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Voilà, je me dévoile

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Bonjour, je suis Rabah (alias Rayan) qui signifie Gagnant en Français. Un nom très répandu au Québec. Enfin, je parle bien sur de Gagnon. En tout cas si jamais je devais un jour changer de nom pour mieux passer dans la société québécoise, celui de rechange est donc tout trouvé.
Cela fait vingt mois, jour pour jour, que je suis au Québec et … dans la ville de Québec. Je suis originaire d’Algérie. Si des forumistes se posent encore la question de savoir si l’on peut immigrer après 40 ans et de surcroit en couple avec des enfants, je dirais que oui. La preuve est que je l’ai fait sans le regretter un seul instant. Après, chaque expérience est personnelle. D’autres pourraient me demander pourquoi ai-je attendu cet âge pour faire le grand saut? Pour ça par contre, et si c’était à refaire, j’aurais sans doute immigré plus jeune. Le fait est que, tout simplement, jusqu’à il y a 7 ou 8 ans, l’idée d’immigrer ne m’avait jamais traversé l’esprit. À ma femme si mais c’était il y a longtemps, avant que nous ayons des enfants. Et c’était d’ailleurs pour envisager de partir en France afin d’y continuer ses études. Ensuite, elle abandonna ce projet quand nous commencions à nous faire une bonne situation sociale. Je croyais pour ma part en mon pays et en sa capacité à venir à bout de ses démons que sont le pouvoir corrompu (et corrupteur) et l’intégrisme islamiste. Au début des années 2000, après des années de terreur, les groupes armés sont vaincus et le spectre de la république théocratique s’éloigne. On était alors en droit d’espérer que l’horizon s’éclaircisse et que le pays puisse enfin se consacrer à son développement. Sauf qu’au lieu de voir la démocratie se renforcer et les libertés s’élargir, on assistera à une remise en cause, l’un après l’autre, des acquis de la démocratisation enclenchée à la fin des années 80. La corruption gangrènera tous les secteurs et l’injustice frappera partout. Résultat, l’islamisme politique vaincu militairement et discrédité chez de larges pans de la population, commence à reprendre du poil de la bête. À nouveau, on sent que les choses ne vont pas tarder à se compliquer… comme dans un éternel recommencement. Peut être que je me trempe mais en tout cas, sur le plan personnel, j’étais fatigué et je voulais passer à autre chose. Je voulais surtout offrir un meilleur environnement social à mes enfants. Ça tombait bien, j’oserais dire, parce que nous constations, ma conjointe et moi, que plusieurs de nos connaissances prenaient le chemin du Québec et que ce n’était pas donc si difficile d’envisager la même aventure. D’autant que le Québec est francophone et que même si la procédure est longue, au bout il y a un statut de résident permanent. Rien à avoir avec ce que font des milliers de gens qui partent en France pour y vivre la précarité pendant des années.

C’est en 2003, que notre décision d’immigrer est définitivement prise. La procédure durera trois longues années. L’attente fut en effet très longue mais nous avions gardé le cap en tâchant d’économiser de l’argent, … beaucoup d’argent parce qu’ensuite il faut diviser par 100 en convertissant le dinar local en euro. Il n’était pas question pour nous d’arriver au Québec et d’être à sec quelques mois après. Lorsqu’à la fin de l’été 2006, la fameuse « brune » est enfin là, c’est la délivrance et le soulagement même si je sens que ce n’est pas facile de quitter nos parents et nos proches et particulièrement ma mère. C’est pourtant le moment d’agir vite pour ne pas faire rater la rentrée scolaire aux enfants. On décide de liquider nos biens et de mettre en vente notre appartement. Une annonce faite dans un journal nous permet de vendre une des deux voitures, beaucoup de meubles, produits électroménagers et autres objets mais la vente de l’appartement ne se fera que six mois après notre départ. Qu’à cela ne tienne, l’essentiel était que nous étions prêts à décoller avec des valises pleines: Ma femme a pensé à emporter un peu de tout, y compris de la vaisselle, laquelle d’ailleurs ne sortira pas indemne du voyage.

C’est le 5 octobre 2006 à 12h30, que nous débarquons à l’Aéroport de Montréal. Une nouvelle vie commence pour nous : Le Canada est un beau pays du G8 et le Québec est une province où il fait bon vivre. Nous parlons Français et nous avons des diplômes et une expérience. Tous les ingrédients sont là pour motiver et réussir un nouveau départ. Nous sommes alors plein excités. C’est comme une renaissance.

Tout en étant conscients des difficultés qui nous attendaient, nous étions confiants dans notre capacité à nous adapter à notre société d’accueil et à nous y faire une petite place. Nous n’avions pas non plus d’inquiétude pour l’adaptation des enfants. Il faut dire qu’ils étaient inscrits dans une école privée à Alger et parlaient donc eux aussi le Français. Nous savions que le plus gros problème pour nous était de pouvoir s’intégrer sur le plan professionnel. Je me disais par exemple que grâce à mon diplôme en informatique, je finirais par avoir un bon emploi mais je savais cependant que mon parcours professionnel en Algérie pouvait s’avérer comme un handicap. Pendant des années, en effet, j’ai travaillé dans divers domaines comme le management et le commercial. Même si ce parcours fut intéressant à plus d’un titre, il a eu comme conséquence de m’éloigner de mon domaine originel. Ma conjointe, pharmacienne de formation et en dépit d’une expérience de plus de 10 ans dont une grosse partie comme propriétaire de sa propre officine, savait que ce serait difficile pour elle d’exercer au Québec. Il y avait là, vous l’aurez deviné, le principal défi à relever durant nos premières années au Québec.

Nous n’avions aucune crainte sur le fameux choc culturel ou sur notre adaptation aux valeurs de la société québécoise que nous avions considéré, dès le début, comme étant les notre aussi. Nous n’avions pas d’attentes du Québec autres que celle de pouvoir y gagner notre vie et nous étions prêts, pour y arriver, à sacrifier quelques années et à recommencer tout à zéro. Nous savions dans quelle terre nous avions atterri et nous étions persuadés que le Québec allait nous convenir comme société.

Aujourd’hui, sur le plan professionnel, tout reste à faire pour nous deux et notamment pour ma femme qui devra sans doute attendre quelques années avant de se voir reconnue comme pharmacienne mais je sais que sa détermination est inébranlable. Quant à votre serviteur, j’ai compris qu’il me fallait me mettre à jour sur le plan des connaissances et c’est sans hésitation que je suis retourné aux études. D’abord en m’inscrivant à des cours de premier cycle en études libres et ensuite en préparant une maîtrise. En parallèle, j’ai essayé d’arracher des contrats de travail, à temps partiel et j’en ai eu pas mal que ce soit à l’université ou au CEGEP. Si tout continue de se passer aussi bien, je ferais un bon bout de chemin dans l’enseignement. Ce serait vraiment génial. À coté, si je peux écrire, de temps en temps, comme je suis en train de le faire, je serais un homme comblé. Non pas que je sente en moi une quelconque vocation pour l’écriture. C’est simplement que, de part ma nature timide, j’ai toujours préféré exprimer par écrit mon point de vue. Et mon point de vue sur ce qui se passe autour de moi, j’aime le donner. Et c’est en partie ce qui explique ma passion pour le journalisme.

À part cela, que devrais-je raconter de plus que je n’ai pas déjà dit lorsque j’ai posté le bilan de ma première année dans la province ou lorsqu’il m’arrive de lancer des fils relatant mon processus d’apprentissage des ressorts de mon pays d’accueil? Que sur le plan personnel, j’ai appris à souper à 18 heures, que j’ai suivi une bonne dizaine de matchs des Canadiens de Montréal cette année, ou que je fais du vélo et mes enfants le patinage ou qu’enfin les factures de téléphone cellulaire et les « étiquettes » (amendes) de stationnement ne me font plus sursauter. Ah, qu’à chaque petite engueulade, avec ma conjointe, l’un de mes enfants veut savoir quand est-ce-que nous divorcerions, « tanné » qu’il est de se faire demander par les enfants de son école s’il vivait avec son père ou sa mère. Pour ma fille ainée, je passe par ailleurs, pour le Papa le plus gentil au monde à chaque fois que je l’autorise à participer à une des soirées Disco de son école. En contre partie, on peut enfin se permettre de découcher, parfois, ma conjointe et moi pour profiter de notre vie de couple en sachant que notre grande peut faire la gardienne de notre tribu. Ah, nous allons aussi emménager dans notre maison à nous à la fin du mois. Je ne connais pas d’autres pays au monde où le crédit est aussi accessible. Il est vrai que grâce à la vente de notre appartement à Alger, nous avions un bon apport personnel. Vous avez bien compris, j’aime bien ma nouvelle vie même s’il reste à la meubler de quelque chose de durable. Petit à petit, nous construisons notre nid. Merci de m’avoir lu et j’espère vous retrouver une prochaine fois pour vous parler de Québec.

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Écrit par
Rayan

C’est à l’âge de 42 ans que Rabah alias Rayan arrive au Québec en octobre 2006 en provenance d’Algérie. Il s’installe avec sa famille dans la ville de Québec puis par la suite à Laval, au nord de Montréal. Rayan travaille dans l’enseignement et écrit depuis 2008 sur le site immigrer.com.

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