De Garion
Un témoignage de plus, Après 6 mois a Montréal (je suis bavard)
Bonjour à tous,
Voila, cela fait presque 6 mois maintenant que je suis à Montréal et je me soumets à la tradition du témoignage avec plaisir. Je me rappelle que je cherchais surtout ce genre de chose lorsque j’étais en pleines démarches, et je pense toujours qu’on y apprend pas mal de chose. Je ne veux pas vraiment donner de conseils, je veux juste me contenter de donner mon sentiment, mes impressions, et cela n’aura aucune autre valeur.
Pour resituer les choses, j’ai 30 ans (argh ), je suis arrivé le 19 juillet 2004 (à feu l’aéroport Mirabel), je suis informaticien (diplôme d’ingénieur en France), j’ai bientôt 6 ans d’expérience et je suis bilingue (anglais seulement, car mon allemand est vraiment beaucoup trop rouillé ).
On me demande souvent pourquoi être parti de France, que se soit des Québécois ou des Français, et je réponds invariablement la même chose : pour moi il y a deux catégories d’immigrants : ceux qui veulent quitter la France (pour des raisons x ou y qui peuvent être très variées) et ceux qui « veulent voir autre chose ». Eh bien moi je fais définitivement parti de la deuxième catégorie.
Evidemment, il y a des choses en France qui me gonflent vraiment, dans le désordre on peut citer les grèves à répétition dans les transports parisien, la lenteur de chaque procédure (qu’elle soit administrative ou avec une société), les klaxons, les grandes gueules et tout et tout. Mais ce n’a vraiment pas été l’argument principal dans mon départ. Je peut aussi parler des relations avec mes parents pendant des pages et des pages, mais il est beaucoup plus facile de résumer en disant que c’était aussi un beau « pied de nez » et un moyen de dire « merde ».
Non, ce qui a compté le plus pour moi c’est vraiment l’envie de voir autre chose, d’autres gens, une autre culture. Ca a commencé en 1987 lorsque je suis allé en Allemagne pour la première fois (j’ai absolument adoré, et je suis très germanophile). Et là je suis vraiment comblé : c’est la même langue mais c’est pas la même, c’est la même culture mais c’est pas la même, c’est les mêmes produits mais c’est pas les mêmes, ….. Au début, je « partais » souvent avec mes idées bien françaises et petit à petit je me dis « ici c’est comme ça, c’est une autre façon de faire et puis c’est tout ».
Je ne reprends pas les gens sur leur français (sauf une petite française avec ces « faut que je voye ça», elle se reconnaîtra) même si des fois ça me démange (sur l’intranet de mon entreprise, il y a deux fautes énormes (orthographe et grammaire) aur la page d’accueil et je me tâte quand même pour dire quelque chose à quelqu’un). J’essaye « d’apprendre » au maximum et de m’enrichir, c’est exactement ça que je cherchais en venant, et je crois que c’est plutôt réussi pour l’instant.
Je ne suis pas en extase devant chaque nouvelle chose ici. Certaines me font sourire, d’autres m’énervent et les autres me laissent complètement indifférent. Je me suis développé d’ors et déjà quelques troubles du comportement en regardant presque religieusement la version Québécoise de « Tout le monde en parle » alors que je n’ai jamais regardé la version française en entier (je ne supporte pas Ardisson). A contrario, certaines émissions françaises me manquent vraiment, des animateurs aussi, ….
La vie de tous les jours est aussi plus simple je trouve. On se prend moins la tête, mais là encore ce n’est qu’un sentiment général difficile a expliciter avec un exemple.
J’apprécie aussi énormément de pouvoir (et presque devoir) quitter mon travail à 16H30. Il n’y a pas de pause dans la journée, pas de bla bla avec les collègues, mais au moins on part plus tôt. Une des choses qui me manque c’est peut être ce bla bla avec les collègues justement. Pas facile d’avoir des relations avec des collègues qui vont au delà du cadre professionnel, mais je sens que ça va venir, je ne me fais pas de soucis.
Au niveau des relations avec les Québécois justement, on parle souvent de leur gentillesse « de façade », mais je me suis rendu compte qu’elle n’est pas non plus autant de façade que ça. Je connaissais déjà un peu la mentalité nord américaine, et je n’ai pas été très surpris ici par le comportement des gens (particulièrement au travail), mais c’est quand même difficile des fois pour un français (voir pour un européen je crois). Je pense quand même qu’à partir du moment ou on n’est pas trop chiant, on parle pas trop et pas plus fort que les autres, qu’on a un minimum de sens de l’humour, qu’on est capable de parler d’autre chose que de la pluie et du beau temps sans pour autant faire un discours sur les réformes nécessaires de l’état …. et bien on est plutôt bien parti Je ne fais pas des efforts monstrueux (cf plus haut) et ça se passe plutôt bien.
Il faut aussi réaliser qu’au bout de 30 ans dans un pays, on a construit un tissus social (sans s’en apercevoir), que ce soit avec la famille (évidemment), les amis d’enfance, les amis d’école, les collègues de travail, les rencontres du hasard, …. Et c’est justement ce tissus social qui peut nous manquer à notre arrivé. Personnellement, c’est une fois arrivé ici que je me suis rendu compte de « l’étendu » de mon réseau. Certaines personnes que je ne voyais pas souvent me manque, voir beaucoup. La c’est un peu une surprise pour moi. Je savais que certaines personnes me manqueraient, mais je ne l’avais pas réalisé pour d’autre. Mais de toute façon c’est toujours pareil, on veut ce que l’on n’a pas.
En ce qui concerne la recherche de mon travail, cela s’est plutôt bien passé. Je suis certes arrivé en juillet, mais je n’ai vraiment cherché du travail qu’à partir du 1er octobre (plus ou moins un choix, je passe les détails). J’ai commencé à mon poste actuel (via une société intérim) le 9 novembre, et aujourd’hui je suis dans le processus pour une embauche définitive. J’avais demandé 45k$ pour commencer, et on m’en a donné 55k$ (ça fait du bien de temps en temps d’avoir des chiffres noir sur blanc, et le salaire n’est pas un sujet tabou pour moi) !! Autant dire que si j’avais demandé 45 en France …. ben on m’aurait donné 45, et pas plus. Ca c’est un autre bon coté de la mentalité nord américaine.
Au chapitre des choses qui me manquent, il y a surtout une chose : Paris ! Non, je ne suis pas maso (ni Parisien d’origine, seulement de cœur), mais j’ai pas mal de mal avec ça. Je suis fou dés que je vois une image de Paris (télé, film, ….). Après avoir discuté avec des parisiens de cœur comme moi, je crois que c’est un peu pareil pour tout le monde, mais c’est à confirmer. C’est difficile à expliquer comme sentiment la aussi. Et puis je sais que Paris peut causer des réactions allergiques, alors ne me demandez pas pourquoi moi j’adore. Peut être que c’est un virus que j’ai attrapé, allez savoir.
La prochaine étape maintenant est de « faire son trou », de rencontrer un peu plus de Québécois en dehors du travail (mais certains membres du forum me prennent tout mon temps ), je me donne du temps, et je me refuse de voir à trop long terme.
Et je crois que c’est comme ça que je vais conclure ce message (merci d’avoir lu jusqu’ici) : je suis incapable de dire où je serai dans un an. Je me plait beaucoup ici, et pas mal de choses et de personnes me manquent aussi. Du coup, je ne veux pas tirer de plan sur la comète, ça ne sert à rien et je préfère vivre au jour le jour, c’est pas plus mal. Je rentrerai peut être un jour, peut être pas, je suis ouvert et je refuse de me fermer des portes
Quoi qu’il arrive, je suis content (fier ?) d’avoir été jusqu’au bout de ma démarche. Et pour ceux qui ont lu « L’alchimiste » de Paulo Coelho (ça s’écrit comme ça ?), eh bien je trouve que mon parcours ressemble pas mal au personnage. Pour ceux qui ne l’ont pas lu, je vous le conseille fortement, très belle histoire, plutôt bien adapté à notre situation d’immigrant ….
A+
Cédric, qui n’a pas écrit sur le forum depuis 6 mois, et qui avec ce message a battu tous ses records.
Garion
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