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Rencontre avec l’Amérique

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J’avais hâte de connaitre New York, maintenant c’est fait. On peut être pourfendeur de la politique US dans le monde et être quand même fasciné par l’Amérique et par New York. Certes, on parle du pays de G.W Bush mais c’est aussi le pays de ceux et celles qui ont permis à un peuple encore hanté par l’histoire récente de la ségrégation raciale de porter au pouvoir un Noir et fils d’étranger. Peut être que Barak Obama ne fera pas grand-chose de son mandat mais ceux qui l’ont élu, ont déjà fait quelque chose qui mérite le respect.

C’est la formule de voyage organisé que nous avons choisie ma femme et moi pour nous rendre à New York. Le bus part de Québec vers 2h du matin et fait escale à Longueuil et à Montréal pour y ramasser d’autres passagers. À 5h du matin, le compte y est et le chauffeur peut mettre le cap vers le sud. Au poste frontalier, on a de la chance, nous dit Dominic le guide du voyage, notre bus est le deuxième à arriver sur les lieux. Les procédures ne devraient pas être longues, promet-il. Erreur : le garde-frontière ordonne de faire débarquer tous les passagers et de les diriger vers les bureaux de la douane américaine pour des vérifications.

Que faites-vous dans la vie? Je suis enseignant. Et vous madame? Je suis étudiante. C’est votre prof? Non, c’est juste mon mari, plaisanta ma femme. Avec les questions sur le nom de notre hôtel à New Jersey et sur la durée du séjour, la prise d’empruntes et de photographies, c’est l’essentiel de l’échange que nous avons eu avec ce jeune agent assis derrière un guichet. Tous les passagers de citoyenneté canadienne ont vite regagné leurs sièges dans le bus. Ce ne fut pas notre cas mais l’agent ne nous posa plus de questions. Il travaillait plutôt sur son ordinateur, demandait de l’aide à son collègue de gauche ou se levait pour aller ailleurs dans ce grand local où les employés déambulaient dans une atmosphère détendue. Je me suis demandé pourquoi mon cas l’occupait tant en le regardant feuilleter sans cesse mon passeport alors que ce n’était pas notre première « incursion » dans le territoire américain. En effet, à l’occasion d’un voyage aux chutes de Niagara, il y a quelques mois, on s’est offert une virée nocturne dans la ville de Buffalo. La procédure d’entrée sur le territoire américain fût, alors, longue – près d’une heure – mais on nous remit un coupon blanc qui aurait dû nous simplifier les formalités cette fois-ci. Hélas !

Subissent-ils des pressions particulières de la part de leurs supérieurs dès lors qu’ils ont un faciès et/ou un passeport comme le mien sous la main? Cet agent a-t-il, lui, quelque chose contre les Algériens en particulier? Toute une série de questions me taraudait l’esprit pendant l’attente que je trouvais injustifiée et que, j’imagine, les autres membres du groupe commençaient à trouver longue. D’ailleurs, j’étais bien mal à l’aise en pensant à ces derniers. Que devaient-ils se dire dans le bus? Que, peut être, on a quelque chose à se reprocher? Que ce n’est pas intéressant de faire ce genre de voyage avec à bord du bus des gens systématiquement suspects? Mais de quel droit penseraient-ils ainsi ? Après tout, je n’ai rien à me reprocher. Je me suis alors rappelé ces entreprises québécoises qui travaillent beaucoup avec les USA et qui hésitent à recruter des compétences « musulmanes » en raison des tracas que ces dernières subissent aux frontières. Cette gêne a heureusement disparu dès que l’agent – manquant visiblement d’expérience – nous rendit nos passeports non sans nous souhaiter la bienvenue dans son pays pendant qu’un de ses collègues n’en avait pas fini avec une famille française qui voyageait avec nous. Le soir, j’apprenais à la télé, la nouvelle de l’attentat raté la veille sur le vol Amsterdam-Détroit.
Notre séjour, bien que court, a été agréable. Dominic nous a fait découvrir de nombreux sites : Broadway, Time Square et la 5e avenue mais aussi la Grand Central Station, une merveille architecturale, qu’on a failli démolir en 1967 sans doute pour la remplacer par un gratte-ciel. Dominic nous montra l’ancien bureau de Clinton (Bill) installé à Harlem, mythique quartier Noir aujourd’hui métissé. Il nous parla d’Ellis Island où ont débarqué plus de 12 millions d’immigrants entre 1892 et 1954. On a aussi visité le Greenwich Village et Central Park poumon de cette ville où l’on est rendu à vendre les espaces au dessus des immeubles pour y construire d’autres étages… faute de terrains disponibles. On est monté au 86e étage de l’Empire State Building pour une vue à 360o de l’île.

J’ai trouvé New York belle et propre. Plus propre que Toronto et Montréal. New York serait aussi plus sécuritaire qu’il y a quelques années. L’île de Manhattan, principal « borough » (circonscription) de New York est par contre une ville de riches. Les loyers y sont trop chers pour être accessibles à la classe moyenne. Le paradoxe est que les gens, qu’on voit dans le métro ou qui travaillent dans les restaurants et dans les milliers de magasins de Manhattan, des Noirs et des Latinos en majorité, n’habitent en général pas sur l’île. Contrairement à Sinatra dans sa chanson « New York, New York », ces travailleurs « d’en bas » ont beau avoir envie de se réveiller chaque matin dans cette ville qui ne dort jamais, ils n’en ont pas les moyens. Pas parce qu’il n’y a pas d’HLMs. On en a vu au cours du tour de la ville mais il parait que le délai moyen pour avoir un appartement, est rendu à 110 ans. À peine intéressant pour déposer une demande dans l’espoir de procurer un logis à son arrière-petit-enfant. Les moins nantis habitent notamment dans le Bronx, le Queens ou à New Jersey en périphérie de la célèbre île. Il y a bien sur des laissés-pour-compte dont personne ne semble se soucier. On les aperçoit parfois, la journée, à l’intérieur des églises en quête de quelques instants de répit dans leur vie infernale.

À Manhattan, on dit par ailleurs que Chinatown est le seul quartier dont la population n’augmente jamais pour insinuer qu’il sert d’abris aux nombreux sans papiers que compte New York. Chinatown est aussi l’endroit où n’importe qui peut se payer une montre Rolex…à 25 dollars. Pour ne pas rater sa vie, selon la désormais célèbre phrase du publiciste français Jacques Séguéla, il suffit donc d’y faire un tour… avant d’avoir cinquante ans. En fait le quartier est chinois par ses boutiques mais la rue (Canal Street) est investie pas des vendeurs à la sauvette en majorité venus d’Afrique, notamment francophone : Sénégalais, Maliens,…On se croirait dans certaines rues d’Alger où les « Trabendistes » et la police jouent au chat et à la souris à longueur de journée. Des sentinelles, installées aux bouts de la rue, sonnent l’alerte, dès qu’une voiture de police s’approche, pour permettre aux vendeurs de ramasser leurs valises et de quitter momentanément les lieux. Pas loin de Chinatown, on s’est promené dans la très décorée Little Italy où l’on trouve de bons restaurants comme un certain La Nonna sur Mulberry Street.

Dans le Downtown, on a bien mangé dans le Dallas BBQ, immense restaurant populaire. Tous les plats, portions de steak, breuvages y sont énormes. Le gigantisme US ! J’ai trouvé les prix abordables et les serveuses (les serveurs aussi) attentionnées au point de mériter naturellement les pourboires qu’on leur donne.

Oui, j’ai bien apprécié mon séjour. Je l’aurais peut être moins apprécié s’il avait eu lieu après les mesures décidées par l’administration Obama suite à l’attentat raté. Mais qui ne comprendrait pas qu’un peuple veuille se protéger? On ne peut pas rester inactif quand on apprend qu’un homme a failli se faire exploser dans un avion avec l’intention d’ôter la vie à des centaines de passagers. Ceci étant, je crois que les mesures prises par l’administration US sont à la fois inefficaces et discriminatoires vis-à-vis des citoyens des 14 pays ciblés. Certains diront que la liste d’Obama lui sert surtout à atténuer l’inquiétude des américains et à montrer qu’il veille sur leur sécurité. À New York, pourtant, je n’ai pas senti la population sur ses gardes, encore moins prête à sacrifier la liberté et la dignité humaine à la sécurité. Pas même à Ground Zero demeuré immense chantier huit après les événements tragiques du 11 septembre. On voudrait maintenir l’état de choc tel quel pour justifier une politique belliqueuse permanente, que l’on ne s’y prendrait pas autrement. On peut longuement disserter sur cela mais ce texte est avant tout un témoignage sur ma « découverte » de l’Amérique. L’Amérique de Bush, c’est vrai. Mais aussi l’Amérique de Michael Moore, Oliver Stone, Sean Penn,…et de tous ceux et celles qui ont décrété, il y a un peu plus d’un an qu’ils pouvaient changer leur pays. Yes they can!

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Écrit par
Rayan

C’est à l’âge de 42 ans que Rabah alias Rayan arrive au Québec en octobre 2006 en provenance d’Algérie. Il s’installe avec sa famille dans la ville de Québec puis par la suite à Laval, au nord de Montréal. Rayan travaille dans l’enseignement et écrit depuis 2008 sur le site immigrer.com.

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