Regrettez-vous d’avoir immigré au Canada ? Bilans combinés d’une décennie - Immigrer.com
jeudi , 21 novembre 2024
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Regrettez-vous d’avoir immigré au Canada ? Bilans combinés d’une décennie

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Afin de tenter de dresser un tableau aussi juste et utile que possible d’une décennie d’immigration au Québec, j’ai souhaité ne pas me fier uniquement à mon opinion personnelle, potentiellement trop positive et non représentative, puisqu’atypique. En tant que traductrice autonome pouvant travailler n’importe où, il est en effet beaucoup plus facile d’aimer sa vie n’importe où en général, et à Montréal en particulier, puisque je peux m’y soustraire quand je veux et en moyenne 3-6 mois l’année depuis 6 ans et quelques… Bref, je me vois mal dire aux gens « Oui, c’est trop cool, le Québec ! Je sais! J’y vis quand je veux 6-7 mois l’année ! »

Réunion d’aspirants immigrants, Paris, 2002!

 

J’ai par conséquent envoyé un petit questionnaire d’une vingtaine de questions à quinze de mes connaissances ayant immigré au Québec depuis plus de dix  ans. Par souci de représentation, même si la grosse majorité des membres de ce « panel » ont vécu en France, ils sont d’origine belge, congolaise, tunisienne, béninoise, franco-portugaise, vietnamienne et française; deux sont reparties et deux y songent. Je souhaitais particulièrement connaître l’opinion de ces dernières, afin de brosser un portrait vraiment juste de ce qui peut être difficile au Québec.

Regrettez-vous d’avoir immigré au Canada (maintenant ou à un moment de votre vie) ?

À la question générale « Regrettez-vous d’avoir immigré au Canada (maintenant ou à un moment de votre vie) ? », la réponse a été unanime : un beau gros « Non » avec une majorité de « jamais », que la personne interrogée soit repartie ou pas. Qu’on choisisse ou pas de rester au Canada, c’est donc une expérience de toute façon inestimable (je dis Canada et non Québec, puisque dans mon panel, l’une de mes personnes interrogées est partie à Vancouver). Il y a 10 ans, j’avais essayé de faire le point sur le nombre des immigrants « de la gang » qui étaient repartis… Je pense que c’était plus de la moitié. La raison principale des départs est presque toujours la famille, même si c’est également la raison la plus « facile à avouer ». Pour ceux qui sont restés, la raison principale est presque toujours la « qualité de vie ».
Personnellement, au vu de la vie, de la santé et du moral de mes amis et de la famille restés en France, 2016 a été la première année où j’ai officiellement déclaré que de m’installer au Canada avait été la meilleure décision de ma vie.

J’ai commencé par demander si le processus d’immigration au Canada avait été difficile et coûteux. Je suis consciente que les choses ont beaucoup changé dans ce domaine. À « notre époque », il y a donc 10-15 ans, il nous semble nous souvenir que le processus coûtait quelques 2000 $ et durait un peu moins d’un an. Pour résumer en plagiant l’un de mes interrogés : c’était sélectif, mais assez clair ; exigeant, mais pas trop difficile. Comme pour tout, le processus nécessite de la motivation, mais justement « C’est déjà une sorte de filtrage » comme a commenté un autre de mes « participants ». Si cette étape paraît déjà trop compliquée et inacceptable, je pense que ce n’est pas vraiment la peine de poursuivre, car le reste ne paraîtra sans doute pas plus acceptable ni simple. Si l’on veut améliorer sa vie dans n’importe quelle situation, des efforts sont nécessaires, qu’ils nous plaisent ou non.
Pour ce qui est du coût de la procédure, trouver que quelque chose est trop cher ou pas est vraiment personnel et dépend de nos capacités financières et de nos priorités personnelles, donc il faut prendre cela en compte dans la décision d’immigration. J’ai toujours trouvé que de rendre une immigration globalement un peu plus « difficile » pour tout le monde permettait également de prouver la motivation et l’intérêt des futurs immigrants.


Votre immigration a-t-elle été difficile ?

Malgré tout, à la question « Votre immigration a-t-elle été difficile ? », la réponse a été majoritairement « non » avec la reconnaissance qu’il faille savoir rester ouvert et accepter les nouveautés et les différences. Le plus difficile, comme le soulignait l’une de mes participantes, c’est pour les gens « qui veulent partir et quasiment vivre dans la même rue avec les mêmes voisins, mais dans un autre pays ». Forcément, certaines choses seront différentes, c’est là l’intérêt, selon moi… Si on veut juste changer en mieux les choses qu’on n’aime pas, mais ne voir aucun changement ailleurs dans ce « qui fait notre affaire », il ne faut pas rêver non plus. Le monde ne s’adapte pas à nous parce que ça nous arrangerait ainsi… En essayant l’inverse, j’ai toujours trouvé la vie vraiment fascinante.

Avez-vous trouvé l’emploi que vous souhaitiez au Canada ?

Dans la section professionnelle du questionnaire, à la question « – Avez-vous trouvé l’emploi que vous souhaitiez au Canada ? (lequel) », la réponse a été (à ma surprise, j’avoue !) unanimement « oui » (en journalisme, rédaction, révision, psychologie, hôtellerie, immobilier, traduction, informatique, pharmaceutique) avec la précision d’avoir parfois accepté des « jobines » à l’arrivée, d’avoir parfois travaillé fort pour obtenir ce que l’on voulait (psycho) et de s’être adaptée à des conditions inattendues (je devais personnellement trouver un emploi salarié comme traductrice, mais cela ne se faisait déjà plus beaucoup et j’ai dû me mettre à mon compte dès mon arrivée… Ce que je n’ai d’ailleurs jamais regretté, au contraire).

Avez-vous dû reprendre des études pour exercer une profession que vous pouviez exercer sans cela en France ?

Les réponses à la question « – Avez-vous dû reprendre des études pour exercer une profession que vous pouviez exercer sans cela en France (ou ailleurs) ? » ont indiqué que devoir reprendre des études et le problème des équivalences semblent surtout concerner les professions « à ordres ». L’écart entre le discours officiel d’immigration à bras ouvert et la réalité (à l’origine de l’une des plus grandes frustrations de certaines expériences d’immigration au Québec) semblerait provenir de la difficulté d’entrer dans certains ordres régissant certaines professions. Il faut donc bien se renseigner sur ce point. Votre domaine est-il régi par un ordre obligatoire? Quelles sont les conditions pour y accéder? Faire partie de l’ordre des traducteurs, réviseurs et terminologues est tout sauf obligatoire pour travailler en traduction, par exemple. Je n’ai pas fait partie de l’ordre pendant des années ; je suis à nouveau inscrite depuis quelques années, car les contrats pour le gouvernement l’exigent et cette adhésion inclut une assurance professionnelle qui peut rassurer et que certains clients demandent.

Avez-vous souffert du manque de vacances ? De journées de travail trop longues ? De surmenage professionnel ?

Venons-en à plusieurs aspects « professionnels » qui suscitent également un très vif intérêt, en examinant les réponses à la question : « – Avez-vous souffert du manque de vacances ? De journées de travail trop longues ? De surmenage professionnel ? au Canada. »
Pour les salariés, il n’y a pas vraiment photo : les vacances courtes (2 semaines en début de carrière) ne sont pas l’aspect que l’on préfère dans une immigration au Canada, surtout pour des expats souhaitant « voir la famille » de temps en temps… Par contre, les journées de travail ne sont généralement pas jugées trop longues (particulièrement pour ceux pouvant comparer avec la France), avec des pics de temps en temps selon les domaines, mais c’est là, un constat général et non particulier au Canada.
Si c’est un aspect particulièrement important pour vous, et donc une priorité, il faut prendre vos responsabilités et faire des choix de vie en fonction.

Montréal

Si je suis ravie de travailler à mon compte, malgré les contraintes d’une moins grande sécurité financière et autres, c’est PARCE QUE cela me donne plus de liberté de mouvement et d’organisation de ma vie. Comme le dit également l’une de mes interrogées : « Je ne cherche pas plus d’argent, mais plus de temps, donc je fais les choix qui s’imposent. »
Il semble que certaines personnes pensent que le fait de naître sur cette Terre leur donne, par le fait même, droit à tout et n’importe quoi facilement. Je trouve qu’il faudrait peut-être revenir aux bases et se dire que s’il faut travailler pour gagner de l’argent, par exemple, c’est surtout parce qu’à un moment donné de l’histoire (pour l’Occident, quelque part au XIXe siècle), les gens ont préféré acheter les premières nécessités (se nourrir, se vêtir, se loger) faites par d’autres plutôt que de le faire eux-mêmes. Pour vivre dans une société, au sein de laquelle on a choisi de ne pas vivre en autarcie à créer nous-mêmes ce dont nous avons besoin pour vivre, il faut y participer d’une manière ou d’une autre.

Québec

Dans notre monde actuel, la « décision » de la plupart des gens est donc de travailler pour gagner de l’argent pour pouvoir acheter ce dont ils ont besoin pour vivre. Se lamenter sur le fait qu’il faille travailler pour vivre me semble donc un peu immature et irresponsable dans ce contexte… Libre à quiconque de ne plus rien acheter et de satisfaire à ses propres besoins et on verra s’il lui restera plus de temps pour vivre.
Un meilleur équilibre « famille / travail » au Québec qu’en France est cependant souvent souligné, ainsi que la possibilité de quitter tôt le travail lorsque l’on a fait ses heures, sans les éventuelles critiques et préjugés qui pourraient exister ailleurs.

Avez-vous souffert de la «  précarité » de l’emploi au Canada ?

J’ai également souhaité poser la question « – Avez-vous souffert de la «  précarité » de l’emploi au Canada ? », puisque l’Amérique du Nord peut avoir cette réputation. J’ai également été surprise de la réponse unanime « non ». La seule perte d’emploi durable mentionnée (d’un conjoint en fait, descendant d’immigrants, mais non immigrant lui-même) étant bien moins longue que d’autres exemples en France finalement.

Êtes/étiez-vous satisfaits de votre situation financière au Canada ?

Un autre aspect important d’une immigration, pour un certain nombre de gens, est le coût de la vie.
À la question « – Êtes/étiez-vous satisfaits de votre situation financière au Canada ? (rémunération + avantages sociaux + coût de la vie) », la réponse est pratiquement unanime : on vit bien, même si les salaires sont peut-être moins élevés au Québec qu’ailleurs. Le coût de la vie y est jugé raisonnable. Certains admettent qu’il y a sans doute moins d’avantages sociaux, mais rien de choquant et que l’accès à la propriété y est plus facile. Nous sommes cependant plusieurs à trouver que les prix ont augmenté (les loyers par exemple… mais Montréal était connue comme l’une des grandes villes modernes les moins chères du monde à l’époque. Les prix dans ce domaine auraient triplé en 10 ans). Cette impression d’augmentation des prix est-elle réelle ? Est-elle générale ? L’intérêt de mon panel d’interrogés est que certains ont des frères et sœurs vivant encore en France et peuvent donc comparer… Pour eux, la vie est globalement moins chère, particulièrement par rapport à la région parisienne.

Cependant, cela dépend en gros vraiment des domaines… Certains produits alimentaires vont nous paraître chers,sans doute parce que cela touche à des habitudes culturelles et qu’ils répondent peut-être tout simplement au principe de l’offre et de la demande… Du pain, du chocolat, de la bonne bière peuvent paraître chers pour des Européens, alors que les boissons gazeuses, la restauration rapide ne nous semblent pas chères du tout ici… Nos goûts personnels/culturels ne sont simplement pas les goûts de la majorité et donc peuvent être considérés comme du luxe. Par contre, nous sommes tous conscients (surtout les gens autour de moi ☺) que le Canada est le pays le PLUS CHER DU MONDE pour l’accès à Internet ! C’est connu et on attend tous avec impatience que les monopoles tombent. Certains « postes de dépense » comme la voiture peuvent être également bien supérieurs, du fait des exigences climatiques différentes (changer les pneus l’hiver, entretien, équipement d’hiver, etc.)

Comme le résume l’un de mes interrogés « Globalement au bout du mois, ce n’est pas un choc. »

Pensez-vous que les avantages sociaux sont plus intéressants en France (ou ailleurs) qu’au Canada ?

Passons en revanche à un constat unanime : pour les salariés, les avantages sociaux sont sans doute moins intéressants qu’en France; on s’y attendait. À la question, « – Pensez-vous que les avantages sociaux sont plus intéressants en France (ou ailleurs) qu’au Canada ? (retraite et sécurité sociale) », la réponse est que les retraites seraient peut-être plus intéressantes en France… Nous sommes cependant tous partis depuis plus de 10 ans et les choses changent considérablement dans ce domaine. Pour la sécurité sociale, les avis sont plus divisés… Les soins (médicaments, médecins et hôpital) sont assez bien couverts. En revanche, sauf si votre employeur propose un bon régime maladie, les frais de dentiste et d’ophtalmologie ne sont pas couverts. Il faut le savoir et prendre sa décision en connaissance de cause… (Certains de mes amis se sont, par exemple, fait opérer avant de partir pour corriger leur myopie et ne plus avoir à porter de lunettes… Personnellement, quitte à ne pas être remboursée des consultations de spécialités en privé, car je n’ai pas la patience d’attendre d’y aller en public, je continue à y aller en France…) Le fait est que dans la très grande majorité des pays du monde, ces domaines ne sont pas couverts non plus. Pour la plupart de mes interrogés toujours au Canada, c’est un aspect que compense le reste des avantages de vivre ici.

Personnellement, à mon compte, je paierais beaucoup plus d’impôts en France sans avoir plus d’avantages en matière de retraite.Je pars, de plus, du principe, très personnel, que si je peux me payer des choses superflues (abonnement à un programme de télé stupide ; divertissements ; voyager beaucoup, etc.), je dois pouvoir subvenir moi-même à mes dépenses de santé courante. Je trouve que c’est également un domaine où l’homo sapiens moderne devrait reprendre un peu de ses responsabilités et ne pas crier au voleur si les dépenses de soins de santé lui paraissent trop chères, mais plutôt bien s’assurer de faire ce qu’il faut pour être en bonne santé… Le stress est une grosse cause de problèmes de santé en tout genre. Tout le monde le sait. Si on n’y fait rien, il ne faut alors pas être surpris et en vouloir pour autant à la Sécurité sociale… ni au reste du monde… C’est à nous de prendre nos décisions de vie…


Avez-vous rencontré plus de difficultés pour vous faire soigner au Canada qu’ailleurs ?

À la question relative à l’accès aux soins de santé, les avis sont par contre lourdement négatifs, malgré mon expérience personnelle plutôt bonne : « – Avez-vous rencontré plus de difficultés pour vous faire soigner au Canada qu’ailleurs ? »
Citations de constats et résumés sans appel :
« Arrivé en 2002 et n’avoir un médecin attitré que 13 ans plus tard (que je n’ai vu qu’une fois), le fait que les généralistes ne se déplacent pas, la difficulté à trouver des spécialistes, la complexité pour avoir un rendez-vous, se faire répondre “on ne prend pas de nouveaux patients”, se sentir traité comme un numéro, les délais d’attente, le tarif rédhibitoire des dentistes… La santé est gratuite, mais le système est malade. »
« Oui se faire soigner au Canada est un défi. On attend des mois juste pour une visite chez le dermato, il est impossible de se trouver un médecin de famille donc visite dans des cliniques sans rendez-vous où l’on n’a jamais le même médecin qui ne connaît pas votre histoire ; il faut passer des heures au téléphone pour tenter de prendre un RV chez le gynéco et les plages horaires sont réduites. C’est exaspérant. »
« Oui j’ai toujours réussi à trouver les médecins, mais avec des longues listes d’attentes, j’ai déjà attendu 9 mois pour avoir une résonance magnétique, de plus je trouve que les médecins sont débordés et qu’ils zappent beaucoup de choses, il y a un certain manque de compétences. J’ai toujours dit que le jour où je serai vraiment malade je m’en irai. » 


D’autres expériences moins critiques du système médical québécois :
« Il faut dire que je n’attends pas qu’on me donne un rdv dans 10 ans … J’appelle tous les hôpitaux et parfois je vais au privé, mais très peu. »
« Noui. Globalement non, mais quelques mésaventures avec des opérations bien spécifiques. Cf X avec son hernie : 5 mois depuis son premier rdv et il n’a toujours pas été opéré après 3 reports de date. Et moi, attente de 5 à 7 ans pour le pied, donc je vais au privé. Difficulté à trouver un pédiatre pour les enfants, mais la situation semble aussi compliqué en France avec les spécialistes. Par contre, j’ai réussi à avoir un médecin de famille qui est très disponible. »
Personnellement, mes quelques visites à l’hôpital (fissure du scaphoïde, déchirure musculaire, prise de sang car je n’avais pas encore compris le concept des CLSC ☺) se sont en fait très bien passées, et m’ont permis d’avoir un médecin de famille tout de suite que je ne vois jamais, car je préfère mon homéopathe, avec même une expérience de prise de sang de 12 min, montre en main, en y allant un 27 décembre par tempête de neige ☺. Celui de mes interrogés n’ayant pas de mauvaise expérience a également été traité pour des fractures… « juste long, mais pas difficile »… donc il semblerait que pour les fractures, ça se passe bien ☺ ainsi que globalement pour les accouchements.
De toute façon, les choses étant dans ce domaine très loin d’être idéales et parfois loin de s’améliorer, en France et ailleurs, je pense que c’est malheureusement une preuve générale de systèmes de santé ne fonctionnant foncièrement pas…

Vous êtes-vous fait des amis au Canada ? Dont des Québécois ?

Passons à la vie sociale. L’une des critiques qui reviennent souvent sur le Québec est que, même si les Québécois sont considérés comme étant très accueillants, il serait difficile de s’en faire des amis.

La question « – Vous êtes-vous fait des amis au Canada ? Dont des Québécois ? », les réponses ont été que cela prend du temps et que l’on se retrouve logiquement plus entre immigrants au début, qui forment ensuite l’une des bases de nos connaissances. 

Amitiés montréalaises 2004

Je me permets de citer l’une des réponses reçues (merci Matthias : -)) : « Oui. Bien entendu, ça prend du temps. Et c’est compliqué, mais ce n’est la faute de personne. Trois facteurs entrent en jeu quand on arrive (et j’exclus l’envie de côtoyer des gens venus du même pays). On côtoie évidemment des gens avec qui on a des affinités. Quand on arrive, l’immigration est (naturellement) au centre de notre vie, et c’est un de nos principaux centres d’intérêt. On a donc tendance à passer du temps avec d’autres personnes qui discutent immigration alors que dans les autres domaines, on n’a pas de centres d’intérêt communs. Ensuite, il y a le fait que l’amitié, ça prend du temps : la plupart de nos amis précédents, on les avait côtoyés des jours et des jours à l’école ou au travail. Il faut le temps nécessaire pour que les liens se tissent et ça ne se fait évidemment pas avec chaque nouvelle personne, même sympa, qu’on rencontre. Et puis, il y a les distances : les amis potentiels n’habitent pas forcément dans le quartier, et ça diminue les occasions de socialiser. Il y a donc tout un processus, qui demande du temps. »
Et j’ajouterais que la société moderne semble manquer de temps en général.

Toujours là, mais Canadiennes en 2014!

Il semblerait donc qu’il ne soit pas si facile de se faire des amis québécois, mais pas impossible non plus et que les immigrants ont presque toujours plus d’amis immigrants. Je pense que, comme l’explique parfaitement Matthias, il faut faire attention à faire de vraies comparaisons pertinentes répondant à un même contexte. Nous n’avons, pour la plupart, jamais dû recréer entièrement notre réseau social. Par conséquent, il me semble difficile à démontrer que cela soit plus difficile au Québec qu’ailleurs. Recréer une vie sociale complète sans avoir les bases familiales et les amis d’école, comme dans nos pays d’origine, ne peut être qu’une tâche ardue, où que ce soit.
J’aurais tout de même tendance à trouver les amitiés nord-américaines plus superficielles, moins… assidues, disons… Est-ce le rythme de vie ? le nombre de distractions ? le fait que les gens ici ont, eux, déjà plusieurs réseaux sociaux et familiaux établis ? des habitudes individualistes réduisant le souhait de faire des efforts envers les autres ? Qui sait…
Une critique que je partage entièrement en revanche est la tendance d’annuler un rendez-vous à la dernière minute pour des motifs parfois un peu légers.

Trouvez-vous que le système scolaire québécois soit de mauvaise qualité ?

Une autre critique habituelle concerne le système scolaire, j’ai donc demandé à mon panel : « – Trouvez-vous que le système scolaire québécois soit de mauvaise qualité ? »
Pour celle qui y travaille : « Non, il est différent ». Dans ce domaine, n’ayant pas tous des enfants (ou alors tout petits) et n’ayant pas nécessairement fait l’expérience du système scolaire, il est évidemment difficile de nous prononcer. Une réponse intéressante a été : « non, chacun peut y trouver son compte ! Au moins ici, ils travaillent plus tôt et savent ce qu’ils veulent … Ici, on a droit à L’erreur ! En France pas sûr dans mes souvenirs. » Personnellement, j’ai cru comprendre que le système était beaucoup plus « humain » que « scolaire » ; il plaira ou ne plaira donc pas selon les principes de chacun. Les gens qui estiment que la réussite et le bonheur humain dépendent des connaissances académiques ne seront sans doute pas pleinement satisfaits. Les autres estimant qu’il est préférable que l’enfant s’épanouisse humainement préféreront peut-être le système québécois. Cela dit, il y a également des différences entre établissements, quartiers, etc.

Avez-vous souffert du racisme au Canada ?

À la question « – Avez-vous souffert du racisme au Canada ? », sur mes quatre représentants de « minorités visibles », trois ont répondu un « non » catégorique et une « Oui, mais pas plus qu’en France ». En fait, de manière intéressante, il semblerait que ce soit davantage les représentants de la « minorité audible » qui auraient ressenti des préjugés envers les Français. D’abord, un coup de chapeau au Belge de mon panel défendant les petits français : « J’ai déjà été victime de préjugés à cause de mon accent. Et, après 15 ans, je n’en peux plus d’entendre certains préjugés gratuits et faux au sujet des Français (alors qu’en tant que Belge, je n’ai rien contre le taquinage de Français… quand c’est justifié). » Un autre commentaire que je tendrais à partager : « J’ai constaté ponctuellement que les Québécois entretiennent un sentiment d’infériorité par rapport aux Français (leur façon de parler, leur vocabulaire), ce qui peut rendre les relations pénibles au début. »
Par conséquent, il peut en effet y avoir des a priori et le « travail » est de faire changer les opinions ; ce qui selon les caractères et comportements peut aller vite… ou pas. Si on se comporte comme un « maudit français » qui critique, qui juge et qui ronchonne, on peut risquer de se sentir mal aimé. Sinon, non ☺.

Avez-vous souffert du climat au Canada ?

L’autre sujet d’importance : le climat, sujet qui m’est particulièrement cher puisque je suis ici pour l’hiver. Les réponses à  la question « – Avez-vous souffert du climat au Canada ? » ont d’abord en fait rappelé de ne pas sous-estimer l’été qui peut être très chaud et humide et pour certains plus pénible à supporter que l’hiver (d’ailleurs l’un des immigrants de notre « gang » d’origine à quitter le Québec pour l’Alberta, car il faisait trop chaud au Québec l’été ! ☺). Une autre difficulté (que j’ai également observé au Japon et dont je me rends davantage compte en fonction des allers-retours avec la France) : le soleil se couche tôt en hiver et en été, donc la journée diurne est courte…

Pour ce qui est de l’hiver ? Et bien les réponses sont quand même assez partagées… Cinq sur huit trouvent les hivers longs : une est partie à Vancouver à cause de ça ; une fait quand même remarquer qu’en Afrique on se plaint bien des pluies diluviennes et de la sécheresse selon la saison ; mon autre« Africaine » conclut qu’il fait « frette en titi [i.e. « Il fait frette en ostie ! », donc il fait très froid], Mais bon, c’est pas la fin du monde! ». Trois autres comme moi adorent le froid. Personnellement, plus les années passent, plus j’aime l’hiver… Sans doute parce que je travaille chez moi, que je n’ai pas de char et que je peux être ailleurs quand je veux, mais également qu’à force de voyager, je constate à quel point il est rare de vivre quand même confortablement dans un climat froid. Il y a très peu de grandes villes dans cette situation… Et j’aime l’air, l’odeur propre de l’hiver. Cette année, pratiquement pas de neige un 28 janvier. Je me demande si je ne vais pas déménager à Sapporo d’ailleurs qui, à la même latitude que Vladivostok, au moins assurerait peut-être davantage !

Si vous êtes repartis, pourquoi? Si vous êtes restés, pourquoi ?

Enfin, de manière plus générale, un résumé des réponses aux questions « Si vous êtes repartis, pourquoi? Si vous êtes restés, pourquoi ? Voulez-vous revenir ? Voulez-vous partir ? » « -Qu’est-ce que vous aimez/aimiez au Canada par rapport à votre souvenir ou à votre vie ailleurs ? -Qu’est-ce que vous n’aimez/n’aimiez pas au Canada par rapport à votre souvenir ou à votre vie ailleurs ? -Qu’est-ce qui vous manque/manquait au Canada pour être parfaitement heureux? -Qu’est-ce qui vous manque du Canada maintenant que vous n’y êtes plus ou qu’est-ce qui vous manquerait si vous deviez vivre ailleurs? »

Les plus : la qualité de vie en général, la paix, la sécurité, la tranquillité, la qualité de vie, la gentillesse des gens, l’ouverture d’esprit (la confiance), l’absence d’élitiste/de piston, la beauté des paysages, la nature, l’ambiance plus détendue en général, l’accès à l’emploi, à la propriété, davantage de temps personnel, moins de temps au travail, plus accès à des activités, les brunchs, le bon équilibre vie professionnelle et personnelle, l’hiver, l’absence de pression de la famille, l’acceptation des autres, la vie facile, la simplicité des gens, le froid, les saisons, l’espace, le festival Fantasia ☺.



Les moins : les transports en commun, le choix limité de magasins etde produits, l’absence de la famille, des amis éloignés, le coût supérieur pour voyager ailleurs, le complexe d’infériorité des Québécois, pas une grosse rigueur pour bien faire les choses, le potentiel des gens non exploité (pas autant de valorisation individuelle que du côté anglophone), la mentalité « cheap », l’hiver, le manque de diversité, un certain manque de culture, de journalisme de qualité, les travaux incessants, l’état des routes, les Français rochons, la montée de la délinquance, la difficulté de se faire des amis durables, le système de santé, une certaine incompétence dans certains milieux, un certain négativisme, la slosh!!

                                

Qu’est-ce qui vous manque du Canada maintenant que vous n’y êtes plus ?

Une jolie réponse bilan à la question « Qu’est-ce qui vous manque du Canada maintenant que vous n’y êtes plus ou qu’est-ce qui vous manquerait si vous deviez vivre ailleurs » : « Tout ce que j’y aurais construit […]. »

De nombreuses expériences enrichissent nos vies et changent nos priorités et nos désirs. Sur un mois, sur une année, sur dix ans, il y a nécessairement des moments où on aime plus ou moins notre vie et notre environnement, qu’on soit n’importe où. C’est évidemment pareil lorsque l’on est immigrant. Par conséquent, bien sûr que le Québec n’est pas parfait, mais, globalement, et particulièrement en ces temps derniers, je suis vraiment très heureuse d’être Canadienne et de vivre dans un pays tolérant où 3,1 saisons (oui, le 0,1 c’est le printemps ! Il vaut mieux ne pas éternuer ou cligner des yeux au risque de le rater) y rythment notre vie qui y est globalement bien plus paisible que dans la plupart des autres pays du monde.

Les merveilleuses saisons québécoises 🙂

   

    


[Toutes les photos sont à moi… Oui, je vous le concède, elles représentent pour la plupart une vision très idyllique de Montréal, mais, il faut avouer qu’il est rare pour tout le monde de prendre en photo des choses qu’on n’aime pas… 🙂 J’ai bien cherché des photos de slosh (je sais que j’en ai!!), mais je n’ai pas réussi à les retrouver! ☺]

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Écrit par
FrenchPeg

Cette Française originaire du Mans est arrivée au Québec en bateau en 2001. Elle a participé activement aux blogs du forum au début des années 2000. Peggy a toujours continué de travailler en traduction au Québec. Elle a pris racine à Montréal et a fait un bilan en 2017 de son immigration dans la Belle Province. https://www.immigrer.com/equipe-chroniqueurs-frenchpeg/

6 commentaires

  • L’image que l’on vous donne a l’extérieur du Quebec est totalement différente de la réalité, si vous avez un travail correct dans votre pays, inutile de dépenser de l’argent et du temps pour immigrer, par contre en tant que touriste cela peut être agréable en été.

  • …J’ai par conséquent envoyé un petit questionnaire d’une vingtaine de questions à quinze de mes connaissances ayant immigré au Québec depuis plus de dix ans.

    >> échantillonnage douteux et non représentatif. Conclusions à prendre et à laisser…

  • On m’a oublié !!!!!!
    maudzzzzziiiite translasssioniiiste lol !!!!!
    Tant pis…. pour 2024 alors….

    Sinon pour la réponse de ‘Bonjour’, je trouve un peu raide dans votre réponse…
    On parle bien d’un témoignage….
    pas d’une analyse de la Chaire de recherche du Canada sur les inégalités sociales et les parcours de vie…
    Peg a fait cela pour partage de témoignages (plusieurs en plus), avec plaisir surement, avec du coeur certainement…

    et a pris largement, largement,largement le temps de taper de longs paragraphes…

    Si vous lisez bien (si vous le connaissez aussi un peu), elle mentionne ELLE MEME qu’elle n’est pas représentative de l’immigrant moyen… que sa situation est une exception…
    elle en a pleine conscience et je doute qu’elle prétende que ce qu’elle nous livre ici a caractère plus général que la simple compilation de témoignages….

    Mais c’est une grande fille qui pourra nuancer elle-même, si elle en voit le besoin….

    Marc, immigrant de longue date…
    (D’ailleurs, si on me posait ces questions plus haut, je pourrai vous en donner de la nuance… vous zan voulez, en voila : j’ai changé de carrière, mon couple a explosé en vol 3 ans après l’immigration, j’ai connu la faim et le froid, mes enfants sont des in-vitro = super galère pour avoir ces petits miracles, super stressant les procédures.. , j’ai connu 4 périodes moyen-long terme sans emploi (ou 3 je sais plus comment les comptabiliser), j’ai fait de nombreuses jobines et j’en suis fier…)

  • Bonjour,

    Votre témoignage prétend être représentatif, mais vous avez pris des personnes de votre « gang ». Donc même s’ils sont d’origines variées en termes de pays d’origine, vous ne nous dites pas ce qu’ils font comme travail, quelle catégorie socio-économique, ce à quoi ils aspirent. Deux français du même âge qui partent l’un pour travailler dans une entreprise pour le développement de l’équitable, un autre qui est musicien et démarre un groupe de musique qui fait les bars, un autre qui s’occupe de l’entretien ménager dans une maison de retraite, n’auront pas la même expérience d’immigration, vous le comprenez bien. Je pourrais faire la même étude avec ma « gang ». Nous sommes arrivés aussi au Québec il y a 10 ans, en 2006, nous avons
    30 ans aujourd’hui, et l’une qui est portugaise est partie en Australie,
    l’autre polonaise est partie aux USA, moi je suis repartie en France et pourtant j’ai maintenant la double nationalité,
    un autre sud américain est reparti en Colombie.

    Mais ce genre de témoignage/étude à petit échelle, je ne le ferai pas
    car je ne pourrai jamais prétendre représenter quoi que ce soit,
    l’expérience d’immigration est liée à tant de facteurs autres que ceux
    que vous décrivez, et quand on écrit ce genre d’article on prend la
    responsabilité aussi d’influer sur les décisions de beaucoup de gens. Il
    y a des sociologues qui passent des mois à établir un protocole
    d’enquête pour que leur enquête soit représentative.

    Vous avez beaucoup mis en avant le côté pratique, économique, accès aux soins, etc. Pour nous l’essentiel était ailleurs et nous ne l’avons pas trouvé, on s’est tous aperçus au bout de plusieurs années qu’il y avait quelque chose avec lequel on ne pouvait pas vivre, et on s’est étonnés de ressentir la même chose sans pourtant en avoir jamais parlé. Quelque chose derrière la « confiance, la simplicité » c’est encore un cliché bien français sur les québécois et eux-mêmes en ont marre de ça. Il y a des choses à gratter bien au-delà de ces aspects de vie pratique et matérielle, qui effectivement, sont très agréables.

    L’idée que « au début on reste dans sa communauté » est un cliché également. Personnellement je n’ai jamais été avec des français, j’ai toujours été avec des québécois, des hispanos, des anglophones, des africains, des maghrébins, dans des colocs. Nous avons vécu à St Michel, NDG, Côte des Neiges, Verdun, St Henri, bref des quartiers bien différents de ceux où la plupart des Français se retrouvent.

    Voilà c’était juste un message pour vous dire de faire attention, vous n’êtes pas représentatifs et faire des généralisations aussi catégoriques cela laisse de côté tous les autres qui se disent du coup : bon alors moi en tant que français qui suis déçue du Québec, je dois en penser quoi ? Que je ne suis pas normale ?

    • Bonjour « Bonjour »,

      Pouvez-vous développer : [« Pour nous l’essentiel était ailleurs et nous ne l’avons pas trouvé, on
      s’est tous aperçus au bout de plusieurs années qu’il y avait quelque
      chose avec lequel on ne pouvait pas vivre, et on s’est étonnés de
      ressentir la même chose sans pourtant en avoir jamais parlé. Quelque
      chose derrière la « confiance, la simplicité »] ou donner des exemples concrets car j’ai du mal à cerner le manque dont vous parlez.
      Je me pose des questions sur faire ou non le « grand saut » et j’aimerais comprendre ce qui vous a manqué ou déçu dans la vie au Québec, hors coté pratique et matériel. Merci.

  • Centre Éducatif

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