De Zukuss
Et voila, voici un an que nous sommes installés en Alberta. Voici venu le temps d’un bilan, qui tombe fort bien dans le contexte actuel – vous allez comprendre en lisant la suite. Revenons donc 2 ans en arrière.
En septembre 2006, de retour d’un sejour idyllique à Prague, ma conjointe et moi nous rendons compte que la vie en France ne nous satisfait pas pleinement, que nous voulons essayer autre chose, et qu’en plus nous avons une envie commune : le Canada. Je ne reviendrai pas sur les diverses raisons de cela, ce serait trop long a expliquer. Nous avons ainsi pris 3 mois pour nous renseigner (nous avons notamment participe a 3 sessions d’info), nous decider, constituer notre dossier, et l’envoyer. Dans un premier temps, en bons Francais, notre idee etait d’aller au Quebec. Et notre choix de statut s’est porte sur une demande de visa de residents permanents en tant que travailleurs qualifies : le plus long a obtenir, mais celui qui offre le plus de flexibilite une fois obtenu. Et les delais d’obtention collaient avec nos projets proches. Nous envoyons donc notre DCSQ la veille de Noël 2006, esperant pouvoir partir juste après l’été, apres notre mariage/voyage de noces/vacances. Entretemps, et en fait assez rapidement, nous nouons quelques contacts a distance, et nous rendons compte que le Quebec n’est peut-etre pas le meilleur choix pour nous. A ce sujet, nous remercions grandement les contributeurs des forums immigrer.com et alberta-francais.ca (ce dernier a fermé entretemps) d’avoir oriente notre choix. Pour des raisons notamment conjoncturelles, climatiques, demographiques et personnelles, ce sera finalement Calgary, en Alberta, au pied des montagnes Rocheuses.
10 mois apres, nous obtenons nos visas (je vous fais la version courte, la version longue est lisible sur notre blog) et bookons un avion pour 4 semaines plus tard. Ces 4 semaines ont ete extrement occupees : tout vendre (eBay, brocantes, dons, stockage chez les parents), resilier tous les abonnements, et se preparer sans rien oublier. Nous decidons de passer 5 jours de vacances chez des connaissances a St-Sulpice au Quebec, ou notre avion fait escale (pas de vols directs Paris-Calgary l’hiver) a partir du lundi 26 novembre 2007 (ou nous passons entre 2 tempetes de neige !), puis debarquons a Calgary un samedi 1er decembre 2007, durant l’une des 2 semaines les plus froides de l’annee (-18 degres et de la neige). Passe l’aeroport, nous allons chercher notre voiture de location chez Budget, ou un sympathique Marocain nous converse en francais, nous laissant esperer que cela allait se reproduire frequement. Nous recuperons notre voiture de location (qui est enoooooorme !! mais qui ne le parait plus apres 3 mois ici ), allons prendre possession de notre appartement loue en centre-ville 3 semaines plus tot, et posons enfin nos valises. Le reste de la journee passe tres (trop vite), nous sommes trop epuises pour nous occuper d’autre chose que du repas. Nous dormons sur la moquette de notre nouveau chez nous, avec une vue splendide sur les Rocheuses et la riviere Bow. Debut du choc culturel : tout a l’air si bon marche ici (notre appartement nous coute 1300$/mois CC, pour 90 m2, la nourriture est bien moins chere qu’en RP, et l’essence a 0.99$/L, waow!, etc.). Et puis les rues sont si larges, et puis il faut ajouter la GST (TVA) de 6% (qui est passee a 5% un mois plus tard) a tous les tarifs en magasin, etc.
Le lendemain, session Ikea. Un an plus tard, je me dis que nous aurions du aller a Ashley’s, The Brick, ou encore Leon’s ou Canadian Tire. Voire Wal-Mart. Mais nos references locales etaient limitees : pas de Conforama, de Darty ou encore de Carrefour ici. Ikea brillait un peu comme un phare dans ce monde inconnu, malgre les 12 km a parcourir pour y aller. Le lendemain donc, chez Ikea, nous achetons matelas, lit, commode, table et chaises, canape, etc. Bref, de quoi vivre decemment, sans se ruiner car notre objectif etait simple : mettre de cote autant que possible, pour acheter une maison et se faire plaisir, asap. Nous commencons a chercher du boulot au bout d’une semaine (je vous passe les details sur la semaine de demarches administratives). Celine trouve un job dans l’administration au bout de 3 jours, et moi un job en IT (chez IBM) en une semaine. Le mien ne commencait que debut janvier, je fais donc les agences d’interim pour faire n’importe quoi, de la manut’, de la caisse pendant les fetes de Noel, etc. En effet, ne dit-on pas que Calgary manque cruellement de travailleurs, notamment dans les emplois non qualifies ? Mais une surprise nous attendait, en fait le revers de la medaille pour les travailleurs : oui il y a penurie (3.1% de chomage a ce moment-la), oui les employeurs paient bien, mais durant la periode de Noel, la penurie est telle…que personne n’est dispo pour recruter ! Donc nous avons passe les vacances de Noel tranquilles. Nous avons passe Noel avec des amis que nous avions rencontre sur alberta-francais.ca et avons ete a Banff le lendemain de Noel (la aussi, penurie aidant, il n’y avait personne pour tenir le peage, la visite du parc etait donc exceptionnellement gratuite). Bref, la suite a ete un melange de decouvertes et d’une routine s’installant forcement. Paradoxalement, si nous travaillions plus qu’en France, nous avions plus de temps libre, et bien plus l’occasion de faire des choses le week-end. Etant proches de la nature, nous avons adore le printemps et l’ete ici, et avons choisi au bout de 6 mois ici, de bouger pour une ville plus petite, au nord de Calgary, et de faire le trajet quotidien en voiture, soit 45min a 1h one way en heure de pointe. Ca reste moins que ce que nous connaissions en France, et correspondait au cadre de vie auquel nous aspirions, alors que, paradoxalement la encore, cela nous coutait un peu plus cher d’habiter a 30 km du centre-ville (credit auto 300$/mois+assurance 110$/mois+location 1050$/mois) que de vivre en plein centre ville (1300$/mois, tramway gratuit).
Une fois installes, comme je le disais precedement, une certaine routine s’installe rapidement. Les frustrations de ne pouvoir s’exprimer parfaitement en anglais s’estompent peu a peu (mais apres 1 an, nous n’avons evidemment pas le meme niveau d’anglais qu’apres 27 ans de francais !), nous nouons quelques connaissances de ci, de la, Celine en est a son 4eme emploi, qui semble, celui-ci, devoir etre stable (salaire : 30K$/an, pas beaucoup de changement depuis un an, mais a comparer aux 11KE/an qu’elle faisait en France. Niveau de qualification assez similaire). Quand a moi, apres 9 mois chez IBM avec un salaire de 42K$/an (46K$/an au bout de 3 mois), j’ai trouve un emploi un peu plus qualifie (mais toujours 2 echelons en-deca de ce que je faisais en France) pour le Gouvernement, avec un salaire de 65K$/an (contre 26KE/an en France). En clair, nous gagnons aujourd’hui, en brut, 95K$/an, contre 37KE par an en France. Les prix etant bien moindres dans presque tous les domaines (a l’exception notable de l’alcool et des assurances !), nous avons pu avancer nos projets, et meme les magnifier : nous avons achete une voiture neuve au bout de 6 mois, et une maison neuve depassant toutes nos esperances, au bout de 363 jours sur place. Les frustrations que nous ressentions les 1ers mois au niveau professionnel, n’etaient pas inattendues, mais sont un aspect important d’une immigration, et ce n’a pas ete facile tous les jours.
Niveau langue, il n’est pas rare d’avoir a converser en francais, avec un client, un passant, une caissiere,… Cela arrive au moins 1 fois par semaine, et dure rarement plus de 2min, n’allez donc pas imaginer pouvoir vivre en francais ici, car 99 (99.9?)% des contacts que vous pourrez faire sont anglophones. Mais tomber inopinement sur un bout de francophonie, est toujours rafraichissant et agreable. La majorite de nos contacts frequents (hors professionnels, evidement) sont d’ailleurs franco, mais au bout d’un an, quelques relations avec des anglo se dessinent. Ce n’est pas un secret, en Amerique du Nord, nouer des contacts non superficiels n’est pas aussi evident qu’en France. Mais a l’inverse, les gens sont mille fois plus accueillants et sympathiques qu’en France, les relations superficielles sont tres aisees, et collegues comme simples inconnus dans la rue, discutent facilement ou meme vous donnent un coup de main spontanement. Les rues sont aussi tres propres, ce qu’un Parisien comme moi apprecie enormement… Bon, pour que le tableau soit complet, notez que les gens roulent vraiment comme des c**s ici. Differement des Parisiens cela dit : ces derniers roulant vite et mal, mais consciencieusement, alors qu’ici, ils seraient plutot du genre ‘insconscience’.
Les parents de ma femme sont venus passer 2 semaine chez nous debut juillet, et nous avons passe 2 semaines chez eux fin septembre. Niveau amis, les relations se sont estompees durant ces mois, mais nous avons ete en meme temps agreablement surpris de voir combien de personnes avaient tres envie de nous voir durant notre passage. C ela nous a aussi permis de voir qui etaient les personnes qui nous manquaient le plus, et reciproquement.
Je le disais au debut, nous voulions acheter une maison des que possible. Une certaine complexite existe ici (et dans l’ensemble du Canada) pour contracter un credit ou encore avoir une carte de credit de tel ou tel magasin (ne serait-ce que Zellers, Costco, The Brick ou Best Buy). La seule carte ‘facile’ a avoir, est la VISA. Pour tout le reste, il faut avoir un bon ‘historique de credit’ – la preuve que nous payons bien nos factures. Et ca prend du temps. Costco nous refuse ainsi leur carte Amex avant 1 an d’historique de credit, et The Brick refuse que nous achetions des meubles chez eux a credit, avant 2 ans d’historique. Autrement dit, pour les immigrants, pas de facilite de paiements. L’etalement des paiements sur 3 ou 6 mois ? Pas possible. Ne rien payer avant 2010 ? Il vous faut 2 ans d’histo. Bon, tout ca n’est pas specifique a l’Alberta, mais merite d’etre rappele. La preuve de fonds que demande le gouvernement aux immigrants economiques, n’est en effet pas vaine. A l’inverse, depuis le debut de la crise (qui touche peu l’Alberta, mais tout de meme), les banques sont devenues plus souples, du moins dans notre cas, et j’en suis le premier surpris.
Ainsi donc, la crise aidant, nous avons pu acheter une maison que nous habitons depuis le 28 novembre, il nous a suffit d’avoir un emploi permanent pour au moins l’un des acheteurs (et la clause de periode d’essai a meme saute, vu la conjoncture), et 5% d’apport. Nous voila donc endettes sur 29 ans pour une maison neuve de 1900 sqft a 400,000$, qui etait badgee 490,000$ il y a 4-5 mois. Bref, le cote financier est a present une reussite totale, le cote social est positif et tend a s’etoffer (le fait que je monte un forum dedie aux franco-albertains a clairement aide en ce sens), et nous apprecions beaucoup la vie ici, en particulier l’absence de stress, la nature (ahhh les Rocheuses, et les lacs, et les animaux…) et le sentiment de securite.
L’aventure continue – avec notamment un premier deneigement du trottoir ce matin
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