De Geckooa
J’ai établi une longue liste de choses à faire avant mon départ de France :
– Préparer mes impôts 2014 et 2015, me rendre aux impôts, résilier les contrats et les assurances, me trouver une mobicarte afin de conserver mon numéro de portable français pour mes potentiels retours,
– Faire mes paquets, refaire mes paquets, puis se dire : et si je refaisais les paquets ? Qu’est-ce que j’emmène, j’emmène pas… Et l’épicerie fine ? J’achète, j’achète pas ?
– Et mon fichu vin, je l’emballe, mais ce n’est pas assez protégé… je vais à casto, je retourne à casto et tiens, je vais encore à casto pour le maudit papier bulle, stotch, cartons… !
– Je lis les relis les consignes sur les douanes, la SAQ, les taxes d’assises…
– Je lis et je relis les retours, les conseils, les commentaires sur immigrer.com
– Ecrire, négociez, organiser l’envoi des effets personnels
– Faire et vérifier son administratif par rapport au visa, par rapport à l’inscription à l’université, à la résidence permanente en cours, à l’accord CPAM/ Ramq… Avoir tout de dispo, rien n’oublier, tout scanner, tout sauvegarder, tout photocopier.
– De même pour les papiers importants et les diplômes
– La banque : je garde ma CB ? combien ça me coûterait dites-vous ? ah quand même… J’envoie mon argent à quels frais, à quel taux … Je le prends avec moi, sur moi dans l’avion ? Où alors trouver le meilleur taux de change ? Que se passe-t-il avec mes placements livret A, assurance vie, LDD, capital expansion ?!
– J’ai vendu tous les meubles Ikea, les électro ménager dernier cri, nettoyer, rendre l’appart, j’ai fais trois marchés aux puces (oui oui tu te lèves à 3h30 et à 5h00 AM ton stand est prêt, étalé, à être fouillé. Vendu, tu rentres vers 19h/20h après avoir rangé et jeter la casse, souvent mouillé ou couvert de coups de soleil), Mais faut pas s’arrêter… faut encore vendre la voiture mais celle-ci j’en ai besoin jusqu’au bout… En attendant, faut faire le contrôle technique, vérifier qu’elle puisse être vendue en mon absence, déléguer la charge à des âmes charitables…
– Trouver un billet d’avion pas trop cher
– profiter, profiter avant le Grand départ : des amis, de la famille, de l’Europe
– et travailler, travailler pour épargner le moindre sou qui, je le sais, me sera utile à l’arrivée : je cumule l’emploi de jour, barmaid les week end, les petits emplois durant la semaine….
– du coup, faut préparer les pots de départs avec les collègues aux différents boulots 😉
Toute cette activité, cette effervescence, ce bonheur de voir ceux que l’on aime, de prendre part aux dernières bonnes nouvelles : ma soeur est enceinte ??? Vous allez vous mariez ?? Vous le faites avant que je parte pour que je sois là ?! Oui, Oui, Oui….! Ah du coup, faut organiser le mariage avant le départ (LOL la bonne blague) …. Témoin et weeding planer… pourquoi pas puisque je t’aime ma soeur.
Et si cette énergie folle et souvent positive pré-départ rendrait-elle le coeur encore plus lourd ?
Impossible, le processus est en marche, il n’y a pas de doutes. Je veux immigrer, je veux tenter cette expérience, je veux rejoindre chérichou si patient, si aimant …
L’arrivée à Montréal se déroule comme une routine, si ce n’est le stress lié aux douanes : PE, liste des effets personnels… Les agents sont strictes, mais réglos. Tellement agréables finalement qu’un des agents des douanes canadiennes … m’a glissé son 514 dans ma sacoche avec la consigne « appelles moi ».
Arrivée… et hébergée chez la belle-famille. On prend la même liste et on recommence : NAS, RAMQ, magasiner une banque, se déplacer, trouver à se loger, à se meubler… Trouver un emploi, aller à l’université et … se rendre compte que ce n’est pas simple le retour aux études.
Et voici déjà, seulement, deux mois que je suis sur le territoire québécois. Euphorie ? Emballement ? Que nini. Tellement longtemps que l’organisation est planifiée que l’arrivée n’est qu’une plate formalité … Puis j’ai progressivement sombré … dans la fatigue.
Qui ne se reconnait pas dans ce déménagement éreintant ? Seul, en couple, parents avec enfants, chaque statut a son fardeau. La pression retombe et pourtant, il me semble que la liste des choses à faire ne se raccourcisse pas aussi rapidement. Je suis fatiguée, exténuée. Je n’ai pas pensé à intégrer cette injonction sur ma liste : Prendre soin de moi. Prendre plaisir. Savoir vivre son expérience. Prendre le temps de retrouver son couple.
La routine s’installant, mes cernes et ma morosité s’amoindrissent. Je trouve la force de rédiger ce message : j’en aurai été incapable il y a encore 10 jours. Fatigue, coup de blues, la pression qui retombe… que de mots pour un sentiment si pénible.
Mon conseil est que quoi qu’il en soit, vous serez préparés à déménager. Alors prenez le temps de ne pas vous négliger. Ce changement nécessite une énergie folle. De tirer sur la corde, voire même de se brutaliser. Et les forces, nous en avons encore besoin … pour se constituer des repères, une routine, un réseau, trouver un emploi et finalement s’intégrer à notre nouvelle vie.
A nos vitamines !
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