Westmount.
Ben non, désolé les gars, mais ma nouvelle chronique n’aura pas pour sujet l’Histoire du Canada au XXème siècle (mais j’y reviendrai) ; faut voir qu’ici il fait beau et chaud (mais moins qu’en Europe, heureusement) depuis deux mois environ et que tout pousse, pour le moins, à des lectures d’un genre plus estival.
J’aime étudier, certes, mais comme je n’ai pas pris de vacances et que donc le soir ma tête est farcie de boulot-salade-stress, il me fallait prendre momentanément congé de mes 15 volumes illustrés pour étudiants zélés.
Alors donc, changeons de sujet !
Depuis que je suis installé dans mes nouveaux locaux, sur Sherbrooke, j’ai la joie et le plaisir de pouvoir venir travailler à pied, à travers les splendides rues de Westmount.
Westmount, vous connaissez, non ? C’est ZE quartier riche de Montréal, le Beverly-Hills local, là où l’on n’en croit pas ses yeux tellement les massifs de fleurs sont BÔ et les pelouses vertes (très très vertes même)
La quartier, et même, c’était une ville jusqu’à la Fusion, s’étend sur ce que l’on pourrait appeler les « contreforts » du Mont-Royal, le long de la rue Sherbrooke et entre Atwater et Décarie, approximativement. C’est le début du « west highland » là où commencent à proliférer les anglais. Les anglais plutôt riches….
Donc, cela fait plusieurs mois que, matin et soir, je passe à pied le long des pelouses nickels de nos amis biens nantis.
Après avoir zieuté à peu près partout et au terme de longues périodes de surveillance à la jumelle (non, je déconne), je suis en mesure de vous dresser un portrait des lieux, en termes moins architecturaux (c’est facile, c’est en gros du néo-gothico-manoir-d’Écosse-auberge-Normande-vachement-cossu-climatisé-à-donf) que sociologiques.
Car Westmount, pour ce que j’en vois, est une ville de mort-vivants.
C’est vrai, à part quelques mamies flêtries-fluo qui se terminent à coup de vagues joggings haletants, y a jamais personne dans les rues de Westmount.
Il n’y a même jamais personne dans les jardins de Westmount (t’sé, quel gâchis) ; on y trouve bien, derrière les bâtisses, quelques balançoires, mais visiblement les enfants auxquels elles se destinent les ont désertées depuis bien longtemps. Trop pognés devant les vidéo-games, peut-être ?
Et puis, comme je l’évoquais au début, on n’arrête pas d’halluciner devant la magnificence de ces jardins au cordeau, presque irréels, aux arabesques fleuries, aux arbres nickels et vénérables, aux pelouses exemptes de la moindre trace de mauvaise-herbe.
Passionnés de jardinage, les locaux ?? Non, juste très très friqués ! Car tout est imparti à des firmes privées qui viennent, à dates fixes, couper les quelques malheureux brins d’herbe qui oseraient dépasser. Les locaux, friqués donc, ne font vraisemblablement pas grand-chose de leurs dix doigts. Il impartissent : Jardinage, ménage, gestion de leur porte-feuille d’affaire, garde des petits enfants.
Et puis ils sont bien vieux les locaux, bien fatigués. Quand on en surprend parfois, au détour d’une portière de berline qui s’ouvre, on les découvre soixante-huitards décrépis. Ils ont bien réussi, les aînés des Trente Glorieuses ; en tout cas, jusqu’ici.
Et puis leur grosse maison, probablement, ils l’ont héritée, car on est riche de père en fils, à Westmount. Et riche, il faut le rester s’il l’on veut être capable de payer à la Ville ses taxes exorbitantes….
Pourquoi je vous raconte tout ça ??
Vous devez bien vous en douter, non ?? Et bien parce que que, tout ça, le trio gagnant grosse maison – grosse voiture – grosse vie (quoique….), c’est quelque chose que, dans une certaine mesure, je leur envie. Je sais, c’est pas bien.
Mais si j’suis au Québec, c’est bien pour réussir, Ostie !
Alors, Westmount, attend-moi, me voilà ! Enfin, sauf si ma bonne conscience me rattrape avant.
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