La crise du logement au Québec atteint des proportions alarmantes, alimentée par une augmentation fulgurante des loyers et une pénurie de logements abordables. Parallèlement, le gouvernement de François Legault mène une campagne intense pour attirer des travailleurs temporaires, accentuant ainsi la pression sur le marché immobilier. Cette contradiction flagrante entre la promotion massive de l’immigration temporaire et les défis croissants du logement soulève des questions sur la cohérence et l’efficacité des politiques du gouvernement. Comment peut-on justifier l’arrivée massive de travailleurs étrangers tout en déplorant leurs impacts sur le marché immobilier?
« Pourquoi choisir le Québec? Il y a un million de raisons. »
Cette phrase introduit l’une des publicités réalisées l’an passé par le gouvernement du Québec pour attirer des travailleurs étrangers. Selon cette campagne, le Québec est l’endroit idéal pour donner un nouvel élan à sa carrière, soulignant qu’un million d’emplois seront disponibles d’ici 2030, dont plus de 20 % seront occupés par des immigrants.
Un double discours du gouvernement Legault
Depuis son arrivée au pouvoir en 2018, la Coalition avenir Québec (CAQ) a intensifié les sessions de recrutement à l’étranger, les promotions et les accords avec Ottawa pour faciliter l’arrivée de travailleurs temporaires. Pourtant, François Legault accuse maintenant le gouvernement fédéral d’être responsable de l’explosion du nombre de résidents non permanents au Québec.
Selon les données de l’équipe de François Legault, le nombre d’immigrants temporaires a grimpé de 160 273 en 2018 à 560 174 à la fin de 2023. Ce total inclut les travailleurs étrangers, les étudiants et les demandeurs d’asile. François Legault a même demandé à Justin Trudeau de diminuer le nombre de travailleurs temporaires au Québec, affirmant que 100 % du problème de logement est causé par cette augmentation.
Augmentation des missions de recrutement
Le nombre de journées de recrutement organisées ou financées par le gouvernement du Québec, intitulées les Journées Québec, a également connu une hausse significative. Entre 2019 et 2024, le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) a mené plus de 60 missions internationales pour recruter des milliers de travailleurs étrangers.
Nombre de missions de recrutement:
- 2019 : 4 missions (1075 personnes recrutées)
- 2020 : 12 missions (791)
- 2021 : 17 missions (2292)
- 2022 : 19 missions (4150)
- 2023 : 11 missions (2742)
- 2024 : 4 missions (entre janvier et mai)
Coût des campagnes de promotion
Le MIFI a dépensé près de 1,4 million de dollars pour des campagnes de promotion à l’étranger, principalement en France, afin de susciter l’inscription de candidats francophones.
Dépenses pour les campagnes de promotion:
- 2023/2024 : 237 931,08 $ (pour deux missions)
- 2022/2023 : 305 221,93 $ (pour deux missions)
- 2021/2022 : 325 012,51 $ (pour trois missions)
- 2020/2021 : 109 601,71 $ (pour deux missions)
- 2019/2020 : 403 762,88 $ (pour trois missions)
Un message contradictoire
Ce double discours du gouvernement Legault est vivement critiqué. « D’un côté, on recrute à l’international et de l’autre, on dit qu’il y a trop de travailleurs. Il y a un problème de cohérence », souligne Maxime Lapointe, avocat en immigration. En effet, alors que Québec recrute activement des travailleurs temporaires, il affirme également que la province a atteint sa capacité d’accueil.
Karl Blackburn, président du Conseil du patronat, condamne les propos de François Legault, affirmant que le recrutement de travailleurs temporaires est nécessaire pour combler les postes vacants. Selon lui, Québec devrait s’imposer un moratoire d’un an sur les missions de recrutement à l’étranger pour être cohérent avec son discours politique.
Diversité des profils recherchés
Les missions de recrutement ciblent divers domaines, incluant l’aérospatiale, les jeux vidéo, les technologies de l’information, la santé, l’éducation, l’hôtellerie, la restauration, la transformation des aliments, la construction, le manufacturier, et le camionnage.
Utilisation du programme fédéral de mobilité internationale
Si le PTET est en partie géré par Québec, le programme de mobilité internationale (PMI), dirigé par Ottawa, permet à des ressortissants de nombreux pays de venir travailler au Canada. Malgré les critiques de François Legault, le gouvernement du Québec utilise également ce programme pour recruter. Par exemple, le CISSS de Chaudière-Appalaches propose ce permis pour attirer des candidats français, mettant en avant sa rapidité d’accès et ses démarches administratives simplifiées.
Messages contradictoires
Le gouvernement du Québec semble envoyer des messages contradictoires, promouvant activement l’immigration temporaire tout en critiquant le nombre croissant de travailleurs étrangers. Cette dualité pose des questions sur la cohérence et l’efficacité des politiques d’immigration en place, ainsi que sur les véritables intentions du gouvernement face à la crise du logement et à la pénurie de main-d’œuvre.
Pensez-vous que le gouvernement du Québec devrait mettre un frein à l’arrivée massive de travailleurs temporaires, ou au contraire, est-ce la solution à court terme à la pénurie de main d’oeuvre? Laissez-nos savoir dans les commentaires en bas de cet article.
Source : Radio-Canada
Leave a comment