Après une première entrevue à propos de mon retour en France, nous allons poursuivre dans cette lancée avec cette fois-ci un thème qui relance un débat récurrent: Québec versus Montréal. Aujourd’hui, vous saurez tout du pourquoi j’ai choisi Québec. Et pour donner aussi des points à Montréal, je soulèverai ses avantages même si j’ai délaissé cette ville pour la ville de Québec.
Qu’est-ce qui t’a amené à la ville de Québec plutôt qu’à Montréal comme la majorité des immigrants ?
La ville de Québec, et particulièrement l’arrondissement de Beauport est là où tout a commencé. Comme dans un livre, il y a forcément une première page. Eh bien la ville de Québec est la première page de mon histoire québécoise. Et la préface a été écrite en France. Alors que j’étais en pleine recherche de stage au Québec, dans le cadre de mes études, mon regard s’est arrêté sur une dizaine d’organismes environnementaux répartis aux quatre coins de la province : à Québec, au Lac St-Jean, en Gaspésie et à Sherbrooke. Après une flopée de courriels puis une ribambelle d’appels téléphoniques, j’ai eu une offre au Lac Saint Jean à Dolbeau, une en Gaspésie à Port-Pabos et une à Québec. Pour des raisons de centralisation géographique, d’offre de stage correspondant le mieux à mes attentes et à mes compétences, et non des moindres parce qu’ils étaient les premiers, j’ai choisi Québec !
Par la suite, lors de mon retour au Québec pour m’y installer, j’ai préféré poursuivre la construction de ma nouvelle vie là où j’avais au préalable coulé les fondations, soit à Québec. D’autant que mon ancien employeur québécois me proposait un emploi rémunéré, sans parler de mes amis, tous vivant à Québec.
Et pourquoi pas Montréal ?
C’est bien simple, je n’y connaissais personne et je n’aime pas la vie dans les grandes villes. Il me faut de l’espace…
Quels sont les avantages de Québec ?
Tel que je l’ai mentionné précédemment, Québec est une ville centralisée, pas plus éloignée de la Gaspésie que de la Côte Nord, elles-mêmes trop éloignées de Montréal…
Je ne suis pas plus loin de Chicoutimi que de Montréal. Bref, j’ai le choix de partir en vadrouille en forêt, en ville ou en campagne.
Québec est ma Corse à moi, où la ville côtoie la forêt et chatouille la campagne !
Québec me séduit avec ses allures de ville sans gratte-ciel avec une âme européenne ancrée au plus profond d’elle-même depuis près de 400 ans. Un cœur français protégé d’une cage thoracique nord-américaine.
Une ville à la campagne avec la forêt au nord, l’agriculture au sud et traversée par des artères menant aux quatre coins de la province. La vie du travailleur québécois n’est pas ponctuée par de la congestion chronique hormis aux heures de pointes incroyablement plus dérisoires qu’à Montréal.
D’ailleurs, la fréquence de journées de smog en témoigne.
Pour les adeptes de la neige, c’est la bonne place ! La capitale nationale est située parmi les endroits les plus neigeux du Québec.
Le logement y est encore abordable. Sauf si l’on habite dans les quartiers les plus huppés. Et un autre « avantage », la population est davantage francophone qu’à Montréal.
Et pour les étudiants, l’université Laval offre de nombreuses formations avec diplômes.
Et les désavantages ?
J’entends déjà les pro-Montréalais s’exclamer que la job se trouve plus facilement à Montréal qu’à Québec. Là-dessus je ne suis pas tout à fait d’accord. En effet, le marché de l’emploi de Québec est tout à fait florissant, d’ailleurs, je n’ai jamais manqué de travail. Les jobs offertes sont diversifiée sauf dans les secteurs tel que l’informatique.
Le transport en commun n’est pas des plus performants surtout dans les secteurs périphériques au centre-ville.
Est-ce moins important qu’être habile avec l’anglais à Québec par rapport à Montréal ?
L’anglais est-il moins nécessaire à Québec qu’à Montréal ?
Pour ma part, j’en ai jamais eu besoin, ou le peu de fois c’était lors de mes déplacements hors province et lorsque je dois lire des procédures en anglais pour mes inventaires. Aussi, je n’ai pas une job qui me demande d’utiliser l’anglais mais j’imagine que dans le domaine de l’informatique, du commerce et dans tout service à la clientèle, l’anglais est un atout et parfois une obligation face à une clientèle anglophone. Mais la situation est incomparable à Montréal où il existe beaucoup de compagnies anglophones où l’usage du français est minime.
En conclusion, à Québec nous pouvons facilement nous passer de l’anglais étant donné la minorité d’anglophone.
À part le Vieux-Québec bien connu des touristes, qu’est-ce qui est beau dans la région de Québec ?
Très bonne question. Assez subjective mais il est vrai qu’il existe « les incontournables » :
– Les chutes de Montmorency, spectaculaires et plus hautes que les chutes de Niagara.
– Le Parc Jacques Cartier,
– Les pistes cyclables qui sillonnent la ville,
– Le musée de la Civilisation,
– Les stations de ski dont le Mont Ste-Anne,
– Le Cap Tourmente, zone naturelle en bordure du fleuve.
J’en oublie sûrement, mais il ne m’en vient pas d’autres à l’esprit. Je lance donc un appel au Québécois…
Te sens-tu près de la nature à Québec ?
Oui, même si je ne me sentais jamais assez près de la nature. Dans la ville, de nombreux parc ont été créés, tel que le parc Maïzeret (pdf), le bois de Coulonges. Et comme je l’ai dis plus haut, le Parc provincial Jacques-Cartier, situé dans la réserve des Laurentides, est une bonne occasion de s’évader de la ville à 30 min de chez-nous, toute l’année. Aussi, le fleuve est à lui seul un chef d’œuvre naturel !
De l’autre bord des ponts, vous avez aussi une immense tourbière non aménagée, la « Grande Plée Bleue ». Je pourrais encore vous nommer la réserve de Duchesnay, la station Stoneham. Bref, vous en avez pour un bon bout de temps à parcourir tous les secteurs naturels qui entourent Québec.
Quelles escapades dans la nature préfères-tu à Québec ? Quelles sont les choix ?
A chaque hiver et au moins une fois durant l’été, je pars marcher dans les Hauts de Beauport (ancienne ville fusionnée à Québec), la forêt y est peu présente et il existe seulement que de petits chemins de terre.
L’hiver, je vais aussi sur la rive-sud observer la chouette Harfang.
Hormis les autres coins cités plus haut, j’aime me rendre à la base plein-air de Ste-Foy y faire naviguer mon voilier télécommandé (une maquette d’un mettre de long, 1,70 m de haut).
Y a-t-il beaucoup de jobs en dehors du fonctionnariat ?
Oui, Québec est une ville multidisciplinaire où tous les corps de métiers sont représentés. N’oubliez pas que les fonctionnaires ont besoin de manger, de s’habiller mais aussi d’avoir des loisirs ! Aussi, Québec est un lieu stratégique pour les entreprises qui ont des marchés en région.
Est-ce que le stress de la vie de tous les jours est moins fort à Québec qu’à Montréal ?
Je n’ai jamais vécu dans une ville où la vie est stressante. Par contre, plus tu vas en région, plus la population est « relax » et détendue. Alors j’imagine que dans une ville telle que Montréal, le stress peut être plus important. Plus la concentration humaine augmente, plus le stress augmente. Cependant, la tolérance au stress dépend de chacun, certains sont stressés dès qu’ils sont dans une ville comme Québec tandis que d’autres, rien ne les affecte .
Néanmoins, Québec est réputée comme étant moins stressante et Montréal moins stressante que beaucoup de villes françaises… alors c’est selon la tolérance au stress de chacun.
Y a-t-il beaucoup d’activités culturelles à Québec ? Peux-tu me parler de celles que tu préfères ?
Bien entendu, Québec s’est doté de plusieurs musées dont celui du Port et celui de la Civilisation où de grandes expositions sont présentées. Une des dernières en date est celle de Tintin et auparavant celle de la Russie avait été montrée.
En plus, des expositions, de nombreuses manifestations ponctuelles sont offertes tout au long de l’année :
– Le Carnaval de Québec,
– Le Festival d’été: Cette année Les Cowboys Fringants, Renauds, Trio, Manu Chao s’y exécuteront,
– Le Festival Juste pour Rire,
– Les feux d’artifice de Loto-Québec,
– Les fêtes de la Nouvelle-France,
Au niveau sortie, c’est comment à Québec ?
Il est évident que le dénombrement des bars et clubs de la ville de Québec est incomparable à celui de Montréal. Mais la diversité est au rendez-vous le long des deux rues phares de la ville. En effet, la Grande Allée, jumelle de la rue Ste Catherine à Montréal, et la rue St Jean, abritent des bars pour tous les goûts. Que vous soyez adepte de la musique techno, du rap, de la musique Québécoise, du rock, ou encore de la musique latino, vous serez comblé ! Aussi, vous aurez le choix entre une ambiance décontractée où l’on peut jaser sans élever la voix au point de se crier après ou alors vous pourrez aller trémousser votre corps sur une piste de danse. En conclusion, y’en a pour tous les goûts et tous les porte-monnaies,
Peux-tu me parler du quartier ou des quartiers où tu as habité à Québec ?
J’ai habité dans deux quartiers tout à fait à l’opposé de l’un de l’autre. Le premier: Beauport. C’est un quartier plutôt calme, un peu excentré situé sur les hauteurs de la ville surplombant par endroit le fleuve. Toutes les strates de la population y sont représentées : jeunes/vieux, riches/pauvres…
Vous y trouverez de nombreuses grandes épiceries, quincailleries et à l’opposé des dépanneurs de quartiers.
Et actuellement je vis à Ste-Foy, l ‘arrondissement étudiant par excellence, l’université en est à l’origine. Ste-Foy se caractérise par de grands centres d’achats, le marché de Ste-Foy et les Halles.
Est-ce difficile de se lier d’amitié avec les gens de Québec ?
Non, pas spécialement. Pour ma part, j’ai fraternisé avec le commis du dépanneur à côté de chez-nous, il est devenu un véritable chum (ami). Néanmoins, les relations amicales ne se lient pas aussi facilement qu’en région. Je n’ai jamais eu de misère mais j’avoue posséder une facilité à nouer relationnelle. L’essentiel est de ne pas hésiter à aller vers les autres sinon tu risques d’attendre et le plus important c’est qu’il est indispensable d’entretenir la flamme de l’amitié au risque qu’elle s’éteigne d’elle-même.
Aujourd’hui, j’ai des amis de toutes sortes, issus de milieux sociaux-professionnels différents. L’effet boule de neige y est pour beaucoup puisque mes amis me présentent à leurs amis et tout s’enchaîne !
Comment perçoivent-ils les immigrants qui sont vraiment minoritaires à Québec ?
Cette question est plutôt difficile à répondre sachant que la réponse ne peut qu’être particulièrement subjective. A mon avis, les immigrants sont relativement bien acceptés dans la mesure où ils se font « discrets » et où ils n’imposent pas leur manière de vivre et de penser aux Québécois.
Parmi les immigrants, ceux originaires de la France semblent avoir la cote la plus importante.
Que penses les habitants de Québec des Montréalais ?
Inutile d’épiloguer sur le fait qu’il existe une certaine « rivalité » entre Québécois et Montréalais similaire à celle qui persiste entre Parisiens et Français provinciaux. Ainsi, les Québécois qualifient les Montréalais de citadins qui s’imaginent être les seuls vivant dans une « véritable ville » et non dans un « village » ou l’emploi et l’animation riment avec morosité… Ainsi, nous y voyons un certain « snobisme ».
Parfois, les habitants de Québec soulignent les phénomènes de violence existants à Montréal avec notamment la présence de gangs de rue. Montréal est aussi la ville où l’immigration est la plus marquée.
As-tu bien été accepté comme Français ?
A partir du moment :
– que tu es capable de rire lorsque l’on te qualifie de maudit français,
– que tu endures avec sourire les québécois imitant piètrement ton accent,
– que tu ne compares pas la France au Québec à chaque instant,
– que tu ne reprends pas les paroles des Québécois à coup de syntaxe.
Si tu remplis ce contrat tacite, t’es correct ! Pour répondre à la question, oui je l’ai rempli. Je me considère tout à fait bien accepté.
Y a-t-il beaucoup de Français à Québec ?
Beaucoup moins qu’à Montréal, environ 4000 âmes hantent le comté. Néanmoins, la population française est suffisamment représentée pour que je croise régulièrement des compatriotes à la job et par l’entremise de mes amis ou encore dans la rue.
Que penses-tu de tous ces immigrants qui choisissent en majorité Montréal ?
Joker. Ils ont bien raison, nous sommes bien assez à Québec.
Ben disons que s’ils sont restés à Montréal par choix c’est tout à fait respectable mais si c’est seulement la peur de ne pas trouver de job ailleurs qui les pousse à rester à Montréal…. c’est bien dommage pour eux.
Aussi, j’ai l’impression qu’ils forment une « mini France » sur le Plateau, (quartier de Montréal). Ont-ils peur de se sentir seuls et déracinés s’ils osent s’aventurer en dehors de Montréal? Ils semblent également aspirer davantage à vouloir vivre à la « française ».
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