Sondage : les Canadiens estiment que le pays accueille « trop d’immigrants »
dimanche , 27 octobre 2024
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Sondage : les Canadiens estiment que le pays accueille « trop d’immigrants »

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L’immigration a longtemps été un pilier du consensus canadien, les citoyens voyant généralement l’immigration sous un jour positif. Cependant, deux sondages récents, menés par Environics et Abacus Data, indiquent un changement radical dans les perceptions de la population. Ces enquêtes suggèrent une montée significative des inquiétudes face à l’immigration, un phénomène qui reflète un bouleversement profond de l’opinion publique au Canada.

Des perceptions en mutation

Le sondage Environics montre qu’en 2024, 58 % des Canadiens estiment que le pays accueille « trop d’immigrants », un bond de 14 points par rapport à 2023, et de 31 points par rapport à 2022. Ce revirement, décrit comme le plus marqué depuis que ces questions sont posées en 1977, témoigne d’une remise en question sans précédent du modèle d’immigration canadien.

Le sondage Abacus, quant à lui, révèle une perception encore plus sévère, avec 72 % des répondants jugeant que l’immigration est excessive, 25 % la qualifiant de « trop élevée » et 47 % de « beaucoup trop élevée ». Cette évolution a été en partie attribuée à la politique du gouvernement Trudeau, qui a considérablement augmenté les cibles d’immigration permanente, passant de 250 000 à 500 000 par an.

Les inquiétudes économiques et sociales

Les changements d’opinion semblent être motivés en grande partie par des préoccupations économiques. Selon le sondage Abacus, 73 % des Canadiens estiment que l’immigration a un impact négatif sur l’accès au logement, 62 % sur les soins de santé, et 59 % sur les services sociaux. Ces résultats reflètent une montée des tensions dans un contexte où l’inflation et les pénuries de logements pèsent lourd sur l’économie.

Environ 26 % des Canadiens croient que l’immigration a un impact négatif sur l’économie dans son ensemble, un chiffre qui atteint son plus haut niveau depuis la fin des années 1990. Bien qu’une majorité de 68 % considère encore que l’immigration a un effet positif, cette part a diminué au cours des deux dernières années.

Un défi d’intégration et de valeurs

Outre les questions économiques, les inquiétudes concernant l’intégration des immigrants sont en augmentation. Le sondage Environics montre que 57 % des Canadiens croient que « trop d’immigrants n’adoptent pas les valeurs canadiennes », une augmentation de 9 points par rapport à l’année précédente. De plus, 35 % des Canadiens estiment que l’immigration accroît la criminalité, un bond de 14 points depuis 2019, mettant fin à une tendance de longue date de réduction de ces craintes.

Pourcentage de répondants estimant que dans l’ensemble, il y a trop d’immigration au Canada

Bleu : Québec
Rouge : Reste du Canada

Comparaison Québec et reste du Canada (ROC)

Malgré cette montée des inquiétudes à travers le pays, les perceptions des Québécois restent globalement plus positives que celles des autres provinces. Selon Environics, 46 % des Québécois estiment qu’il y a trop d’immigrants, contre 62 % dans le ROC. Cette différence significative met en évidence une ouverture relative des Québécois par rapport au reste du pays.

Le professeur Jean-Pierre Corbeil, de l’Université Laval, explique que cette tendance reflète une spécificité québécoise. Historiquement, le ROC était vu comme plus accueillant, mais la situation a changé au cours des dernières années. Le Québec, malgré sa propre hausse des arrivées, semble moins affecté par l’explosion migratoire récente, un sentiment qui se traduit par des attitudes plus nuancées sur des sujets comme l’impact des réfugiés sur le système social.

En ce qui concerne les réfugiés, 38 % des Québécois croient que certains « faux réfugiés » abusent du système, contre 45 % dans le ROC. Ce chiffre a baissé au Québec, malgré la problématique du chemin Roxham qui avait initialement exacerbé les perceptions négatives. De même, les Québécois sont moins nombreux à estimer que les réfugiés constituent une charge pour le système de sécurité sociale (47 % contre 57 % dans le ROC).

Sur des questions sensibles comme l’impact de l’immigration sur les valeurs canadiennes et la criminalité, les Québécois montrent également plus de tolérance. Seulement 53 % des Québécois pensent que les immigrants n’adoptent pas les valeurs canadiennes, comparativement à 58 % dans le ROC. De plus, seulement 23 % des Québécois croient que l’immigration accroît la criminalité, contre 35 % à l’échelle nationale, un écart frappant avec des provinces comme l’Ontario (40 %) et l’Alberta (48 %).

Les résultats de ces sondages montrent que si les Canadiens dans leur ensemble sont de plus en plus inquiets de l’impact de l’immigration, les Québécois se démarquent par une plus grande ouverture et des perceptions moins alarmistes. Cependant, même au Québec, l’évolution des opinions suggère que le consensus favorable à l’immigration pourrait continuer à s’effriter si les défis économiques et sociaux persistent, et ce, malgré les pénuries de main d’oeuvre dans de nombreux secteurs.

Nous aimerions connaître votre point de vue ! Pensez-vous également qu’il y a trop d’immigration au Canada ? Comment voyez-vous les différences entre le Québec et le reste du pays sur ce sujet ? Partagez vos réflexions, expériences ou questions dans les commentaires ci-dessous.

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Écrit par
Laurent Gigon

Cofondateur du site Immigrer.com

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  • J’ai passé 10 jours an Colombie Britannique et en Alberta en septembre 2023 suivis d’une petite semaine à Québec en février 2024. C’est trop court pour se prononcer sur la question.

    Tout ce que je peux dire, c’est que je n’ai pas ressenti la moindre menace peser sur moi et ai rencontré des personnes hospitalières, ouvertes dans certaines limites et n’ai fait face à aucune incivilité.

    A Vancouver, où pourtant 60% de la population est d’origine asiatique, j’ai rencontré des personnes impliquées dans leur activité et à mon goût intégrées.

    Je n’ai pas de conseil à donner aux services chargés de l’immigration, mais si on me confiait une mission de recrutement, je creuserais sur les motivations du candidat à l’immigration et sa sincérité quant à son désir de s’intégrer à la société canadienne et de respecter ses règles. Ce serait à mon avis le meilleur moyen d’éviter le communautaire.

  • Centre Éducatif

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