De Hawaiienne 54
Le 11 juillet 2008, nous avons fermé les volets, barré la porte, jeté un dernier coup d’œil, et comme une page que l’on tourne, vendu la maison de Crepey…Ca a été une belle page, et j’ai laissé une partie de moi à Crepey ce jour là…La douleur est vive comme si c’était hier…Les fous rire entre amis, les peines face aux drames, les enfants qui courent, les poules, les vaches, les renards, les ballades en 4 roues, les souvenirs douloureux du détachement de Bruno en Afghanistan, la naissance de Guillaume, sa maladie, les cerises, lolo et son bordel, l’école, les élèves, ma sœur de cœur…Ce sont les années les plus belles, les plus intenses et les plus heureuses que nous avons eu, auprès de nos chers voisins et amis, pas loin de pepo yaya et de ma Meuse à moi, entourés de toute une belle gang de lorrains, ou autre qui sont chers à notre cœur. Ce jour là, le 11 juillet, tout cela c’est subitement arrêté. Nous avons quitté le sol Français le 29 juillet physiquement mais le 11, je crois, maintenant avec le recul, c’est le 11 que je suis partie…
Le 13 juillet 2008…
Mon cœur c’est littéralement déchiré.
J’ai laissé Ma Nath, ma Dodo, Mon Dylan, mon Lolo, je les ai laissé au bord du chemin de terre de Liffol Le grand. Ce week end, à Liffol, il y a une autre course de voiture, une année plus tard, c’est comme si c’était hier, je sais combien ca ne va pas être facile pour vous aussi…
Ce vide sans vous, Bilou, Gwen, Mathilde, Lilian et Guigui, nous le vivons tous intensément, vous êtes notre famille, nos moitiés. J’attends, il parait que le temps aide…pourquoi c’est toujours aussi tranchant et insupportable alors? Pourquoi dès que j’arrête ma course infernale je pleure? Parce que pato ne m’apporte plus ses bouts de bois avec sa tete d’abruti, parce que daily me braille plus dessus quand je passe le portail, parce que nous n’avons plus ni tamagochis en arbres, ni catalogues de jour, parce que j’entend plus la musique de ma Dodo à tue tête quand je pends mon linge, parce que je ne vois plus Dylan perdre ses pantalons, parce que j’ai plus ma Nath…à chaque jour…Pis que je ne trouve pas de mots pour exprimer la fusion, l’amitié, l’amour…
Le 13 juillet est sans doute la pire des dates de notre expatriation…je penserais à toi surtout cette année, pis je pleurerais pour toi, mes larmes traverseront l’océan et se mélangeront aux tiennes…
Les au revoir, à vous tous, nos amis de France, notre famille (et notre petite puce qui grandit…), les au revoir ont été douloureux, mais ils sont pour nous comme un petit coffre au trésors que nous ouvrons souvent avec joie…Ils sont comme une bouffée d’air frais qui apaise nos cœurs.
Chaque jour de ce mois de juillet nous allons repenser à chacun de vous, « la dernière fois qu’on s’est vu »…
Aurore qui grandit loin de nous…
Et puis…
C’est arrivé…
Le 29 juillet 2008. Nous avons quitté, grand papa et Mounie, nous avons quitté le tarmac de Toulouse, nous avons quitté la France. Quand j’ai senti les roues de l’avion quitter le sol j’ai braillé, Mathilde aussi, bye bye France…Le plus bizarre, le plus douloureux était finalement de se dire, que nous ne savions pas du tout quand nos pieds toucheraient de nouveau le sol Français…
C’était il y a une année…
Alors à vous tous amis et famille, à vous tous en France, s’il vous plait, oui il y a des choses, des détails, qui me manquent…S’il vous plait pensez à nous quand : ca sent le colza sur les routes meusiennes, sinueuses à travers les champs et les prés, et regardez bien le long du bois là ,le renard, le chevreuil…Allongez vous sur la terre, embrassez l’arbre dans la foret, sentais son cœur, sa force, la terre meusienne c’est ca! Marchez pour nous sur les plages de l’atlantique, laissez l’eau vous chatouiller les pieds, sentez cette iode, cet air marin, qui lessive et renforce. Buvez un thé à la menthe fraichement cueillie dans un parterre de fleurs, dans un jardin, savourez le, après l’avoir brassé soigneusement, partagez le surtout. Abusez des cerises du voisin! Cueillez des grappes de groseilles, des mirabelles, de la rhubarbe! Savourez! Gavez-vous de saucisson bien sec et bien goutu, de fromage qui sent fort avec un bon vin. Le ciel, il est différent, regardez le pour moi, il est plus haut, mais c’est la même lune et chaque soir quand je la regarde je vous vois. Allumez votre télévision et regardez Delarue pour moi! Et M6, « zone interdite, capital »…
C’était il y a une année que nous n’avons pas vue passer!
La vie ici nous plait, sans doute que si demain je devais partir définitivement il y a beaucoup beaucoup de détails de vie que je pleurerais…
La vie au Québec m’a montré et appris à être plus calme, plus détendue, le monde n’est pas stressé, pas agressif, du coup tu ne l’es pas…Nous avons trouvé une qualité de vie vraiment très appréciable!
Je suis arrivée il y a un an avec plein d’images négatives, en tête, j’en avais besoin pour me préparer au pire…je n’ai eu que le meilleur…Je ne me suis jamais sentie ni immigrée, ni étrangère, je me suis dès le départ sentie chez moi et à ma place. Je n’ai jamais été traitée de maudit française, au contraire les gens sont fascinés par notre parcours et ca nous donne aussi de courage ca.
Depuis un an, nous allons de découvertes en découvertes, quand j’ai commencé à tourner en rond dans mon travail, j’ai démissionné et trouvé un autre job, et je redécouvre, c’est un sentiment fort et très motivant. Repartir de zéro ce n’est pas simple tout les jours, il y a des moments de grands questionnements, des soucis financiers, mais nous nous sentons libres, il faut y croire et avancer. Après mes enfants, mon mariage, ce sera sans doute la chose dont je serais le plus fière, qu’elle qu’en soit l’issue, on se donne à fond.
Notre regard de parents à changé aussi, les enfants sont épanouis, tout est fait pour eux ici, trop parfois…J’ai repris le travail après 7 ans de maman au foyer, ca a été comme une belle bouffée d’air aussi, je ne pensais pas; et ca m’a encore plus rapproché de mes enfants! Je les ai associés à tout ca. Bruno a pris le temps de participer à une formation « pères présents, enfants gagnants », il a beaucoup appris, et surtout il c’est posé avec ses enfants. Nous avons fait notre premier conseil de famille, nous appliquons beaucoup les règles pédagogiques que nous apprenons chaque jour et qui sont tellement adaptées!
Le Québec nous surprend aussi…souvent…Ses habitants aussi, parfois nous sommes même choqués! J’aimerai qu’il me surprenne encore l’année suivante, je pense qu’il ne m’a pas tout dévoilé…J’aimerai avoir le temps et l’argent de le visiter, qu’il me montre ses beautés!
Au bout d’un an. Bruno a réalisé son rêve d’être pilote canadien. Même si ca ne nous fait pas vire, on doit garder le cap et se dire que dans 2 ans, 3 ans, l’expérience amènera à un poste plus sérieux financièrement. L’instruction lui plait, mais c’est pas cher payé.
J’ai finalement franchit le muret de la non reconnaissance de diplômes ici, et vais broyer le mur et aller chercher mon diplôme d’infirmière auxiliaire, je commence l’école dans deux mois!
Il n’y a pas que du positif en un an, quand le doute, la peur, la solitude nous prend…Nos moments de faiblesses sont fugaces, l’énergie revient toujours rapidement.
Il y a eu de beaux moments, de belles étapes.
Nous sommes fiers aussi de vous annoncer que Mathilde a brillamment réussit son année scolaire, son intégration dans son nouveau pays, elle passe en troisième année, et elle est au dessus de la moyenne de la classe dans toutes les matières (même en anglais!).Elle a beaucoup d’amies, son cœur pleure souvent pour Dorine et Nath, mais elle est allée de l’avant avec un courage et une confiance en elle impressionnants!
Lilian rejoint l’an prochain sa sœur dans son école primaire, il a été lui aussi un model d’intégration dans sa rapidité. Il a tout une bande de potes, et un ami frère comme il dit. Il se fond dans la masse avec son skate board, son casque champignon et son chandail de hockey…
Guillaume poursuit la garderie encore une année, il y est complètement adapté, à l’aise, il est encore sensible au changement, mais il est sure de lui, quand il traverse le prés, s’en va demander aux pompiers ce qu’il font là à nettoyer le lac…Il est à l’aise avec tout le monde et pose toujours un milliards de question « papa kourkoi dans l’univers il fait toujours noir? », le monde craque pour lui et il le sait.
Au bout d’un an les enfants oublient certains mots français, à force d’être baigné dans le vocabulaire québécois, moi aussi peu être, on essaie de garder cette différence là, nous avons la France avec nous ici.
Cette année a passé avec ses joies et ses peines, avec ses deuils aussi. Avec de grands moments de pur bonheur où l’on se dit que vivre au pays des sapins géants est une chance incroyable, chanter avec de grands artistes, rencontrer tous ces gens que la musique porte à travers le monde.
Nous remercions la technologie, internet et skype, sans eux je n’aurais sans doute pas tenu.
Merci à vous tous d’être là, à tout ceux qui dans leur bagages nous apportent un petit bout de lorraine, c’est comme des rayons de soleil. Merci à vous tous.
Nous sommes prêt pour une nouvelle année!!!!!
Les Bilous
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