Il y a à peine trois semaines, j’étais en Tunisie pour mon premier voyage depuis six ans, un voyage dans le temps dirais-je. J’ai encore un goût amer dans la bouche et des larmes au coin des yeux, ma famille me manque et puis le goût des vacances m’enivre encore. Pourtant loin d’avoir renoué avec ce pays natal et comme tout vacancier, j’étais contente de rentrer chez moi, soulagée de retrouver mes habitudes et mes amitiés. Tu m’avais tellement manqué ma belle Tunisie et je pense que tu me manqueras toujours, comme un amour impossible, tu me tortures et tu me déraisonnes, pourtant je ne peux que te quitter encore et encore.
Le Québec est mon chez moi et aujourd’hui je sais que je mourrai ici heureuse et épanouie. Pourquoi ? la réponse est simple pourtant, ici j’existe en tant que personne, en tant que femme et en tant que mère. Ici peu importe mon âge, mon sexe, ma religion, ma couleur ou mon orientation sexuelle je suis sure d’avoir des droits et des obligations en tant que citoyenne, respectée pour ce que je suis peu importe qui je suis.
Vous me trouvez idéaliste, mais non je suis consciente qu’il reste beaucoup de choses à faire ici et je suis prête à m’y investir parce que je sais que ma voix sera entendue, je sais que je peux réclamer des services publics parce que je paie des impôts, je sais que je peux voter pour un gouvernement en toute liberté, je sais que je peux marcher dans la rue sans me sentir jugée pour mes opinions mais seulement pour mes actes. Ici je me sens en sécurité, je me sens protégée par la loi et par un corps de police à l’abri de la corruption.
Immigrer est probablement une décision un peu égoïste, on choisit de vivre un autre combat, on choisit de se battre pour une autre réalité et dans tout choix il y a, à un moment donné, un deuil à faire. Pour pouvoir vivre pleinement sa nouvelle vie, il faut se détacher de l’ancienne et avancer. J’ai fais ce choix et pendant six ans je me suis demandée si j’avais pris la bonne décision. Après tout et je dois l’admettre j’aime ma Tunisie, c’est mon pays natal et c’est là où j’ai grandi et j’ai de très bons souvenirs d’enfance mais aujourd’hui la Tunisie a changé et j’ai changé et j’ai compris lors de mon dernier séjour que je ne peux plus y vivre.
Je dis toujours qu’il y a deux types d’immigrants, ceux qui restent et ceux qui finissent par repartir, les premiers selon moi font à un moment ou à un autre ce deuil et ferment la porte qui pourrait les ramener à leur terre natale. Les autres répondront tôt ou tard à l’appel de leur patrie.
Cette chronique est ma deuxième et j’ai encore beaucoup d’histoires à raconter sur mon parcours au Québec mais j’ai choisi de parler de ce que je vis en ce moment et peut être que ce que je dis touche certains d’entre vous qui êtes encore partagés entre deux vies ou entre deux pays. A ceux là je dis donnez vous du temps car le temps répond à toutes les questions, un jour la réponse à vos interrogations vous paraitra claire et limpide comme l’eau de roche. Quand ce moment viendra, soyez à l’écoute.
A tous les autres, qui ne se retrouvent pas dans ces mots, je vous dis à la prochaine chronique !
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