Bonjour à tous !
C’est un honneur pour moi de faire maintenant partie de la guilde des chroniqueurs d’Immigrer.com, dont chacun des parcours est différent. Je vais m’efforcer de vous faire part dans mes chroniques de ma façon de voir le Québec, mais pas seulement ! Une immigration en tant que résident permanent remet un tas de choses en question ou en perspective, et mes chroniques dévoileront ma pensée et son évolution envers ce monde qui a changé subitement à partir du 16 Mai 2004, date à laquelle j’ai posé mes valises emplies de joie et de doutes, accompagnée de ma blonde qui partage mon aventure. Voilà pour le fil conducteur, sujet à modifications sans préavis.
Ne brisons pas une tradition bien établie depuis qu’Immigrer.com et ses chroniques ont vu le jour : en guise de première chronique, je vais me présenter et raconter dans les moindres détails ce qui a fait qu’au jour de la publication prévue de cette chronique, cela fera exactement un an et demi que notre avion a atterri à l’aéroport Mirabel, encore en fonction à l’époque pour les vols touristiques.
Tout a commencé il y a presque 10 ans, je devais avoir 17 ans si mes souvenirs sont bons. Mon parrain, installé à Moncton au Nouveau-Brunswick, m’invite passer trois semaines en compagnie de sa petite famille pendant les vacances d’été. J’accepte évidemment avec plaisir ! Les grands espaces, les routes droites et immenses, les énormes trucks et les pick-up…. on aurait dit les États-unis pour l’adolescent que j’étais. Mais avec déjà un léger avant-goût d’Amérique à la Française. Au bout d’une semaine, voila qu’il décide de me faire passer l’examen théorique du permis de conduire. Je me disais “ à quoi bon, dans deux semaines je repars !” Mais il savait ce qu’il faisait. Une semaine plus tard, croyez-le où non, j’avais décroché la partie théorique ! Mon parrain m’a alors appris à conduire en deux jours, pour me laisser faire un aller-retour avec nuit comprise Moncton / Halifax, tout seul, avec sa voiture, lors de ma dernière semaine. Inconscience de sa part ou totale confiance en moi à l’époque, toujours est-il que j’en ai parlé pendant des mois lors de mon retour en France.
Deux ans plus tard, on reprend les mêmes et on recommence. Me revoilà dans l’avion pour passer un autre séjour de trois semaines de l’autre côté de l’Atlantique. Cette fois-ci, mon avion a atterri à l’aéroport de Dorval, plus connu depuis un an sous le nom d’aéroport Pierre-Elliot Trudeau. Mon parrain habitait toujours à Moncton mais était de passage au Québec pendant quelques jours. J’ai donc mis les pieds à Montréal pour la première fois de ma vie à 19 ans. Ces quelques jours m’avaient permis de voir mes premiers condos, de visiter la tour penchée du stade olympique, et de faire mes premières sorties de nuit montréalaises, sans doute rue Saint-Laurent ou vers Crescent peut-être (j’étais bien incapable de le dire à l’époque !). Au moment où je me suis trouvé au sommet de la tour du stade olympique, il y a de fortes chances que mes yeux aient aperçus l’immeuble dans lequel j’allais habiter avec ma chère et tendre, quelques cinq années plus tard. Si j’avais su ! Nous sommes revenus à Moncton quelques jours plus tard, à l’époque en pleine préparation du Sommet de la Francophonie qui s’y déroulait. Deuxième avant-goût du français parlé en Amérique du Nord.
Les années passent. Je rencontre ma blonde actuelle pendant les études qui s’enchaînent et nous font peu à peu quitter le Nord de la France pour finir en région parisienne. Un CDI en poche tous les deux après un long stage, nous étions deux jeunes actifs pas spécialement à plaindre. L’idée d’immigrer un jour ne m’avait toujours pas quittée, mais c’est surtout ma blonde qui a alors pris les devants en entamant les procédures en vue d’obtenir le statut de résident permanent au Canada. C’est la que commence le marathon ! Réunions d’informations à la DGQ, paperasses en masse, recherche des anciens employeurs afin d’obtenir la preuve écrite qu’on a bien travaillé pour eux même pour un mois, recherche d’info et lectures tardives du forum d’Immigrer.com et de ses précieux conseils…. et j’en passe ! Les démarches d’immigration ainsi que l’investissement financier que l’immigration représente font partie du premier filtre de sélection. Jusqu’au jour où…. la fameuse lettre brune arrive : nous sommes tous les deux acceptés !!
À partir de là, les choses s’enchaînent très vite. Nous sommes en Septembre 2003, et nous décidons de partir en Mai 2004. Nul besoin de courir, il faut partir à point ! Nous nous faisons progressivement à l’idée que, ça y est, nous partons maintenant pour de bon ! Nos proches ont parfois plus de difficultés à l’intégrer où à l’accepter. Certains ne comprennent pas comment on peut décider de partir vers l’inconnu alors qu’on a un CDI en poche à Paris…. Je donne ma démission à mon boss et à son adjointe qui sont littéralement blêmes pendant les quinze minutes de mon explication, mais ils comprennent rapidement et me félicitent de ce choix de vie. Nous déménageons de notre studio de la région parisienne pour aller vivre chez nos parents pour les deux dernières semaines.
J’ai gardé un souvenir excellent et en même temps amer de ces deux dernières semaines en compagnie de nos amis et de la famille. Des moments d’une intensité rares…. mêlés à des adieux qu’on aurait voulu longs et cinématographiques, mais qui se retrouvent bâclés, précipités par le temps, et d’une tristesse sans nom. Les adieux aux grands-parents notamment, sans être certains qu’ils seront encore là pour notre premier retour touristique ou pour le deuxième, ou le troisième…. Puis vient le matin du départ, le voyage jusqu’à Charles de Gaulle l’estomac noué comme jamais, l’envie d’échapper à cette dernière série d’adieux inéluctables et interminables…. et l’avion décolle. La plupart des voyageurs reviennent de leurs deux semaines en France ou en Europe, d’autres partent passer un séjour à Montréal. Nous, nous avons un aller simple pour Montréal ! Au bout de quelques heures dans l’avion, après le premier repas, quand la tension est un peu retombée, on peut enfin se permettre de souffler un peu. On sait pourquoi on est dans cet avion, on l’a voulu, et on l’a fait ! Mais on ne sait pas ce qui nous attend une fois que l’avion aura atterri. On ne sait pas de quoi notre avenir sera fait dans trois jours, dans une semaine, dans un mois, dans six mois, dans un an. C’est là que les questions existentielles les plus fondamentales viennent vous envahir l’espace d’un instant. Quel immigrant, même le plus motivé soit-il, n’a-t-il pas vécu cette pseudo crise d’angoisse dans l’avion, qui lui fait se poser la fameuse question : “ Est-ce que je ne suis pas en train de faire une grosse connerie là ?” On a peur, et c’est bien normal ! On quitte tous nos repères, tous nos amis, nos familles, c’est un moment difficile. Enfin, l’angoisse laisse finalement sa place à l’excitation, à un sentiment indescriptible de curiosité joyeuse et effrayante, à mesure que Montréal s’approche sur la carte de l’écran de télévision. Au bout de 7 heures de vol, l’avion atterrit enfin, sous un soleil de plomb et 35 degrés.
Un immigrant ne va pas tout de suite récupérer ses valises. Il doit passer par le service d’Immigration de l’aéroport avant toutes choses !
Une fois les formalités remplies, les documents et les adresses administratives pleins les poches, les préposés nous disent tour à tour, avec un accent québécois délicieux, un “ Bienvenue au Québec ”, qui restera à jamais gravé dans nos mémoires.
Cela fait donc un an et demi que j’ai immigré à Montréal. Et ce ne sont pas seulement les paysages, les gens ou encore mes habitudes qui ont changé. J’ai changé moi aussi ! J’ai élargi mes horizons, j’ai appris à voir plus loin, à m’adapter à des situations que je croyais impossibles à affronter avant de partir, et j’ai plus de recul sur le monde qui m’entoure, sur mon pays d’origine, la France, qui traverse en ce moment une grave crise de société.
Ce n’est pas fini, et je ne sais d’ailleurs pas à l’heure actuelle s’il sera un jour question d’un autre aller-simple vers l’Ouest, même si je ne l’exclus pas, pour la bonne et simple raison qu’on ne sait jamais ce que la vie nous réserve. “La vie, c’est comme une boîte de chocolat…. ”
A bientôt pour la suite !
Christophe
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