Serez-vous nostalgique ?
C’est surement les dernières chroniques ou peut-être un peu de recul depuis les 8 mois que je suis ici car à chaque que c’est mon tour d’écrire une chronique, je n’ai rien à dire parce que j’ai une vie normale, comme mes voisins ou mes amis. Je n’ai plus vraiment l’impression d’être immigrante. Mais aujourd’hui je suis inspirée ….
Je m’adresse à pleins de personnes mais je pense particulièrement aux amoureux de l’exil qui comme moi viennent d’un pays moins riche que le Canada. Je suis entourée de gens d’ici et je rencontre de temps à autre des gens d’ailleurs, comme moi. Je suis toujours aussi heureuse d’être ici car mis à part ma famille qui me manque mais qui est toujours aussi présente dans ma vie et des personnes chères que je n’ai pas perdues, je n’ai rien laissé derrière moi. Aucun acquis social, aucun confort, aucun immobilier, aucune voiture, pas de carrière de véritablement entamée. Donc, je ne suis même pas sure d’avoir à eu recommencer à zéro sauf acquérir des choses essentielles pour vivre, me familiariser avec la région, me refaire quelques amis. Vous comprendrez que même les jours où ça ne va pas, je ne regrette rien…. Je mène une vie simple, pleine de projets, j’ai des soucis comme tout le monde et mes bonheurs d’ici aussi.
Le Québec est une province superbe et les cantons de l’est sont encore plus beaux mais « veut, veux pas » comme on dit ici, l’hiver était long. Je m’en suis rendue compte quand la neige est partie et quand on a commencé à aller chercher le courrier sans manteau. Je me suis souvenue qu’à Agadir, dans la ville de mes parents, c’est tous les jours de l’année comme ça ou presque. J’ai beau dire que c’est super l’hiver et la neige, j’ai un pincement au cœur lorsque je sais que ma famille est allée déjeuner au bord de la mer. Elle est belle la région avec son beau manteau blanc d’hiver mais il m’a semblé que la qualité de vie en patie tout de même. C’est vrai qu’on peut aller faire du ski, glisser dans la neige, mais après quelques semaines, on se lasse de souffrir physiquement du froid en deneigeant la voiture, pour ceux qui en ont une.
Depuis que je suis ici, j’ai rencontré quelques immigrants venant pour la plupart de pays comme le mien. Ils sont heureux mais pas aussi enthousiastes que nous sur le forum. Ils vivent la vie de tous les jours, ils se sont heurtés aux problèmes d’équivalences, d’études à refaire, à l’emploi inférieur à celui qu’ils ont quitté, difficile à accepter car pour la majorité, ils avaient une meilleure situation dans leur pays. Ils sont aussi nostaliques et se sentent un peu seuls même s’ils sont accompagnés de leurs conjoints. Les mentalités et les valeurs sociales ne sont pas les mêmes que celle dans lesquelles ils ont grandit, donc il n’ont pas beaucoup d’amis. Pourtant ils sont là et resteront ici. Ils s’habitueront, amélioront leur situations mais elle sera différente. Les personnes venues seules semblent avoir moins de difficultés, elles se lient d’amour et d’amitié, font leur petit bonhomme de chemin et tout va bien.
On vit bien ici, c’est vrai. On n’a pas besoin de savoir cuisiner et de passer des heures dans la cuisine pour manger correctement à midi, mais où sont les légumes goûteux qui diffusent leurs odeurs ? Où est passée la terre à rincer des pommes de terre avant de les éplucher ? Pourquoi la voisine ne vient-elle pas dire bonjour le matin en allant faire ses courses ? Où les aides ménagères se sont-elles envollée ? Et la sieste de l’après-midi ? Et les goûter de crêpes, gâteaux, pains fait maison ? Pourquoi ne peut-on pas décider d’aller voir un oncle ou une tante sans prévenir ? Et le jeune qui porte vos légumes du souk à votre voiture contre quelques dirhams, où est-il ? Il me semble qu’une certaine insouciance innoncente règne au-dessus de nous dans nos pays.
C’est faux ! Vous me direz que vous avez hâte de partir car vous n’avez pas d’avenir professionnel, que vous n’avez pas envie de vivre dans une société où l’argent et la corruption décident pour vous, que vous voulez un avenir meilleur pour vos enfants, que vous voulez avoir plus de liberté. Certes, mais vous aurez oublié tout ça ici. Vous ne vous souviendrez que des détails chaleureux et de la facilité que j’ai décrit dans le paragraphe précédent.
Vous serez surement heureux de vivre en Amérique du Nord, continent des opportunités, de la transparence, de l’argent, de la liberté. On gagne plus d’argent ici mais on en dépense plus sans que cela se ressente dans votre quotidien. Il paraît qu’on n’est pas les plus mal payés là où je travaille, pour la région de Sherbrooke mais après avoir payé le loyer, les factures, la carte de crédit, l’épicerie, les réparations éventuelles de la voiture, il ne reste plus rien. Peut-être devrais-je me trouver un travail plus payant !!
Comme l’a bien dit FrenchPeg dans sa dernière chronique qui reflète bien mon sentiment, ce n’est pas l’argent ou le fait de vivre dans un pays riche qui fera votre bonheur, mais la paix intérieur et l’autosatisfaction. Je ne veux surtout pas décourager personne car je suis ici et à aucun moment je n’ai remis en question mon immigratin au Québec.
J’ai souvent lu sur le forum des personnes qui s’intérrogeaient sur la raison pour laquelle les français et les européens d’une manière générale voulaient quitter la France, comprenant que venant d’un pays moins riche, c’était tout à fait compréhensible. Ma famille habite au Maroc depuis maintenant 17 ans (déjà !?) après avoir quitté la France. Pour rien au monde ils abandonneraient leur vie d’aujourd’hui, pourtant ils étaient privilégiés en France. J’aimerai juste que vous pensiez un peu plus à ce que vous allez quitté et à ce qui va vous manquer surtout si votre situation actuelle n’est pas à plaindre, car ce que vous allez gagnez en échange, personne ne le sait vraiment.
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