Avant de vous exposer mon regard sur ma vie, j’ai aujourd’hui l’occasion de vous offrir le regard de ma Maman sur cette situation que je leur ai imposé malgré moi. Ainsi, ma Maman a exprimé ses impressions dans une première chronique. Celle-ci m’a touché, non seulement par le poids des mots, mais aussi par le fait que je ne suis pas un fils toujours très communicateur avec mes parents. Dans cette chronique, j’ai pu lire des choses que nous nous n’avons jamais partagé :
Je vous la livre dans toute son intégré, avec son titre en prime :
Chronique d’un départ
Pour nous le Québec est désormais une région du Globe qui nous intéresse beaucoup. Nous avons appris à connaître un peu sa géographie, sa population, nous essayons de comprendre sa vie politique, sa vie économique et nous lisons tout ce que nous pouvons qui nous parle de cette « Belle Province ». C’est toi qui nous l’a fait découvrir et nous y intéresser c’est se rapprocher de « ta nouvelle vie ».
Et oui, nous avons compris que c’est de l’autre côté de l’Atlantique que tu veux essayer de construire quelque chose. Bien sûr tu nous manques, cependant, nous sommes si fiers de toi, car tu fais vraiment ce que tu as choisi…..Et c’est à travers cette expérience que pour nous parents, la belle expression « mettre au monde un enfant » prend tout son sens. Et puis tu restes en famille car tu es chez nos cousins québécois.
Nous ne t’avons pas vu passer de l’étudiant à l’adulte. En effet tout a été si rapide depuis ce soir de décembre 2002 où les yeux brillants de joie tu nous a annoncé « j’ai un stage au Québec ! ».Et c’est en partageant ton enthousiasme que nous avons essayé de t’accompagner dans tes démarches et malgré nos inquiétudes, nous nous sommes réjouis avec toi à la concrétisation de ce projet.
Mais pour nous c’était un stage que tu vivais bien. Cela te permettait de découvrir un autre pays. Tu savourais tes escapades à la découverte de grands espaces naturels, et tu nous faisais partager tout cela dans de nombreux courriels.
Puis de retour en Novembre 2003, c’est avec un peu de surprise mêlée d’interrogations que nous avons compris que tu voulais faire une demande « d’immigration permanente ». Et pendant 6 mois, nous avons vécu au rythme des différentes étapes administratives nécessaires à ce départ en mai 2004.
En août 2005, nous pouvons enfin « situer le décor » lors de notre voyage en famille. Pour nous c’est une découverte rassurante, nous pouvons désormais avoir des images en direct du Québec, ce n’est plus du virtuel.
Et c’est pour ce Noël 2006 que tu arrives enfin, c’est un moment que nous attendions tellement depuis 18 mois sans se voir.
Mais tu arrives en vacances, ici tu penses à tes amis, ceux que tu as laissé pour 3 semaines. Alors que pour moi tout passe si vite que j’ai eu le sentiment de ne pas avoir été à la « hauteur » de tes attentes (ou de miennes !).
Par moments, je te sentais absent, lointain, et j’avais l’impression que nous vivions en décalage. Tu as dû te réadapter à la famille et nous à toi.
Tu pensais à tes amis, à ton travail. Et quelques jours avant ton départ, tu as même commencé à préparer ton planning reçu par email ! Bien que ce soit une preuve d’intégration au Québec, c’était un peu difficile de te voir ainsi déjà prêt à repartir car pour nous ton « chez toi » est si loin.
Quand nous t’avons accompagné à l’aéroport, tu es parti sans te retourner, peut être pour cacher quelque émotion mais aussi d’un pas sûr car tu retournais chez toi.
A la lecture de ce récit, j’ai respiré deux fois, seulement un Oh de ma bouche est sorti, mon âme à été touchée en son cœur, d’un coup j’ai pris conscience de l’impact des mes choix vis-à-vis de mon entourage, je deviens à la fois le fils expatrié pour ma famille, le cousin d’Amérique, l’ami éloigné, l’âme errante dans un autre monde,….
Je suis ni attristé ni heureux simplement pensif….
1, 2, 3, 4, presque quatre ans se sont écoulés depuis mes premières foulées sur les terres du Nouveau Monde. Me semble que le temps passe drôlement vite. Ceci dit, je ne connais personne qui affirmerait que le temps passe lentement. Mais bon !
Selon un bref historique du mois de mai,outre le fait que c’est le mois de ma fête, le mois de mai a toujours été mon mois de prédilection. L’été s’installe en France tandis que le printemps est encore bien ancré au Québec. La nature s’exhibe sans aucune pudeur, nous assistons à une formidable explosion démographique de tout ce qui vit autour de nous.
J’ai toujours eu un petit faible pour le printemps, particulièrement depuis que je suis au Québec, où cette saison prend tout son sens après des mois de cristallisation sous une épaisse couche de neige. Le mot renaissance s’applique parfaitement à cette situation, où le blanc de la neige s’incline face aux « vertes prairies » ! Les parulines et autres passereaux, après avoir fui notre hiver rigoureux sont de retour. Les hirondelles bicolores reprennent leurs éternels ballets acrobatiques de haute voltige à la poursuite d’insectes volants non identifiés !
Et depuis que ma relation avec le Québec a débuté, le joli mois du muguet, est particulièrement florissant en souvenirs et en évènements plus ou moins majeurs, mais tout aussi marquants ! Voici une brève chronologie :
– 17 mai 2003, je sors de l’avion, l’air Montréalais s’engouffre dans mes poumons, mes yeux contemplent un nouveau monde, l’aventure commence pour 4 mois à l’origine, 6 mois au final,
– 30 mai 2004, je récidive par une nouvelle escapade au Québec, mais cette fois, mes valises auront le temps de prendre la poussière avant un séjour ultérieur chez les gaulois,
– mai 2005, comme les années précédentes je reprends ma job d’été au Comité de Valorisation de la Rivière Beauport,
– mai 2006, je pars pour un périple dans les Maritimes qui me mènera jusqu’au français de St-Pierre-et-Miquelon,
– mai 2007 …. à date ce ne sera pas un mois particulier, sauf si j’entame mes procédures de citoyenneté, histoire de ne pas rompre la tradition et de renvoyer le moi de mai au sein de la gang des mois sans surprise !
J’ai bien acheté un bicycle au mois de mai, mais je doute que ce soit pertinent.
Il y aura tout de même eu les élections présidentielles, mais ce n’est pas un évènement très personnel. Néanmoins, ces dernières m’auront marqué, par l’ampleur médiatique autant en France, qu’à l’étranger. Jamais, je n’aurais cru que les Québécois m’en parleraient tant. Maintes fois, au lendemain du 6 mai, mes amis et mes collègues de travail, me demandaient :
-« Pis, as-tu gagné tes élections ? »
Avec un petit rire jaune, je leur répondais que non. Ce sera peut-être pour la prochaine fois, dans cinq ans, j’aurais alors…. trois décennies dernière moi ! Aïe, ça fait mal, de se projeter si loin dans le futur ! Cinq ans c’est plus d’années, que le nombre que j’ai vécu ici ! Peut-être je serai alors en France, cette fois ? Et si je suis encore au Québec, il est possible que les élections françaises soient loin de mes intérêts.
Qui vivra verra comme dit l’autre
En tout cas, je constate que ça fait longtemps que j’ai partagé avec vous un monologue relatant une tranche de vie
Par où commencer car il s’est tout de même passé des choses depuis mon retour de voyage en décembre 2006.
PREMIÈRE chose qui me vient à l’esprit en sillonnant la route des souvenirs, c’est que justement je prend tellement plaisir à me déplacer avec mon auto neuve. Je ne me lasse pas de l’odeur du neuf, lorsque j’y prends place.
Second changement, le 26 février, j’ai changé de job, j’ai quitté la précarité que m’offrait les inventaires, pour intégrer une compagnie pharmaceutique, la 2ème mondiale, (j’affectionne particulièrement les compagnies mondiales !) dont le nom vous dira sûrement rien : GlaxoSmithKline (G.S.K)..
Le siège social est situé en Belgique, deux succursales sont installées en France. Faut croire que je suis attiré par les compagnies ayant investi la France !
A Sainte-Foy (Québec) nous fabriquons des vaccins contre la grippe pour le Canada et normalement bientôt pour les Etats. Pour ceux qui pensent qu’il n’existe pas de grandes compagnies à Québec….. en voici un exemple contraire.
Je précise que j’ai profité du meilleur moyen de communication : le réseautage (le « piston » pour les français) !
Mon salaire devient plus que respectable, me garantissant par conséquent un bon niveau de vie, et je suis syndiqué. Me v’la davantage québécois !
Je ne pensais pas un jour intégré ce milieu-là, ne correspondant pas tout à fait à mon éthique. Mais, à moment donné, j’ai besoin de vivre, et non toujours espérer qu’un contrat en environnement s’offre à moi à un salaire plutôt moyen. Il est bien loin le Benito, partisan, ne jurant que par le travail en écologie et autres métiers connexes. Je ne renie pas pour autant ma passion pour la nature, mais j’opte pour participation moins active, …..pour le moment. Je ne sais pas encore si cette situation me satisfera encore longtemps, l’avenir me le dira. Peut-être que je finirai aussi par reprendre des cours pour me spécialiser dans le travail d’éco-conseiller, dont la job est d’éduquer une compagnie à mieux préserver l’environnement tout en réalisant parfois des économies. Je pense que c’est un métier d’avenir.
Par ailleurs, j’ai passé deux concours du gouvernement provincial pour rentrer dans la réserve des techniciens, et entre autres des techniciens agricoles. A ma grande surprise, je les ai réussis tous les deux. Mon nom est ainsi sur une liste pour une période d’un an, durant laquelle je peux être appelé à travailler pour eux.
Lorsque j’étais à l’état d’enfant rêveur, je disais à ma mère
– « Quand je serai grand, est-ce que je pourrai avoir plusieurs métiers. »
Avec le sourire d’une mère ne voulant pas mettre mes espoirs à terre, elle rétorquait gentiment
« Peut-être mais ce sera difficile. »
Eh bien c’est fait, actuellement je suis opérateur dans cette compagnie, je suis superviseur en inventaire, et animateur-nature à mes heures. Eh oui j’ai d’là misère à me départir des mes anciennes jobs ! Résultat, je suis « sur-occupé », mes temps libres sont des légendes, et mes amis me prennent pour un fou, sans compter mon corps qui se tue à essayer tous les stratagèmes possibles et imaginables pour que je slaque (diminue) un peu.
Ce qui se traduit par une fatigue parfois extrême, une tendance à ne plus savoir où donner de la tête. Néanmoins, je parviens à surmonter ce surmenage, les 35 h sont loin de faire légion chez-moi.
C’est un peu le revers de la médaille, de cette liberté de travail qu’offre le Québec. Contrairement à la France, au Québec, travaillez tant que vous voulez personne ne vous en empêchera, le gouvernement se contentera simplement d’accroître les prélèvements d’impôt !
Etant donné, que j’ai d’la misère à me poser des limites, que j’ai une tendance à avoir peur de manquer, et que je veux compter sur moi, je rentre alors dans un cercle vicieux dont il m’est difficile de m’en sortir. Il est tellement plus facile de travailler sans se poser de question que profiter pleinement de la vie sans se soucier de rien.
Mais promis cet été, je vais essayer de vivre !
D’ailleurs ceci explique ma complète incapacité à honorer le calendrier des chroniques, et je m’en excuse publiquement auprès de mes lecteurs, et de Laurent et Laurence. Le problème c’est que je préfère être en retard que d’envoyer une chronique bâclée, c’est ma philosophie du tout ou rien ! Autant certains peuvent vous préparer quelque chose vite fait, écrit d’un seul jet, autant moi j’ai besoin de réflexion et de recul, c’est comme ça. Ce n’est pas par manque d’idées mais par la rigueur que je m’exige.
Autre changement est mon lieu de vie…. en juillet je quitte mon appartement, pour emménager dans une maison en colocation. Affaire à suivre…..
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