il vaut mieux venir sans un sous .Renseignez vous car beaucoup de gens d ont un pote boucher charcutier qui avait un commerce en France a été obliger de faire la plonge dans un restaurant car ils lui on dit ce n est pas comme cela que l on travaille !Mes enfants a l école se sont fait traité de maudit Français la baguette sous le bras avec les poils qui vont avec .Si tu parles Anglais tu avait plus de chance travailler au Québec qu une personne qui ne parlait pas un mot de Français mieux aller du coté anglophone au moins tu apprends une langue
Je salue ta réussite et félicitations